La France rime avec souffrance ou espérance ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La France rime avec souffrance ou espérance ?

Du 14 Novembre 2014 au 15 août 2015, les catholiques, mais pas seulement, sont invités à vivre neuf mois de prière pour la France. Pendant cette grande neuvaine, il est possible de se demander si le nom de notre pays rime avec souffrance ou espérance.
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Le constat peut être déprimant. Après les trente glorieuses et les trente piteuses, les Français seraient entrés dans les trente peureuses pour Nicolas Baverez.

Les Français restent les plus gros consommateurs du monde de psychotropes. Plus d’un Français sur quatre consomme des anxiolytiques, des antidépresseurs ou des somnifères. L’assurance maladie doit rembourser 150 millions de boîtes de médicaments. Selon un sondage IFOP publié début 2015, 29 % des Français seraient très ou plutôt optimistes et 71% plutôt ou très pessimistes. Selon un sondage CSA de septembre 2014, seuls 23 % des français sont optimistes pour l’avenir de la société française. Fin 2014, seuls 17 % des pensaient que l’année 2015 serait meilleure que l’année 2014. Pour l’optimisme, nous sommes en queue de peloton.

Certes l’optimisme n’est pas le bonheur. Selon l’indice du Bonheur National Brut de 2014, la France demeure 13ème pour 60 pays classés. Cet indice intègre la paix et la sécurité, la liberté, la démocratie, la qualité de vie, l’éducation et la culture. Mais les critères objectifs sont différents de ce que ressentent les Français. En France seuls 49% se déclarent heureux alors que la moyenne mondiale est de 70 %. En fait, pris individuellement, les Français ne se sentiraient pas plus malheureux que les autres. Mais leur regard sur leur pays est plutôt négatif. Qu’est-ce qui les inquiète ?

Pour Alain Finkielkraut, l’identité française est une Identité malheureuse (Stock, 2013). La France devient une auberge espagnole sans identité. Nous oublions que nous « naissons dans un lieu  et dans une langue », dans une histoire longue. Le projet de la Maison de l’Histoire de France en 2011 a été purement et simplement annulé. La France se fond dans une Europe sans identité. L’Europe que l’on propose est cosmopolite, sans références. Sur les billets européens ne figurent pas des œuvres d’art particulières, mais des ponts anonymes. En 2011, un agenda des fêtes religieuses a été distribué dans les écoles en omettant les fêtes chrétiennes.

La France n’est plus homogène, en raison de l’immigration récente et d’une crise de l’intégration. Des rapports des inspecteurs généraux ont montré les difficultés à faire apprendre la culture française à des populations d’origine musulmane. Certes, la France est le seul pays à avoir interdit le voile à l’école, mais au pays de la galanterie, porter une jupe devient un problème dans certains quartiers.

Outre la question de l’immigration musulmane récente, l’accès à la mémoire longue de la culture ne va pas de soi. Le livre n’est plus pour beaucoup une source de plaisir. Il est remplacé par l’immédiateté des ordinateurs et des téléphones, le divertissement des consoles de jeux. Le livre est concentration sur un objet. L’écran est dispersion. La culture élève notre réflexion. A Science po, on supprime l’épreuve de culture générale. Le latin et le grec sont en passe de disparaître du collège.

Dès lors, les petits Blancs de la France périphérique (Gully, Comment on a sacrifié les classes populaires, 2014) se sentent méprisés par les élites cosmopolites, qui peuvent vivre d’une identité changeante, parce qu’elles ont une reconnaissance de fait. Le premier parti ouvrier de France est le Front National. Le Front de Gauche est un parti de bobos. Le vivre ensemble devient difficile, car la diversité culturelle a pris le pas sur l’unité. Le lien social s’étiole, dans un univers communautariste. La morale laïque sonne creux. Elle est une incantation inefficace.

Un an après, Eric Zemmour, avec Le Suicide français (Albin Michel, 2014), obtient un succès considérable de librairie, au moment de son exclusion de la TV. Pour lui, les soixante-huitards ont apporté dérision, déconstruction et destruction, quarante ans d’individualisme et de haine de soi. Il critique la tendance libérale et libertaire de la société française. La France abandonne le droit de battre monnaie et s’en remet au marché pour financer ses dépenses. La finance se déconnecte de l’entreprise. Les supermarchés deviennent des temples de la consommation.

Deuxièmement, l’enfant roi à qui on ne dit pas non en veut toujours plus. Le mythe d’un divorce sans larme se diffuse. On nie la différence du père et de la mère. Les enfants de parents séparés vont en fait moins bien physiquement et psychiquement que ceux de famille unies. La promotion de l’homosexualité est une arme contre la famille. Une sexualité ostentatoire s’affiche. Le mâle blanc hétérosexuel est la figure à abattre. La société se féminise. L’avortement devient un droit. Le pouvoir gay s’impose. L’indifférenciation du genre doit devenir la norme. Bref, Individualisme et hédonisme gouvernent les comportements. Les libéraux et les libertaires sont deux frères jumeaux. Ils peuvent voir dans l’informatique la possibilité de n’avoir « ni Dieu, ni maître, ni frontière ». Richard Descoings, l’ancien parton de Science Po réunit tout cela en sa personne.

Par ailleurs, le changement de population par une immigration non européenne et chrétienne, mais musulmane et africaine transforme le pays. On soutient l’iman Khomeini, le « Gandhi iranien », et les talibans afghans contre les soviétiques. Les Français de souche deviennent des beaufs. La fine fleur mondialisée, sans patrie et déchristianisée préfère « l’arabe » au xénophobe franchouillard. Zemmour rappelle le propos de Chateaubriand : « Détruisez le christianisme et vous aurez l’islam ». Contre la toute-puissance du désir s’installe le voile islamique. L’islam se renforce face au nihilisme du moi triomphant. Une France harmonieuse black-blanc-beur de 1998 devient une illusion.

Eric Zemmour critique le matérialisme libertaire de gauche et le matérialisme économiste de droite, mais si c’est pour nous mettre dans les bras d’un matérialisme à tendance nationaliste, nous ratons l’espérance transcendante et divine. Le matérialisme, qu’il soit scientifique, économique, éthique ou politique se définirait comme la croyance dans les forces de l’homme et de la matière, sans la transcendance de l’Esprit et sans la nécessité de la Grâce. Le dogme de l’Assomption, érigé le 1er novembre 1950, a une signification théologique. Il est aussi un signe pour notre époque matérialiste. Il nous indique, par Marie en son corps, que la matière peut-être glorifiée, mais uniquement par la grâce de Dieu. Or le laïcisme à la française veut exclure par principe la dimension religieuse de la société. Et les grands partis politiques de notre pays s’inscrivent dans ce présupposé matérialiste, quel que soit leur positionnement sur l’échelle politique. Pour comprendre le pessimisme des français, Il faut certes dépasser l’analyse uniquement sociale et économique de nos libéraux-libertaires pour s’engager dans une interrogation éthique, psychologique, culturelle, historique de notre pays. Mais il faut aussi réfléchir à la dimension religieuse de la France.

Faisons ici une distinction entre l’espoir et l’espérance. L’espoir est humain. L’espérance est divine. De fait avec ces auteurs, j’ai peu d’espoir pour la France. Et avec les français je demeure pessimiste. Mais la foi dans le Christ ouvre une espérance. Si à vue humaine tout est perdu, alors crier vers Dieu devient possible. Voilà ce que disait Marthe Robin au père Finet le 10 février 1936 : « La France va descendre jusqu’au fond de l’abîme, jusqu’au point où l’on ne verra plus aucune solution humaine de relèvement. … Elle sera sauvée, mais ni par les armes, ni par le génie des hommes, parce qu’il ne leur restera aucun moyen humain. S’il leur restait un seul moyen humain, c’est encore à celui-ci qu’ils s’accrocheraient. Le bon Dieu voudra nous montrer que c’est Lui Seul qui nous sauvera… La France ne sera châtiée que par elle-même et par les chefs qu’elle aura écouté, et les hommes qu’elle aura suivis. » Ces propos peuvent pressentir la seconde guerre mondiale. Pendant la guerre, elle ajoute le 2 décembre 1941 : « La France sera châtiée, elle expiera sévèrement ses fautes et il faudra prier beaucoup pour abréger le châtiment. Mais elle sera épurée et Dieu lui réserve dans le monde de demain une œuvre de choix, toute spirituelle d’ailleurs, où elle reprendra son visage chrétien et généreux et se présentera à nouveau comme la fille aînée de l’Eglise. » (Cités par Bernard Peyrous dans Pourquoi prier pour la France ?, 2014)

Faut-il faire interpréter ces propos pour aujourd’hui, en dehors du contexte de la seconde guerre mondiale ? L’avenir n’est pas écrit d’avance. La providence appartient à Dieu seul. Marthe Robin a aussi dit à Jean Guitton : « Quant à l’avenir, vous savez qu’on me prête beaucoup d’idées sur l’avenir. Je ne sais rien, sauf une chose : que l’avenir c’est Jésus » Nous pouvons dire que le Christ est l’espérance de la France. Si notre cœur se remet en question et se tourne vers Dieu, alors oui ensemble tout est possible. Jean-Paul II, le 1er juin 1980 ne disait pas autre chose au Bourget. « Permettez-moi, de vous interroger : France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? Permettez-moi de vous demander : France, Fille de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle? »

Les moments de crise paraissent tout emporter par une « lame de fond », une vague plus forte faisant chavirer le bateau France. La crise est étymologiquement le choix et le jugement, la lame qui va trancher. Mais cette crise peut réveiller « l’âme de fond » d’une nation. Au moment suicidaire de se jeter dans l’abime, la voix du cœur profond se fait entendre. Le XXIe siècle français sera spirituel ou ne sera pas. Ainsi pointent quelques signes. En décembre 2014, la crèche de l’hôtel du département de Vendée a dû être enlevée. Mais selon un sondage Ifop fin 2014, 71% des français sont favorables aux crèches de Noël dans les bâtiments publics. Même 60 % des sans religions y sont favorables. Bien qu’il n’y ait que 5 % des français qui vont tous les dimanches à la messe, une majorité s’accroche, par la crèche, au mystère central de l’Incarnation. En mars 2015, la RATP a réussi à se mettre à dos la majorité des français en refusant d’indiquer que le concert « Les prêtres » était en faveur des chrétiens d’Orient. Notons aussi des mouvements de fond. Les Français redécouvrent le chemin de Saint-Jacques. Ils sont attachés à leur patrimoine religieux. Ils sont nombreux à visiter les monastères qui jalonnent la terre de France ou à visiter les lieux de pèlerinage. Les Manif Pour Tous de 2013 sont une espérance, qui transcende les clivages politiques. Depuis deux ans, des jeunes, les veilleurs réfléchissent et méditent dans le cœur de nos villes, sans que les médias n’en parlent. Les catholiques sont certes moins nombreux qu’autrefois, ils sont une minorité, se sachant minoritaire, mais sans complexe, ils sont actifs et priants. Tout cela ne fait pas encore un grand sursaut visible, mais qui peut dire ce qui se passe dans les cœurs ?

Y aurait-il une vocation de la France ? Si chaque personne est secrètement appelée par Dieu, il en va de même pour les peuples. Nous pouvons nous interroger sur le Mystère français, regarder notre mémoire et notre histoire pour comprendre notre appel.

Tout d’abord, comme le rappelait Jean-Paul II, la France est la fille ainée de l’Eglise. Sainte Blandine et saint Irénée à Lyon nous relient à saint Jean. Mais la France catholique nait avec saint Rémi qui va baptiser Clovis, à la suite de la prière de son épouse sainte Clothilde. Or voilà ce qu’écrivait saint Rémi dans son testament : « Le Royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Eglise romaine (…). Il durera jusqu’à la fin des temps. Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois qu’il sera infidèle à sa vocation. » Certes la France est chrétienne comme le reste de l’Europe et de l’Orient. Mais il semble qu’elle soit « presque la seule à résister à l’orgueilleuse tentation schismatique » « L’orient et l’Egypte du VIIe siècle étaient déchirés par l’arianisme, le nestorianisme, le monophysisme, tandis que l’Afrique du Nord mettait, pour sa part, au prise donatistes, ariens et catholiques, et que l’Espagne wisigothe était arienne. » (Jean-François Chemain, La vocation chrétienne de la France, 2010, p. 44) L’Europe allemande et nordique devient luthérienne, le Royaume Uni, anglican. Ce lien privilégié de la France à l’Eglise catholique prend différentes formes. La papauté se réfugie en Avignon au XIVe siècle. « De 999 à 1378 seize français ont occupé le trône de saint Pierre, totalisant plus de cent trente année de pontificat. » (Chemain, p. 53) Sur les 2400 saints canonisés par l’Eglise catholique, un quart sont français. Les grands ordres monastiques ont trouvé leur origine et leur extension en France : bénédictin (Cluny), cistercien, chartreux, les prémontrés. La France est le lieu d’apparitions mariales reconnues par l’Eglise : Notre Dame du Laus, Lourdes, La rue de bac, Pellevoisin, La Salette, L’Ile-Bouchard. « Les missions étrangères de Paris (créées en 1860), l’œuvre de la propagation de la foi (1822), les missions africaines de Lyon (1854) les Pères Blancs (1854), toutes (ces) institutions sont fondées en France » (Chemain, p. 96) « En l’an 1900, une religieuse sur deux dans le monde est française et 80% de celles qui sont parties servir dans les pays de mission viennent de notre pays. Mais comment est-ce possible, quand la France est loin d’être la seule nation chrétienne ?

L’Espagne, l’Italie ou la Pologne n’envoient-elles donc personne? Lorsque le président Giscard d’Estaing accueille le Pape Jean-Paul II en 1980, il lui dit qu’une religieuse sur huit dans le monde est française; nous sommes en 1980. Cette prodigieuse fécondité ne se borne pas à la vie religieuse ni aux femmes, car entre 1820 et 1970, la France a donné 540 évêques missionnaires, dans tous les continents. » (Cardinal Philippe Barbarin, La France est-elle encore la fille aînée de l’Eglise ? 15 avril 2013). Alors on peut comprendre que le président français soit l’unique chef d’Etat à avoir le titre de chanoine honoraire de la Basilique du Latran. L’histoire est le témoin de cette vocation catholique de la France.

Si la France est fille ainée de l’Eglise, elle est aussi éducatrice des peuples. Cette seconde formule est encore plus difficile à entendre aujourd’hui que la première, mais elle s’enracine aussi dans la réalité de l’histoire.

La France domine la culture de l’Europe pendant deux périodes : les XIe-XIVe siècles et les XVIIe-XVIIIe siècles. Les monastères et les écoles cathédrales ont été des lieux de culture, avant la création par l’Eglise catholique de l’Université. Or l’université de Paris est la plus grande université du Moyen-âge. « On dit que l’université de Paris, au XIIIe siècle, avec ses cinquante collèges et ses cinq à dix milles étudiants, avait la moitié des enseignants et des étudiants d’Europe. »  (Peyrous, p. 42) Au XVIIe, Leibniz, le génie allemand écrit en français. De Descartes à Montesquieu, les Lumières sont françaises. La France est un lieu de culture, avec des poètes, des écrivains, des philosophes, des théologiens. « La France cuit le pain intellectuel de la chrétienté » déclara Paul VI, le 18 novembre 1964 aux évêques français.

Catholique signifie universel en grec. La France est aussi le pays de l’universel du point de vue de la réflexion et du point de vue de l’homme. Notre pays a une prétention à s’adresser au genre humain. La déclaration universelle des droits de l’homme est proclamée à Paris en 1948 au palais de Chaillot. Elle serait une terre d’asile pour les persécutés du monde entier. Encore aujourd’hui la voix de la France garde une importance planétaire, et pas seulement parce qu’elle fait partie du conseil de sécurité.

Pourtant, dire que la France est liée à l’Eglise catholique ou en quête d’universel, cela appartiendrait au passé. Comment peut-on dire que la France est fille aîné de l’Eglise alors que la plupart de nos concitoyens se sont éloignés de la foi catholique ? Pour certains la France commence avec la révolution française et la loi de 1905 sur la laïcité, de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les membres du Grand Orient auraient bien du mal à reconnaître la vocation catholique de la France. Et la nostalgie d’un passé révolu ne pourrait pas fonder une espérance. Précisons.

Entre l’universalité catholique et l’universalité de la culture et des droits de l’homme, nous avons une même vocation. Et pour Jean-François Chemain dans Une autre histoire de la laïcité (2013), le combat des révolutionnaires ne vise pas d’abord l’Eglise catholique en tant que telle, mais l’Eglise gallicane, qui a confondu le pouvoir du roi avec une religion d’Etat. Cette Eglise de France d’avant la révolution avait perdu son universalité au profit d’une particularité nationale. Elle avait confondu Dieu et César. Donc une certaine laïcité à la française répond à l’appel catholique de distinction des ordres politiques et religieux, qu’un certain cléricalisme français avait oublié.

Ceci étant dit, il ne faut minimiser le combat anti-catholique qui traverse une partie de la société française. Mais nous pouvons faire une analogie avec le peuple de la première alliance, Israël. « Dieu n’existe pas. Et nous sommes son peuple » dit avec humour le juif Woody Allen. Là où s’est révélé le Dieu unique, se proposant par une alliance, nous avons bien des athées, qu’il nous suffise de mentionner les deux maitres du soupçon, Marx et Freud. Là où Dieu se propose librement, Il prend le risque d’être refusé. Eh bien, de manière analogue, la France peut avoir une vocation à être Fille de l’Eglise catholique et éducatrice des peuples et refuser librement son appel. La laïcité se transforme en laïcisme. Une haine de soi catholique remplit le cœur d’une population postchrétienne. Les élites politiques, médiatiques, universitaires se veulent universelles, cosmopolites, tout en reniant toute référence catholique.
Mais on ne luttera pas contre les tentations du particularisme nationaliste (FN) et les menaces de l’Islam (la confusion du politique et du religieux) par une laïcité creuse, vide de forces spirituelles. Seule une France catholique, seule la vocation universelle et spirituelle de la France peut éviter le suicide de notre pays, son identité malheureuse. Avec les tendances nationalistes, il faut reconnaitre le besoin de parler de la vocation de la France, mais cette vocation est catholique et universaliste.  Avec les musulmans, il ne faut pas exclure de la société française la dimension religieuse. Un laïcisme areligieux, un matérialisme nihiliste est un boulevard pour l’islamisme. Avec les « laïcs » agnostiques, il faut continuer de distinguer le politique et le religieux, rechercher l’universel, défendre la liberté de conscience, mais accepter la vocation transcendante de l’homme, l’alliance avec la sagesse éternelle, pour le bien de l’homme. Avec les catholiques, il ne faut pas retomber dans les tentations gallicanes, le particularisme anti-romain. La société française parait diviser. Il est possible que la France vive un combat entre des nationalistes cocardiers, des islamistes et des laïcistes antireligieux, voire que les catholiques deviennent l’ennemi commun, le bouc émissaire, de ces forces antogonistes. Et cette lutte mortifère peut entrainer notre pays jusqu’au fond de l’abîme, par une lame de fond. Mais ces différentes composantes pourraient reconnaitre la vocation universelle et catholique de la France, son âme de fond, aspiration secrète de chaque français ? De fait, ces trois composantes portent chacune une vérité partielle. Avec les nationalistes, il faut s’interroger sur l’identité française. Avec les musulmans, on ne peut pas exclure la dimension religieuse de l’homme. Avec les laïcistes et les élites cosmopolites, nous avons une vocation à l’universel. Les catholiques pourraient être le ferment de dialogue et de synthèse. Si chacune des trois tendances, nationaliste, musulmane, laïciste, se voit comme exclusive, notre pays peut être au bord de la guerre civile. Mais si elles comprennent que leur point de vue légitime, mais limité, peut s’accomplir dans la vocation catholique et universelle de la France, alors notre pays peut renaitre et être sauvé. La France doit passer à travers la mort et la résurrection du Christ, de la souffrance à l’espérance, du vague à l’âme à l’âme de fond.