L'argent (suite) - France Catholique

L’argent (suite)

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Politique, justice, médias… Nous subissons le feuilleton quotidien jusqu’à la nausée. C’est l’occasion d’éditoriaux hyper moralisants sur l’État de droit. Pardon, mais je ne marche pas complètement dans ce jeu-là, parce que j’ai le sentiment qu’il est souvent biaisé et que les procureurs qui ajustent si bien leurs cibles se gardent de nous révéler tout le dessous des cartes. Ils le peuvent d’autant moins que, souvent, ils sont associés au système qu’ils ne dénoncent qu’en partie. Car ce système est complètement dépendant de l’argent, et ils dépendent eux aussi, qu’ils le veuillent ou pas, de cet argent.

Pourquoi ne pas avouer que la politique coûte très cher, que le fonctionnement d’un parti politique coûte très cher ? Qu’une campagne présidentielle coûte les yeux de la tête. Pourquoi ne pas ajouter que nos politiques, même ceux qui sont montés le plus haut dans la hiérarchie des responsabilités, gagneraient infiniment plus dans le monde des affaires ? La tentation est d’ailleurs grande pour eux de participer plus largement aux avantages et aux privilèges de ceux qu’ils côtoient forcément, dans la gestion du pays et de son économie. Un Tony Blair, un Bill Clinton, une Hillary Clinton participent beaucoup plus qu’un François Fillon ou une Marine Le Pen à un mode de vie lucratif, alors qu’ils sont souvent célébrés par les mêmes vertueux éditorialistes comme les icônes de la bonne conscience progressiste.

De même, on pourrait s’interroger sur l’origine des fortunes des grands actionnaires de la presse et des médias. Tant mieux, si les journalistes disposent encore de protections juridiques qui leur assurent la liberté de jugement et d’expression. Mais il est parfaitement hypocrite de ne pas reconnaître que l’argent s’est emparé de l’ensemble du dispositif. Je sais bien que parlant ainsi, je ne fais que mettre en évidence mon irresponsabilité, celle d’un lecteur de Léon Bloy qui a appris très tôt que l’argent est le sang du pauvre. Mais c’est aussi la conviction d’un certain Bergoglio, aujourd’hui évêque de Rome, qui a lu lui aussi très tôt Le sang du pauvre.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 mars 2017.