L'union des contraires - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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L’union des contraires

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Peut-on réconcilier les contraires ? C’est d’évidence difficile. Ainsi hier, place de la République, Johnny Hallyday était invité à chanter pour honorer les victimes de l’année dernière, singulièrement celles de Charlie Hebdo. Or, Johnny était régulièrement la cible de l’ironie du journal satirique, avec la verve qu’on lui connaît et qui dépasse souvent les limites. On peut penser que c’est très généreux de la part de Johnny d’oublier ces mauvais souvenirs et de se réconcilier avec ses adversaires d’hier. Mais ce n’est pas l’avis de tout le monde. Il y a eu des protestations contre sa présence, notamment de la part des plus ardents partisans de Charlie, ceux qui s’identifient vraiment à son esprit. Les mêmes auraient pu s’indigner aussi de la présence du chœur de l’Armée française, pour honorer des anti-militaristes viscéraux. Il ne manquait plus, comme l’an dernier, que le glas de Notre-Dame pour que des anti-cléricaux proclamés soient salués également par l’autorité religieuse, toujours brocardée, et même vilipendée de la pire façon.

On a beau faire : il est extrêmement difficile de créer l’unité des esprits et des cœurs. Et si l’on réussit provisoirement à trouver un consensus sur la liberté d’expression, celui-ci est rapidement mis à mal. Et la querelle reprend de plus belle. Ainsi à propos du blasphème. Pour certains, il est le signe le plus évident de l’émancipation de la pensée. Pour d’autres, il est une atteinte délibérée à la conscience personnelle. C’est l’avis d’un Michel Onfray, qui contredit ainsi délibérément l’image d’anticlérical que l’on se faisait de lui : « Je n’aime pas le blasphème, a-t-il déclaré au Figaro Magazine. Tout le monde a des choses sacrées, que ce soit Dieu ou la montre de son père. On peut rire du sacré d’un autre, mais on ne peut pas humilier l’autre pour son sacré. Le sacré est subjectif mais aussi respectable. » Voilà au moins un avis à prendre en compte, alors que le débat est en train de rebondir sur le sujet avec l’essai iconoclaste d’Anastasia Colosimo intitulé Les bûchers de la liberté (Stock). Je serais assez d’accord avec sa thèse. Peut-on être en faveur de la liberté d’expression en souhaitant qu’elle se régule elle-même pour respecter autrui et ses convictions les plus chères ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 janvier 2016.