Juan Manuel de Prada, « Une imposture », Le Seuil - France Catholique
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Juan Manuel de Prada, « Une imposture », Le Seuil

Roman

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C’est un roman mais comme toutes les fictions réussies, il parvient à faire entrer le lecteur dans la réalité du monde et de l’homme. Une imposture raconte en effet l’histoire d’Antonio, un petit malfrat madrilène qui par un concours de circonstances va endosser l’identité d’un héros de la division Azul, Gabriel Mendoza.

Le roman revient aussi sur cette période terrible de l’histoire, la seconde Guerre, la lutte à mort entre les deux fascismes, le brun et le rouge, dont l’Espagne fut le premier théâtre de leur affrontement. Bien mené, il raconte l’histoire de ces soldats perdu engagés aux côtés des allemands pour combattre les bolcheviks et qui seront abandonnés par Franco et leurs concitoyens.

C’est aussi un roman, que l’on pourrait qualifier de moraliste, car l’histoire d’Antonio démontre que les actes d’un homme résultent toujours d’un choix entre le bien et le mal, l’injuste et le juste, qui engage, quand il s’agit d’un adulte responsable, sa volonté. Antonio n’est d’ailleurs pas un mauvais bougre et il est capable d’aimer et de reconnaitre ceux qui sont meilleurs que lui. Il aspire fondamentalement à faire le bien mais il est bien difficile de résister à la violence quand votre vie est en danger ou à l’attrait de l’argent, et de la luxure quand ils s’offrent à vous. Le fil conducteur de l’ouvrage réside dans cette phrase, qui revient à plusieurs reprises au fil du texte : «  la vie est toute une, nous finissons toujours par payer les conséquences de nos actes… Non on n’obtient rien de bien en faisant le mal ».

Notre époque est radicalement différente, le contexte culturel a changé mais les questions qui se posent restent les mêmes, sauf qu’aujourd’hui, la notion de responsabilité n’est plus en vogue. Le fameux «  responsable mais pas coupable » de Georgina Dufoix a fait flores aussi bien dans les familles que dans le monde professionnel. S’y est ajouté avec la place majeure prise par la communication, qui nous apprend non pas à être mais à paraitre, le développement de l’imposture comme une nécessité pour réussir. Mais ouf le roman se termine bien — du moins pour la morale — car Antonio sera rattrapé de manière inattendue par ses actes. Il n’en est pas toujours ainsi dans la vraie vie, du moins c’est ce qu’on essaie de nous faire croire.