L'islamisation de la radicalité - France Catholique
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L’islamisation de la radicalité

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On a toujours avantage à se mettre en quête de la meilleure information possible, de l’expertise la plus éclairée, de la réflexion la plus élaborée de la part de gens qui étudient les phénomènes au plus près possible et avec la sagacité que leur confère une culture approfondie. C’est la raison pour laquelle j’ai pris connaissance hier dans Le Monde d’un article substantiel d’Olivier Roy intitulé : « Le djihadisme est une révolte nihiliste ». L’auteur est un politologue reconnu, spécialiste de l’islam auquel il a consacré toute sa vie de chercheur. Mais dans le cas précis c’est le caractère pointu de l’information qu’on retient. Olivier Roy, a, en effet, minutieusement répertorié les jeunes gens qui ont été gagnés au terrorisme islamiste, et son diagnostic est formel à leur propos : « Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité. »

En d’autres termes, ce n’est pas la culture ou la piété musulmane qui attirent ces jeunes gens. Il n’ont aucune culture religieuse sérieuse et n’ont pas été formés à la piété. Bien au contraire, ils participaient à plein aux dérives de leur génération, avec tous ses excès. Beaucoup ont un passé de délinquant et ont fait un séjour en prison. Ce qui les détermine, dans leur conversion très particulière c’est un processus de radicalisation nihiliste : « Ils exhibent alors leur nouveau moi tout puissant, leur volonté de revanche sur une frustration rentrée, leur jouissance de la toute nouvelle puissance que leur donnent la volonté de tuer et leur fascination de leur propre mort. La violence à laquelle ils adhèrent est une violence moderne, ils tirent comme les tireurs de masse le font en Amérique ou Breivik en Norvège, froidement et tranquillement. Nihilisme et orgueil sont ici profondément liés. »

L’analyse d’Olivier Roy n’invalide pas, je crois, ce que j’ai développé ici-même à propos de la violence et du religieux archaïque, un mélange qui peut revêtir des formes très modernes. La seule objection que je lui ferais concerne tout de même la relation de ce phénomène de génération avec un mouvement d’amplitude mondiale. L’écrasement de Daesh, dit Olivier Roy, ne changerait rien à cette révolte. Sans doute. N’empêche que Daesh l’alimente, lui confère une dimension internationale. Les nouveaux possédés ne sont pas seuls. Ils s’insèrent dans une machine à terreur qui les englobe et les dépasse.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 novembre 2015.