La guerre des Atrides - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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La guerre des Atrides

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Mon poste d’observateur un peu à part m’écarte le plus souvent d’une actualité politique intérieure, qui n’a d’ailleurs pas besoin de moi, vu la pléthore de commentateurs qui la cible chaque jour. Pourtant, il est des jours où il est bien difficile d’échapper à des événements extrêmement significatifs des évolutions profondes de notre société. Ces jours-ci, tout notre dispositif d’information est comme branché en permanence sur le conflit œdipien qui oppose Jean-Marie Le Pen à sa fille Marine. Que l’on soit exaspéré ou non par cette guerre des Atrides, il faut bien convenir que l’affaire passionne la France entière et sollicite l’expertise de politologues qui en dissertent des heures entières. Il est vrai qu’à travers le déchirement d’un clan, c’est l’histoire de France elle-même qui se trouve redéployée, avec ses failles, ses blessures, et que cela est d’autant plus sensible que sont mises en évidence les successions des générations et la différence de leurs perceptions historique, morale et sociale.

À ce propos, on ne prête pas suffisamment d’attention à ce que représente la jeune Marion Maréchal-Le Pen dans la saga familiale. Car elle est elle-même d’une autre génération par rapport à sa tante Marine, et sa sensibilité est spécifique, nullement réductible à un conservatisme des valeurs et à une solidarité affective avec le grand-père. Il faudrait envisager tout avec le recul nécessaire. C’est presque impossible, tant la passion est vive chez tous les protagonistes. Seul, peut-être, Serge Moati s’est-il révélé l’observateur non pas impartial, mais indépendant, capable de sentir et d’apprécier les êtres et leurs parcours à l’aune d’un jugement particulier et pour cela bien instructif.

Mais nous n’en sommes pas à pouvoir comprendre les choses, indépendamment des passions du moment. Nous sommes complètement impliqués dans des discussions et des engagements qui ne sont pas seulement français. Nos amis britanniques, en pleine campagne électorale, avec d’autres références, partagent les mêmes affres, les mêmes conflits démesurés. L’immigration est au cœur des préoccupations, et c’est toute l’Europe qui se retrouve paradoxalement concernée par ses passions nationales.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 mai 2015.