La haine, l’antisémitisme, le racisme… - France Catholique
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La haine, l’antisémitisme, le racisme…

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Il est rare que je me permette de réagir à chaud : mais le contentement de Manuel Valls à propos de sa ‘’victoire’’ sur Dieudonné m’a paru insulter la vérité. Mais quelle vérité ? Il me faut me l’expliquer, car je pars d’un sentiment et non sur des arguments de raison, n’est pas tenable.

Monsieur Valls est heureux de la décision du Conseil d’État et il s’attribue une ‘’victoire’’ qui serait celle de la République, ce dont intérieurement je doute fortement. Il s’est élevé contre l’‘’opinion ‘’ inacceptable d’un saltimbanque : il est indéniable que les propos déversés sur scène par ce manipulateur sont intolérables. Ce fut le combat d’un homme contre un autre homme, comme dans les westerns états-uniens, ce ne fut pas celui de l’institution judiciaire, non consultée, non impliquée : cela me paraît d’une gravité sans exemples récents. À lui seul Monsieur Valls, personne privée quoique ministre, s’est constitué en tribunal, jouant tous les rôles : sans ‘’colt’’ certes, mais avec l’appui de tout l’appareil d’État. Il a pris comme témoin le peuple entier en rédigeant à la fois l’accusation et l’arrêt.

Est-ce bien conforme au droit français ? Je ne le crois pas et même j’en suis certain. Il a ‘’jugé’’, seul, sans qu’il y ait un avocat pour l’accusation, un autre pour la défense. Il n’y avait dans ce tribunal personnel qu’un procureur, qui a endossé toutes les robes, toutes les fourrures d’hermine… et qui aujourd’hui cherche naturellement à en tirer tous les bénéfices politiques.
J’approuve son appréciation du contenu des textes oraux du sieur Dieudonné : s’y découvre une haine indéfendable, intolérable, qui semble en être la substance. Cette haine à elle seule pue la mort ! Doivent se mobiliser contre elle tous ceux qui portent à l’être humain un respect absolu ; qui reconnaissent en lui une dignité transcendante à tout ce qui est en notre univers. Monsieur Valls est-il un fervent de cette dignité-là ?

Cette condition, il faut le dire, est rarement remplie en ce qui concerne une fraction très politisée de la société française, où l’on se permet de revendiquer violemment un ‘’droit’’ qui consiste à supprimer les plus fragiles des vies quoique porteuses d’un avenir connu ; de proposer de nouvelles lois qui autoriseraient, dit-on avec tout un protocole de précautions dont on sait que partout ailleurs où elles furent adoptées les précautions susdites se sont vite transformées en nouvelles autorisations, lois qui permettraient qu’on donne la mort à des vieux plus ou moins parvenus au terme de leur existence ; d’enseigner aux enfants qu’ils ont le droit – pourquoi pas le devoir ? – de passer de la masculinité à la féminité, sans oublier d’autres types de sexualité, sans même se soucier de l’opinion des parents, sans respecter leur vocation naturelle à ‘’éduquer’’ le fruit de leur amour, ce qui n’est pas et ne fut jamais du ressort de l’État, sauf dans certains cas de nécessité, quand les parents ne sont plus à même d’assurer leur mission naturelle. Etc..

Pour jouer les redresseurs de torts, il faudrait avoir balayé devant sa porte, même ministérielle. Surtout !

C’est avec ce manque d’autorité, ces lacunes morales profondes de la politique qu’il défend, que le ministre Valls lance la croisade contre l’antisémitisme : on ne peut pas croire en sa sincérité, je ne puis y croire, même si je ne puis nier qu’il faut lutter contre l’antisémitisme comme il est d’ailleurs nécessaire de lutter contre toutes les injustices, parfois semblables à des monstres dépassant tout le concevable ! La Shoa fut un événement d’une telle ampleur qu’elle s’impose à tout esprit comme exemple quasi absolu de l’horreur extrême. « Sauver une vie humaine revient à sauver l’humanité », dit la Bible en je ne sais plus quel psaume : et c’est pourquoi il faut aujourd’hui étendre le concept dès qu’il s’agit de s’attaquer à quelqu’un, non pour ce qu’il a fait, mais pour ce qu’il est.
Je devine dans toute cette agitation – dont je ne nie pas la justesse du diagnostic qui la provoque – une préoccupation plus prégnante que celle annoncée à grands renforts de moyens médiatiques : alors qu’en plus s’imposait légalement la solution judiciaire, étrangement laissée de côté.

Pour en revenir à Dieudonné, qui porte fort mal son nom, du moins pour l’instant, l’espoir d’un retournement étant toujours de l’ordre du possible comme d’ailleurs du souhaitable, il revient à chacun de s’éloigner de la violence qu’il véhicule, de la haine qu’il propage, de l’incohérence conceptuelle dont il s’inspire.
Je prends l’exemple de l’esclavage dont il s’estime souffrir encore aujourd’hui à travers la mémoire du passé : pourquoi ne s’en prendre qu’aux trafics perpétrés par les ‘’négriers’’ occidentaux ? Pourquoi laisse-t-il de côté l’esclavage tel que le pratiquèrent, du VIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, les puissances arabes, dont les victimes – plusieurs dizaines de millions sur cette étendue de temps – étaient rendues incapables de se reproduire, ce qui équivaut à un génocide ?
Les politiques au pouvoir clament leur pureté en ce qui concerne l’antisémitisme et le racisme : les Français, osent-ils affirmer, seraient aujourd’hui coupables de ces vices odieux, sans jamais en donner la preuve sociologique, la preuve culturelle, la preuve spirituelle !

Bien entendu, ils ne s’adressent pas, ce disant, à leurs électeurs : qui représentent un trésor d’électeurs qu’il n’est pas question de heurter ! Ce sont les autres, ceux qui ont voté différemment en 2012, qui sont visés. Ceux-là seulement sont antisémites et racistes : se souvenir de la façon dont ils ont usé de l’incident bananier d’Angers pour ‘’confondre’’ ces ‘’salopards’’ – je me souviens du flot d’insultes ignobles déversées sur nos têtes ! – et les disqualifier ! Le vent aurait-il toute emporté ?

L’antisémitisme est devenu un mot-valise : qu’a-t-il à voir avec celui d’Hitler ? Avec les chambres à gaz ? Il est une ignominie, c’est entendu, une saleté conceptuelle et morale, on ne peut que le constater. Mais, par exemple, interdire de parole comme rejeter de la sphère publique les chrétiens seulement parce qu’ils sont chrétiens ne procède-t-il pas, inconsciemment, d’un même esprit d’un totalitarisme rampant ? Sectaire ? Le nier serait faire preuve de mauvaise foi et d’hypocrisie.

Accuser sans relâche, comme tout bon dialecticien, les membres de l’autre bord politique d’être des prosélytes de cette violence et de cette haine simplement parce qu’existe, à l’extrême de l’extrême droite, cette frange (redoutable j’en conviens) des plus marginale par rapport aux 67 millions de Français, c’est verser dans un racisme qui ne dit pas son nom ; dans une perversité qui déconsidère toute la société de ceux qui aujourd’hui représentent par auto-proclamation la ‘’bonne pensée’’ politique.

Il m’arrive parfois, allant sans doute ou peut-être trop loin, que c’est cette société-là qui suscite des Dieudonné, des excités plus ou moins dangereux et même des djihadistes. Le racisme se crée à force d’en accuser les autres. L’antisémitisme de même. Je prends un exemple moins grave, plus circonstanciel : comment est né dès 2007 l’anti-sarkosysme ? À partir des campagnes de presse insensées nées de la soirée au Fouques’t et de la balade à bord du bateau de M. Boloré, ‘’on’’ a volontairement créé une image odieuse du personnage visé alors qu’il s’agissait d’actes de nature privé et qui ne présentaient aucun caractère d’illégalité. La preuve ? Monsieur Hollande a dîné dans un restaurant de Lyon deux fois plus coûteux pendant sa campagne, ce qui ne lui a valu aucune condamnation médiatique : ce qui est normal ; a contrario, la verve des journalistes de 2007 à 2012 contre le président d’alors fut d’une verve et d’un acharnement en eux-mêmes odieux.
Dominique Daguet