La Comté et l'Amazone - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La Comté et l’Amazone

Traduit Claude

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J’ai fait des randonnées à l’ouest d’Oxford la semaine dernière – des vacances tardives après un été actif – traversant certains des villages où J.R.R. Tolkien et C.S. Lewis ont cheminé ensemble. Tolkien avait en partie ce paysage à l’esprit lorsqu’il a créé la Comté. Le dimanche, j’ai même consommé une bière et un sandwich au bacon -et- canneberge à la « The Bell Inn » à Moreton-in-Marsh, qui a servi de modèle à Tolkien pour « The Prancing Pony » dans le Seigneur des anneaux – là où les hobbits ont rencontré pour la première fois Aragorn, ultérieurement le vrai roi de Gondor.

Tout ceci était magnifique et édifiant d’une manière qu’il serait difficile d’exprimer sauf si vous aviez l’imagination de Tolkien lui-même. La région est à la fois la même et – sans aucun doute – très différente de ce qu’elle était lorsque lui et Lewis y cheminaient. Il y a maintenant des touristes et la télévision. (Par accident nous avons trébuché dans l’église de Blockley où la série policière T.V. du Père Brown – une version théologiquement stérilisée du Père Brown de Chesterton – a été filmée). Cependant, les collines et les champs, les fermes éparpillées et les villages en pierre, vous mènent dans un monde différent.

Souvent la nature exacte de ce monde est perdue dans nos actuels débats environnementaux. Nous avons maintenant un grand pouvoir sur la nature. Les importants progrès dans la science pure et les développements quasi-miraculeux dans la technologie – particulièrement dans la médecine – sont de grandes bénédictions, c’est sûr, mais ce sont aussi de grands défis.

Pour mettre cela dans une perspective biblique, ce qui veut dire dans le vrai contexte, il y a là une lutte permanente entre l’utilisation de l’intelligence humaine pour coopérer avec la création pour pousser plus loin le bien, et l’impulsion prométhéenne – et le désir d’être le maitre de la nature et de nous-mêmes, tout à fait indépendamment de tout ordre ou vérité qui nous sont donnés, autre que ce que nous créons.

Parce que les forêts tropicales ne nous enseigneront pas comment nous relier à elles ou au reste du monde. Nous avons à y travailler nous-mêmes – à moins que nous renoncions aux progrès dans le domaine de la production alimentaire, du transport et du stockage et des médicaments que nos cerveaux ont été capables de réaliser. Aucune personne saine d’esprit ne compte vraiment faire cela.

Si vous désirez commencer à penser sur ce sujet d’une manière différente, essayez de lire le livre de J. Ratzinger, « Au commencement » ou les « Lettres du lac de Côme » de Romano Guardini. (J’ai essayé d’appronfondir quelques-unes de leurs visions en abordant les questions courantes dans mon livre « La Vierge et la Dynamo ».

Comme vous pouvez vous y attendre, Ratzinger rattache les problèmes environnementaux à la vision très théologique dans la Genèse au sujet de la création et de la juste « autorité » que nous êtres humains avons reçu sur la nature. Dans la tradition théologique, la nature est souvent présentée comme une sorte de second « livre » de la Révélation, quelque chose qui nous dit quelle est notre place dans l’univers, mais seulement si on lit correctement à travers les lentilles de l’autre « livre », la Révélation.

Il est significatif que, en ceci, le Synode sur l’Amazonie semble précisément revenir en arrière – comme si les jungles de l’Amazonie étaient une sorte de voix mystique qui puissent « corriger » les erreurs de la civilisation humaine et même le Christianisme lui-même. Le synode nous donne un aperçu exact – que la Création n’est pas simplement une matière et une énergie indifférentes que nous sommes libres de modeler comme nous le désirons – mais adopte le contraire, comme si nous, êtres humains, étions simplement des récipients passifs du « souffle » divin d’une forêt printanière ».

Romano Guardini est d’une grande aide pratique dans cette affaire. Comme son nom l’indique, sa famille était d’origine italienne. Ils émigrèrent en Allemagne quand il était jeune. II écrivit en allemand, mais fit régulièrement des voyages d’été en Italie.

Son histoire personnelle le conduisit à une perspicacité de valeur. Il était frappé par le fait que, dans l’Allemagne la plus industrielle, des usines et des entrepôts étaient sommairement érigés, ignorant largement la nature environnante. En Italie, par contraste, les bâtiments et même des villes entières, étaient construites non contre, mais comme une sorte d’extension du paysage, – une harmonie agréable entre la nature et l’homme.

Il peut y avoir eu un brin de Romantisme même dans Guardini – l’ancien pays paraissant plus humain que le nouveau. Il y a nécessairement des industries modernes –des mines, des manufactures, des producteurs d’électricité et encore d’autres – qui deviendront peu à peu dégradéers et laides, peut-être pour toujours.

Mais le principe de base, que Guardini a identifié demeure. Aussi loin que nous le pouvons, nous ne devrions jamais être des Prométhée – foulant des pieds la nature pour obtenir ce que nous voulons – ni des Romantiques, croyant à tort que la nature comme nous l’avons trouvé est divine. Plutôt, nous devrions entreprendre le devoir humain de lutter pour être vraiment nous-mêmes – moralement, intellectuellement, et émotionnellement, au sein de la Création.

Vous pouvez voir les signes de ce que cela peut signifier non seulement dans la campagne italienne, mais aussi dans les collines ondulantes du Gloucestershire et du Worcestershire. J’ai été dans les forêts équatoriales du Brésil, et j’ai vu des possibilités, même là-bas. La Comté est un lieu idéal, un rêve par beaucoup d’aspect, mais un rêve que nous n’aurions pas tort d’essayer de faire une réalité.

https://www.thecatholicthing.org/2019/09/09/the-shire-and-the-amazon/

Robert Royal est Rédacteur en Chef du « The Catholic Thing », et Président de « The Faith & Reason Institute à Washington, D.C.. Son livre le plus récent est : A Deeper Vision : The Catholic Intellectual Tradition in the Twentieth Century » publié par « Ignatius Press ». « The God That Did Not Fail : How religion Built and Sustains the West », est maintenant disponible chez « Encounter Books ».