La désignation des ministres délégués catalans - France Catholique
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La désignation des ministres délégués catalans

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Effective depuis ce samedi matin Quim Torra a désigné les quatorze Ministres Délégués de son gouvernement catalan en vue de leur prise de fonction mercredi de la semaine qui vient.

Parmi ces quatorze, quatre sont en délicatesse avec la Justice, deux en exil en Belgique, deux emprisonnés en Extremadure en Espagne.

Un point de friction inévitable qui va à nouveau enrayer la machine élective de l’administration catalane.

Mario Rajoy avait fait savoir son intention de soumettre toute désignation de ministres en cours de procédure judiciaire, à la décision du Tribunal Constitutionnel espagnol.

Que sera désormais la décision du Juge Llarena face à cette fronde de la gouvernance catalane qui ne semble avoir pris compte des avis formulés par le chef du gouvernement espagnol ?

Joseph Rull et Jordi Turull sont en attente de décision judiciaire et dès lors en prison préventive.

Luis Puig et Antoni Comin, en exil en Belgique.

Seront-ils autorisés à prendre leurs fonctions en Catalogne ou poursuivis dès le retour sur le territoire espagnol ?

La répartition des postes, sept pour Junts per Cat, sept pour l’Erc est un choix politique qui correspondait aux forces en présence et aux deux premiers partis catalans ayant remporté le choix des électeurs.

La Cup ayant fait savoir qu’elle ne souhaitait participer à quelque alliance locale avec des partenaires bravant la justice et favorable à une représentation indépendantiste avérée.

L’incertitude des lendemains est à l’horizon de la semaine qui vient.

Ces quatre délégués aux fonctions ministérielles seront-ils empêchés par “ le Supremo” qui dispose en la matière de pouvoir d’invalider de telles nominations ?

Nul ne connaît encore la décision des juges espagnols qui statueront à la demande du Chef du gouvernement.

Un bras de fer politico judiciaire s’annonce désormais prochain et pavé de difficultés probables.

Après les péripéties passées au sujet de Carles Puigdemont, le cas des Ministres délégués ouvre une voie incertaine pour la vie politique catalane dont on présume déjà les empêchements judiciaires qui prévaudront pour la reconnaissance de leurs fonctions au rang des ministres validés par le Gouvernement central espagnol.

Les premières déclaration de Quim Torra laissaient présager la ligne dure de son choix de Gouvern, les premières initiatives le confirment.

L’avenir est désormais pavé d’inconnus et à terme on devine l’influence appuyée portée par l’ancien président catalan qui depuis l’Allemagne dicte ses choix aux partis catalans qui ont décidé de reconnaitre sa désignation par défaut ou par calcul politique.

La convocation d’élections anticipées à quelques six mois des précédentes en fin décembre 2017 serait la preuve invariable d’une situation de crise qui perdure.

L’article 155 pourrait être maintenu par suite et la province administrée par Madrid encore quelque temps, mais ce délai prorogé ne donne pas un visage démocratique enviable aux autres régions espagnoles qui ne souhaitent pas davantage que la décision politique de leurs autonomies soit placée sous le poids de quelque sentence qui pourrait leur être appliquée comme en Catalogne par quelque gouvernement de l’Espagne intervenant dans la vie des autonomies du pays.

Demeure toujours la désignation en seconde lecture de “supplétifs de rappel” à la disposition des titulaires empêchés, mais tout cela est un jeu politique totalement insolite dont l’issue est dans une nébuleuse de lendemains qui déchantent !

On ne semble pour l’heure sorti du jeu de chaises tournantes avec des titulaires présents, des titulaires en attente et des titulaires absents…

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Christophe BARRET.- L’Espagne est un laboratoire parmi d’autres, oui. Et, ce qui frappe, dans le cas de la Catalogne, c’est que nous avons affaire à un «nationalisme» – avec des guillemets, parce qu’en Espagne le terme n’est pas connoté de la même manière que chez nous – qui s’est revigoré en quelques années seulement. Il y a encore moins de dix ans, c’est du Pays basque que l’on pouvait redouter de voir venir les germes de la division, puis de l’éclatement. Mais c’est finalement la tranquille Catalogne qui est aujourd’hui sous le feu des projecteurs, et pour un moment! Un conflit politique est né entre des institutions, le gouvernement de la Généralité de Catalogne d’une part, et le gouvernement central espagnol d’autre part, qui se réclament toutes deux de la démocratie et des standards de l’Union européenne. C’est, en premier lieu, en cela qu’il est passionnant.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/05/18/31002-20180518ARTFIG00117-christophe-barret-jusqu-o-peut-aller-la-guerre-de-catalogne.php

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https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/18474/la-guerre-de-catalogne