« J’ai été fortifié dans mon ministère de prêtre » - France Catholique
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« J’ai été fortifié dans mon ministère de prêtre »

Le Père Georges Vandenbeusch, vicaire général des Hauts-de-Seine, a été enlevé par les hommes de Boko Haram et retenu au Nigeria en 2013. Une expérience qui a changé sa façon de vivre son sacerdoce.

Otage au Nigeria

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Le Père Georges Vandenbeusch.

Le Père Georges Vandenbeusch.

© Hélène Chabrol Thomas / CC by-sa

Peu après 23 heures, le 13 novembre 2013, une quinzaine d’hommes armés, arrivés à moto, investissent la mission catholique de Nguetchewé dans le diocèse de Maroua -Mokolo dans la province de l’extrême nord du Cameroun. Le Père Georges Vandenbeusch, alors âgé de 42 ans et originaire du diocèse de Nanterre, est poussé pieds nus hors de son presbytère, dont la porte a été défoncée à coups de pierres. Il est embarqué de force sur une moto en direction du Nigeria voisin de 14 kilomètres et vivra en captivité en pleine forêt, gardé nuit et jour par des hommes armés, jusqu’à sa libération un mois et demi plus tard, le 31 décembre 2013.

Le secours des Écritures

Le prêtre kidnappé n’a jamais craint pour sa vie. Il savait qu’il avait une valeur marchande et sa liberté retrouvée est due à un échange de prisonniers. « Mes ravisseurs ignoraient que j’étais prêtre et français mais, parce que j’étais blanc, je représentais le chrétien argenté. J’étais au Cameroun depuis septembre 2011 et je voyais progresser l’offensive de Boko Haram sur les populations, obligées de fuir sous peine de conversion. En captivité, c’est la colère de ne plus pouvoir protéger mes paroissiens qui m’a animé. »

Le Père Vandenbeusch, en effet, ne s’économisait pas pour ses ouailles. Il se battait pour l’éducation des jeunes filles, payait les frais de scolarité des plus pauvres, sans distinction de religion. « Après le traumatisme de l’enlèvement où je n’étais plus capable de prier, me sont revenus en tête quelques psaumes, mais aussi la parabole du Bon Pasteur pour ses brebis. J’étais en permanence frustré d’être dépossédé de ma charge de curé. J’ai mis du temps à comprendre que le seul vrai pasteur qui s’occupait de mes paroissiens pendant mon éloignement, c’était Jésus. Souvent, en mission, nous sommes victimes d’un activisme apostolique ! J’ai admis que seul le Christ apporte le Salut et j’ai appris à confier au Bon Pasteur mes paroissiens dans la prière. »

Pendant son expérience d’otage, le Père Vandenbeusch a aussi médité sur la façon de se comporter en chrétien avec ses ravisseurs. Les hommes de Boko Haram l’agaçaient en venant systématiquement prier sous son nez et la tentation fut grande de répondre également par une prière quotidienne ostensible… Puis le prêtre a saisi que la prière ne devait pas ressembler à une façon de faire la guerre. Il se mit à se recueillir sans provocation, mais sans se cacher.

Une vie transformée

Sa vie spirituelle a-t-elle été changée par cette épreuve ? « Je ne vois pas de fécondité ou quelque chose de bon dans une expérience qui vient du mal. En revanche j’ai été transformé par ma vie de prêtre au Cameroun et la captivité m’a fortifié dans mon ministère. La façon dont les chrétiens vivent leur foi, dans un grand dénuement, simplement réconfortés par la lecture de l’Évangile, m’a bouleversé. Je suis admiratif du clergé camerounais et nigérian qui garde son indépendance et sa force dans l’adversité. Certains prêtres qui osent affronter les chefs locaux sont de vrais empêcheurs de tourner en rond ! »

Le Père Vandenbeusch tient à apporter une nuance pour brosser le portrait d’une situation ô combien complexe : « La plus grande des menaces au Nigeria est la misère qui prospère sur un terrain gangrené par l’islamisme radical, d’où le fait que les enlèvements de prêtres ou de religieux sont parfois dus à des bandits… qui ont reçu le baptême catholique », rappelle-t-il.

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