« Je suis venue vous demander de prier pour la France » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« Je suis venue vous demander de prier pour la France »

En 1947, la France, en grève, est au bord de la guerre civile. Mais les prières adressées à la Vierge par des enfants de l’Île-Bouchard préserveront le pays du chaos.

L’Île-Bouchard (Indre-et-Loire)

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Les enfants, témoins des apparitions de la Vierge dans l’église paroissiale.

Les enfants, témoins des apparitions de la Vierge dans l’église paroissiale.

© Sanctuaire de l’Île-Bouchard

En mai 1947, le parti communiste est évincé du gouvernement où il siégeait depuis la Libération. Décidé à revenir au pouvoir, il déclenche une agitation sociale qui frappe tous les secteurs et paralyse le pays puis, à l’automne, tourne à la grève insurrectionnelle. Il s’agit, ni plus ni moins, de préparer un coup de force et les militants ne reculent devant aucun moyen. Le PCF a reçu de l’URSS l’ordre de combattre le Plan Marshall, présenté comme l’instrument de « l’impérialisme américain ».

L’angoisse grandit partout

Dans la nuit du 4 décembre, des saboteurs font dérailler l’express Paris-Lille, tuant une vingtaine de passagers. La France est au bord de la révolution et son basculement dans le camp soviétique déstabiliserait le monde libre. À vues humaines, plus rien ne semble en mesure d’éviter cette catastrophe. La « guerre froide » pourrait dégénérer en guerre mondiale. L’atmosphère est lourde, l’angoisse grandit partout, même dans un petit village comme L’Île-Bouchard, en Touraine, où les religieuses de l’école invitent leurs élèves à prier pour la France. C’est ce que font, le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, Jacqueline et Jeanne Aubry, et leur cousine, Nicole Robin, âgées de 12, 7 et 10 ans : elles vont à l’église Saint-Gilles dire le chapelet. Au quatrième Ave, une Dame blonde, vêtue de blanc, belle, grave, apparaît accompagnée d’un ange. Les enfants, effrayées, s’enfuient puis reviennent avec deux camarades ; Laura Croizon, 8 ans, voit à son tour la Belle Dame.
Elles racontent leur vision à l’institutrice : « Il fallait rester à l’église ! » Elles y retournent. La Dame et l’ange sont là : « Dites aux petits enfants de prier pour la France qui en a grand besoin. — Madame, êtes-vous notre Maman du Ciel ? — Oui. » L’ange ajoute : « Je suis l’archange Gabriel. » La Dame demande de revenir le soir et, le lendemain, 9 décembre, de prévenir « Monsieur le curé de venir avec la foule et les enfants prier pour la France ». Le 10, elle dit à Jacqueline qui demande un signe : « Je ne suis pas venue ici faire des miracles mais vous demander de prier pour la France, mais demain, vous y verrez clair et ne porterez plus de lunettes [Jacqueline est très myope, NDLR]. Je donnerai du bonheur dans les familles. Priez pour les pécheurs. Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour vous demander de beaucoup prier et faire des sacrifices. »

Un intense rayon de soleil

La nouvelle des apparitions s’est répandue. Les pèlerins affluent. Le 14, lors de la dernière apparition, Jacqueline implore encore un signe. La Sainte Vierge promet d’envoyer avant de partir « un vif rayon de soleil ». Ce serait un miracle car il pleut à verse. Or, pendant le chapelet, un intense rayon de soleil éclaire la nef par le sud, fait impossible en cette saison et contourne un gros pilier pour atteindre la chapelle des apparitions, contredisant toutes les lois de la physique… Surprenant, certes, mais pas plus, somme toute, que le dénouement de l’histoire. En effet, le 9  décembre, sans explication ni raison apparente, le parti communiste, sur le point de triompher, décide brusquement de cesser la grève. La révolution n’aura pas lieu. Même si ces apparitions ne sont pas officiellement reconnues par l’église, la prière des enfants a sauvé la France.