La déontologie politique bafouée - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La déontologie politique bafouée

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Existe-t-il une déontologie politique fiable ? Est-il possible de faire confiance à nos élus ? Au dirigeants des partis ? Sont-ils crédibles ? Ces élus qui prétendent s’être lancés dans l’action politique comme sur un champ de bataille non par carriérisme, mais par conviction et amour de la nation comme du peuple français, sont-ils vraiment ce qu’ils prétendent être ? Ne sont-ils pas seulement attirés par les lampions de la gloire et les indemnités allongées de menus primes qui leurs sont avantageusement allouées ?

Ces questions, il y a lurette que je me les pose parce depuis très longtemps stupéfié par les exemples donnés d’un certain nombre de nos anciens et récents élus : mais ce que Nicolas Sarkozy vient de faire m’a scandalisé. Je me disais que François Hollande, devant d’urgence passer à la trappe – espérons ! –, il serait urgentissime de découvrir un homme honnête, véridique, clairvoyant, ferme, averti de toutes les difficultés, n’osant les promesses que bien assuré de leur possibilité, armé d’un programme intelligent, tenant compte du possible et de l’efficacité, dynamique aussi et non doté d’un grand poil dans la main, plus attaché au travail qu’au spectacle : afin de l’inciter à franchir le Rubicon pour renouveler le paysage politique de la France, si outrancièrement malmené depuis pas mal d’années.

De quoi s’agit-il donc ? Lors d’une réunion d’importance organisée par les responsables de Sens commun, mouvement inséré chez Les Républicains, l’ancien chef de l’État prit la parole. La salle comptait plus de mille auditeurs : elle réclama de l’orateur la promesse d’abroger la loi dite Taubira, ce qu’il fit, non sans humour, quoiqu’il aurait pu, librement, se dispenser de répondre ainsi au vœu des militants de son parti… Cependant, il a promis et s’est donc engagé à tenir parole : tout renoncement devient dans ce cas une trahison, surtout quand on considère que ces militants, devenus des témoins, tenaient particulièrement que l’on rétablisse une politique familiale qui ne soit pas coiffée au poteau par une hallucinante mobilisation organisée par les LGBT.

Cette promesse fut donc comprise par ces militants comme un engagement. Tous étaient naturellement inscrits chez les Républicains et ils applaudirent à tout rompre celui qui pourtant venait de leur mentir. Resteront-ils longtemps sans protester ?

Selon la déontologie politique « normale », qui consiste à respecter les électeurs, il va de soi que le respect de l’engagement ne peut être mis en balance par des calculs de mirliflore… la jeunesse en moins ! L’abolition de la loi Taubira se devait d’être inscrite au programme des Républicains : ne serait-ce que pour témoigner de la déférence due envers les membres de ce parti, qui furent déjà assez bousculés dans les deux ou trois dernières années.

L’ancien Président de la République a jeté une ombre épaisse sur l’homme qu’il est, peut-être qu’il fut, et ce n’est pas l’exercice d’humilité auquel il s’est prêté avec « La France à vie » qu’il trouvera le chemin de ceux qui désormais ont perdu toute confiance en lui.

Comment en effet penser élire un tel personnage qui se dédit de la sorte ? Qui change de veste en cour de route afin de montrer ses capacités à paraître blanc tel jour et noir le lendemain ? Il n’aura aucune peine à convenir que les temps ont changé, les mœurs aussi, la situation planétaire, les sbires de Bruxelles restant aux aguets pour nous faire avaler des couleuvres fort indigestes : ce que permet, cela se sait, l’habileté, la ‘’fluctuance’’ des intérêts des uns ou des autres, de leurs aspirations à la fortune plus encore qu’à leur réputation, que les exigences de la politique permettent toutes sortes de compromissions, d’adaptations, de révisions même, dictées naturellement par les changements du climat, les menaces d’extinction qui touchent les ours blancs, la mort de l’un ou de l’autre, les cris et les murmures de citoyens affligés, aussi par les difficultés de l’heure si fortement ressentis, (n’est-ce pas ?), au sein des assemblées du Parlement : il n’en reste pas moins qu’entre le corps des électeurs et celui des élus existe, ou devrait être connu, peut-être enseigné dans mes écoles, un contrat moral et tacite que chaque élu, ayant fait connaître ses intentions et son programme, se doit, sans la moindre hésitation, d’accomplir ce qui est espéré, ce qui est promis.

Or Monsieur Sarkozy dit ceci, pour justifier son refus d’obéir à sa propre conscience engagée devant mille témoins de son parti, en l’occurrence, parce que non affiliés ne fut-ce qu’aux gens du Centre dont on sait depuis toujours par expérience qu’ils sont pareils à des les plus alertés sur ce que sont les valeurs que ce parti doit connaître et défendre sans concessions : « Jamais je n’ai eu l’intention de contester la légitimité du mariage homosexuel. Il ne sera donc pas question de démarier les mariés ou de revenir en arrière sur le principe du mariage homosexuel. »

L’expression « principe du mariage homosexuel », où donc Nicols Sarkozy est-il aller le chercher ? Quelle est son origine ? Et ne sait-il pas qu’il existe aussi, hors le « principe de toutes choses », des « principes d’erreur » ? Ici, le seul assemblage des mots « mariage » et « homosexuel » est incompatible avec le réel… Où l’on attend le responsable politique c’est à propos de la défense des familles, non leur abolition ou leur mise en difficulté (jouer sur les concepts, les mœurs, les désirs, les règles de notre civilisation, c’est rendre la vie familiale plus difficile qu’elle ne l’est déjà). Éduquer les enfants en leur faisant croire qu’il serait possible de légitimer la conception d’enfants, non plus entre une femme et un homme qui s’aiment, mais selon des méthodes artificielles mises en œuvre par des techniciens, c’est l’« Absurdie », reine de France. Il n’est pas tolérable que des coups mortels soient portés, PMA et GPA en ligne de mire, contre la filiation et la désagrégation de la famille naturelle.

Nicolas Sarkozy nous fait la grâce d’avouer que le mensonge, comme chez François Hollande, fait partie de son armurerie. Extraordinaire et honteux ! « Jamais je n’ai eu l’intention… » : c’est impensable de ne nous avoir jamais révélé qu’il nous mentait chaque fois qu’il en avait besoin, quand cela l’arrangeait ! Donc, cette fois là il a menti devant mille témoins de Sens Commun, pourtant l’une des composantes du parti qu’il dirige. Admirable culot ! Et quel mépris pour ses troupes !

Il y a plus stupéfiant : il considère que ce « mariage » impossible « est légitime » : cependant, on touche ici à la sphère des valeurs comme à celle des principes. Qui décide d’une légitimité ? Certainement pas quelque quidam que ça arrange que les choses soient ainsi et pas autrement : il faut par exemple qu’un acte, reçu comme légitime, soit fondé sur un « droit » comme sur une « raison » : violés, il pourrait être déclaré injuste et/ou déraisonnable.

En somme il faut tout un arsenal d’arguments congrus, soit exacts et précis, c’est-à-dire fondés sur tout le socle des réflexions philosophiques, aussi traditionnelles, tout l’appareil de nos habitudes comme de nos aspirations de toujours, de nos croyances et de nos mœurs, de nos arts également, en somme tout ce qui fondent notre civilisation pour que l’on parvienne à cette notion de vraie légitimité.

Or l’immense majorité des gens situés à droite de l’échiquier politique n’entendent pas que leur soit, de force, imposée une telle nouvelle caractéristique de notre société : je sais de gauche qui avalisent ce propos. Seuls les ignorants et les indifférents laisseront courir l’idée que cette sorte d’« assemblage de semblables », baptisé abusivement de « mariage », sera, avec le temps, parfaitement intégré à notre vision de celui que l’on nomme encore peuple français. Or, ce baptême grotesque ne peut en aucun cas être légitimé, comme par exemple on peut légitimer la naissance d’un enfant.

Une civilisation ne peut pas davantage être fondée sur des approximations aussi cavalières, aussi absurdes, hors toute raison.

L’affirmation de l’ancien président qu’« il ne sera pas question de démarier les mariés » ne peut être qu’exacte – même si en la réalité exposée par la raison, ils ne sauraient être reconnus comme vraiment mariés puisque ne l’étant pas malgré la cérémonie incongrue célébrée en mairie – : mais abattre la loi Taubira ne saurait produire d’effets rétrospectifs, ce dont l’avocat qui fut notre président aurait dû se souvenir.

Les faux-mariés continueront de l’être, jouissant de certains avantages d’un statut de mariés sans l’être pourtant : c’est pourquoi il conviendrait naturellement de préciser les droits d’un nouveau contrat de vie commune entre « semblables », tout en précisant que ce qui ressort du mariage, notamment le renouvellement des générations, resterait l’apanage des vrais mariés.

En vérité Nicolas Sarkozy a produit en quatre lignes un topo qu’un élève de cinquième des années 1950 aurait eu honte de signer. Il a surtout d’un coup perdus des milliers de possibles lecteurs, dont moi.