La laïcité selon Emmanuel Macron - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La laïcité selon Emmanuel Macron

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Comment ne pas prêter la plus vive attention aux propos que le Président de la République a tenus, vendredi soir à l’Hôtel de Ville de Paris ? Invité par la Fédération protestante de France à l’occasion des 500 ans de la Réforme, il s’est, en effet, exprimé sur le sujet ultra sensible de la laïcité, de façon assez peu commune dans notre classe politique. La laïcité, a-t-il dit, n’est pas une religion d’État, c’est une exigence politique et philosophique, qui, en Europe, présente un caractère particulier. Puis s’engageant explicitement sur la bioéthique, la fin de vie et la PMA, il a assuré : « La manière que j’aurai d’aborder ces débats ne sera en rien de vous dire que le politique a une prééminence sur vous et qu’une loi pourrait trancher ou fermer un débat qui n’est pas mûr. »

Nous n’avons pas été habitués sous le précédent quinquennat à pareil langage, et même généralement, la laïcité républicaine s’énonce d’une façon assez brutale, qui laisse peu de place à l’éthique du dialogue, tel qu’un Habermas en a énoncé les principes. L’opposition faite entre loi religieuse et loi républicaine signifie une sorte d’écrasement de l’espace de libre discussion, le religieux étant repoussé dédaigneusement du côté de l’irrationnel. Telle n’est pas, à l’évidence, l’opinion d’Emmanuel Macron, qui aime volontiers philosopher, en prenant quelques distances par rapport au prosaïsme de la vie politique.

À juste raison, on allèguera sa proximité avec le philosophe Paul Ricœur, lui-même protestant et habitué aux confrontations de la foi et de la raison. L’hommage bien senti qu’il a d’ailleurs adressé à la communauté protestante était sans aucun doute tributaire du penseur dont il fut, un moment l’assistant. Mais les protestants n’étaient pas les seuls sollicités par le Président, qui attend beaucoup du dialogue entre les religions et les philosophies. On ne peut en conclure que les confrontations à venir sur les questions sociétales seront faciles, encore moins pleinement consensuelles. On peut néanmoins espérer que l’espace de discussion ainsi entrouvert évitera la pratique du mépris, quand ce n’est pas celle de l’injure. Acceptons l’augure d’une laïcité qui accepte que le religieux intervienne dans l’espace public.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 septembre 2017.