La Gloire de la Résurrection rayonne sur l’Eglise de Roumanie ! - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La Gloire de la Résurrection rayonne sur l’Eglise de Roumanie !

Béatification de Mgr Ghika

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Comment évoquer la joie frémissante, l’exultante action de grâces, l’émotion des profondeurs qui débordent de nos cœurs pendant cette grande célébration pour honorer, glorifier cet humble serviteur de la vérité, le désormais et à jamais bien heureux Vladimir Ghika ?

Ainsi glorifié à la face de son peuple, ou plutôt dans son cœur, mais aussi à la face des Nations-lui le frère universel-tout spécialement de la France, sa seconde patrie.

Dans l’immense amphi d’un palais des Congrès, la foule venant de tous les horizons de la Roumanie et dense, mais surtout intensément présente, fervente, ardente. Romano et gréco-catholiques tous rassemblés dans une action de grâces unanime, mais aussi beaucoup d’orthodoxes sympathisants.

Officiellement, aussi présent, un évêque auxiliaire, représentant le Patriarche, et des délégués anglicans protestants, un imam, un rabbin, et des représentants de la société civile : le ministre des Cultes, deux anciens présidents. Autour du cardinal Angelo Amato, le légat du Pape et Préfet de la Congrégation Causa sanctorum (à qui je parlais régulièrement du père Vladimir) le cardinal Vingt-Trois de Paris (P. Vladimir étant juridiquement prêtre du diocèse de Paris) et tous les évêques catholiques aussi bien latins qu’orientaux, avec des évêques des pays voisins : Hongrie, Ukraine, Moldavie, Russie. Belle universalité ! Car Vladimir était un tel apôtre de l’unité, œuvrant sans relâche pour la pleine communion de nos Églises sœurs. Il doit être heureux que les anglicans l’aient inscrit dans leur liste de martyrs du XXe siècle, et les orthodoxes dans leur catalogue des martyrs roumains du communisme. L’actuel patriarche Daniel me disait voici 15 ans qu’ils le vénéraient aussi comme un authentique confesseur de la foi.

De France, nous étions venus une bonne délégation d’une cinquantaine (sans parler de tous les Français résidant en Roumanie), même une courageuse jeune fille en fauteuil roulant, Chloé, à la veille d’une grave opération chirurgicale : pèlerinage magnifiquement organisé par Maria Sander, sœurs Antonetta, infatigable fans du père Vladimir. Le plus émouvant : une trentaine de membres de l’illustre famille des Ghika, dont ses propres neveux et petits-neveux. La veille, nous avons pu péleriner sur les principaux lieux où avait vécu P. Vladimir, surtout pendant les 15 dernières années, sous l’oppression totalitaire successivement du nazisme et du communisme. D’abord la petite chapelle de Saint-Vincent-de-Paul où j’ai été bouleversé de célébrer là même où il avait célébré sa toute dernière messe, partant de cet hôtel vers les Noces de l’Agneau, répondant au cri : « Voici l’Époux ! Sortez à sa rencontre ! » (Évangile du jour) En fait, parti en portant le Corps de Jésus à un malade, et donc arrêté ainsi en plein exercice de son ministère sacerdotal.

Puis, cette charmante église gréco-catholique Saint-Basile, lieu de son cœur. Il avait fallu 16 ans de procès pour qu’elle soit rendue par les orthodoxes. Il y célébrait si souvent la Divine Liturgie selon Saint-Jean Chrysostome (son rite de loin préféré) et retrouvait le groupe des jeunes qu’il animait jusqu’à la fin. Une d’entre elles, miraculeusement survivante, nous a donné son émouvant témoignage.

Le lendemain, jour de la béatification, nous nous y retrouverons avec tous les évêques catholiques présents, des deux rites, pour la consécration solennelle de l’icône du tout nouveau Bienheureux, et l’intronisation de ses reliques. Beau de voir les fidèles latins chanter le bel hymne acathiste à la Mère de Dieu, que P. Vladimir aimait tant.

Puis l’institut des Études orientales, tenu par les assomptionnistes, d’où il écrivait les nombreux messages qu’il postait par une porte dérobée à l’ambassade de France jouxtant l’institut pour qu’ils prennent la valise diplomatique. Avec quels risques !

Mais surtout : le moment le plus bouleversant : le pèlerinage à la sinistre prison de Jilava (dont le seul nom comme ceux de Sighet ou de Pitesti fait encore trembler tout Roumain) lieu même de son ultime témoignage : celui du sang donc de l’amour en son paroxysme. Nous avons pu chanter : « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même », « Il est vraiment Ressuscité !» résonnant sous les voûtes de ces lugubres couloirs. Nous étions accueillis par le premier président de Roumanie non communiste après Ceausescu et Ilyescu : Constantinescu que j’ai pu remercier publiquement pour son admirable discours d’accueil de Jean-Paul II, le plus beau des quelques 104 discours de chefs d’État qui l’ont accueilli dans leur pays. Il préside une fondation pour transformer ce lieu, sang-tifié par tant et tant de martyrs, en espace de prière et de mémorial (comme à Sighet dans l’extrême nord du pays) Là, une fille de 12 ans, a joué au violon, une pièce de Bach dans un recueillement saisissant.

Cet immense fête à réveillé pour beaucoup l’historique visitation de Jean-Paul II, voici 15 ans déjà, dont les images étaient rediffusées en parallèle sur les chaînes TV. Quand l’immense foule (300 000 personnes) orthodoxes, catholiques des deux rites, avait scandé d’une seule voix : « Unitate, Unitate ! » auquel Jean-Paul II par la suite fera si souvent allusion. Sur le moment, il avait saisi le micro et improvisant en français se tournant vers le patriarche Théocrist : « Alors il faut nous dépêcher ! » Cette béatification ouvre la brèche à celle de tant et tant de martyrs roumains, à commencer par NNSS Hossu, Aftenye, et les cinq autres héroïques évêques gréco-catholiques. Fidèles à Pierre jusqu’au sang versé !

Pour clore : cet événement d’Église est une formidable attestation de la Résurrection du Seigneur. Impensable il y a seulement 20 ans ! Voici donc une victime de l’effroyable système concentrationnaire soviétique ayant écrabouillé la Roumanie, publiquement glorifiée !

Preuve qu’aucune persécution ne peut garder l’Église dans les catacombes plus de quelques décennies, parce qu’aucune pierre n’a pu garder le corps de Jésus plus de quelques heures dans la tombe. Oui, en vérité, notre Église et celle du Ressuscité !