L’Europe, de la Slovénie à la France - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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L’Europe, de la Slovénie à la France

par Jean-Gabriel Delacour © acip
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Dans moins d’un mois, la France assurera la présidence tournante de l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année. Nul doute que Nicolas Sarkozy ne s’y démènera énormément, à la fois parce que cela est conforme à son caractère et parce que beaucoup de questions nationales sont liées aux institutions bruxelloises. On l’a bien vu très récemment lorsque le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe qui rassemble les États membres de la zone euro, s’est dit peu convaincu par son projet de plafonner la tva sur les carburants — et que les ministres des Finances concernés ont rejeté le 2 juin.

Paris va donc succéder à Ljubljana à la tête de l’Union. La Slovénie aura peu fait parler d’elle, quoique très heureuse d’exercer une fonction confirmant son ancrage européen. Le 1er janvier, sur le site web ouvert pour la présidence de l’Union européenne par son pays, le Premier ministre Janez Jana avait notamment mis en avant « la synergie de tous les citoyens européens hommes et femmes, de toutes les générations et de toutes les cultures » et « la synergie de l’Union avec les autres acteurs, régions et continents du monde », se plaçant ainsi dans une perspective autant modeste que collective. Il avait aussi rappelé que « 2008 est l’année européenne du dialogue interculturel », voulant ainsi montrer que l’Europe ne devait pas s’occuper que d’économie.

La présidence française va notamment être confrontée au problème de la candidature turque. On a remarqué que, lorsque devait se tenir, le 27 mai, le conseil d’association entre l’Union et la Turquie, Paris a tenté de supprimer des documents préparatoires la référence à l’adhésion de ce pays ; mais, comme le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, a menacé de boycotter la réunion, la France a cédé. Il est significatif de relever que le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet — personnellement plutôt favorable à Ankara mais qui défend très bien la position de Nicolas Sarkozy —, a expliqué que la présidence française de l’Union devra se montrer « impartiale, équitable et équilibrée ». En d’autres termes, Paris ne se montre officiellement d’accord que sur les dossiers qui pourraient faire de la Turquie un partenaire privilégié et non pas un membre à part entière. La plupart des pays européens et la Commission appuyant Ankara, on va assister à véritable numéro d’équilibriste…

En attendant, Nicolas Sarkozy multiplie les déplacements. Après la Pologne, sa halte à Vienne le 30 mai a été d’autant mieux ressentie que la France chiraquienne avait ostensiblement boudé l’Autriche à cause de la participation au gouvernement des populistes de Jörg Haider. Aujourd’hui, la décision de ce pays de s’impliquer, au contraire de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, dans l’Eufor, la force d’interposition au Tchad, a été fort appréciée à Paris.