La bataille de Gaza - France Catholique
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La bataille de Gaza

Après la guerre aérienne et celle des blindés, Israël ne peut éluder la guerre des fantassins s'il veut aller au bout de sa logique contre le Hamas. . par Yves LA MARCK
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Le cabinet israélien est placé devant un choix: arrêter l’opération « plomb durci » et négocier une nouvelle trêve, ou pénétrer dans les centres urbains pour extirper les milices du Hamas qui s’y sont réfugiées. Alors que l’opération aérienne et blindée s’est réalisée presque sans frais pour Israël, l’engagement de l’infanterie, c’est-à-dire de nombreux réservistes, est plus risquée. A partir de combien de morts l’opinion israélienne faiblira-t-elle ? C’est en tout cas le seul facteur, car Jérusalem n’a pas à se soucier dans l’immédiat de pressions internationales fortes, ni arabes, ni européennes, ni américaines, ni onusiennes. Israël peut donc y aller franchement. S’arrêter en chemin se retournerait contre le cabinet actuel lors des élections du 10 février. L’offensive bénéficie d’un très large consensus au sein d’Israël avec des taux d’approbation de 80 %. Si le Hamas pouvait se regrouper, si les tirs de rockets sur le Sud israélien continuaient, Barak et Livni, travaillistes et Kadima, aujourd’hui pratiquement assurés de pouvoir gouverner demain, seraient discrédités. Il faut donc que l’offensive tienne ses promesses jusqu’au 10 février. La pression doit être poursuivie coûte que coûte.

A quoi servent donc les médiations dans un tel contexte ? A humaniser le conflit aux yeux de l’opinion internationale, à désamorcer les manifestations de rejet dans les pays d’origine des médiateurs, au premier chef en France, traditionnellement exposée du fait de l’importance de ses communautés juive et arabe. En effectuant une tournée surprise au Proche-Orient, Sarkozy fait d’une pierre trois coups : apaiser la situation en France, profiter de l’éclipse américaine, continuer de s’affirmer en Europe.
Union sacrée israélienne, division arabe. Il n’y a pas deux Etats, Israël et la Palestine, mais trois, car si Israël est uni, il y a deux Palestine. L’Union sacrée n’a pas joué côté arabe autour du Hamas. Les éléments arabes modérés sont restés discrets, mais le Hamas n’a jamais joui du soutien iranien comme le Hezbollah. Hamas ou Fatah, cela demeure une querelle sunnite. La confusion idéologique gêne l’expression d’une réaction arabe internationale, y compris dans la rue, y compris en France. On peut toujours s’en prendre à Israël indifféremment, mais comment argumente-t-on aujourd’hui ce discours anti-israélien ou anti-sioniste ? Les références traditionnelles sont brouillées. Mais que l’on se rassure : Israël, après la victoire, devra lui aussi retrouver un dessein, un projet pour l’avenir.

Stratégie américaine après le 20 janvier. Sarkozy ouvre-t-il la voie à Obama ? La réponse est oui en ce qui concerne Damas. La Syrie est aujourd’hui le seul pays à profiter diplomatiquement de la guerre à Gaza. Le principal dirigeant de la frange radicale du Hamas y est installé. L’Égypte et l’Arabie saoudite sont affaiblies. Elles se sont épuisées dans des efforts de réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne qui n’ont pas été durables. Le flambeau a été repris par deux nouveaux venus, la Turquie et le Qatar, sans doute parce que moins empêtrés dans leur rivalité avec Damas. Si cette conjecture se poursuit, le Liban n’a qu’à bien se tenir. Il pourrait à nouveau être le cadeau dans la corbeille d’une future alliance au Proche-Orient.

L’Europe. L’équipée Sarkozy a minimisé la tournée de la Troïka européenne qui représente l’Europe institutionnelle. Le représentant spécial du Conseil, Javier Solana, la commissaire chargée des relations extérieures, les ministres des affaires étrangères tchèque, président du Conseil, suédois, prochaine présidence, et français (Bernard Kouchner), présidence sortante, à cinq ils n’existaient plus à côté de Sarkozy qui pourtant ne représentait plus que lui-même depuis la fin de la présidence française le 31 décembre. Au Proche-Orient, l’Europe n’a jamais été considérée que comme pourvoyeuse de fonds pour construire, reconstruire encore et encore les bâtiments détruits d’une autorité palestinienne contestée, tout en étant prisonnière de ses principes, solidarité avec Israël, Hamas terroriste. Les acteurs se rient d’une telle diplomatie éternellement velléitaire. Sarkozy veut, par la seule vertu du parler vrai, être pris au sérieux. Il faudra qu’il en convainque aussi les 27 et la bureaucratie bruxelloise.