Immigration : reparlons-en ! - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Immigration : reparlons-en !

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Nous en reparlerons, disais-je hier, à propos du formidable défi des flux de populations et des résistances de plus en plus fortes que suscite en France et en Europe l’immigration. L’affaire de la jeune Leonarda a porté à l’incandescence, en quelques jours, un débat qui n’est pas près de s’éteindre et qui n’a d’ailleurs pas commencé hier. Il se trouve, en effet, que j’ai publié, il y a une quarantaine d’années, une critique très polémique à l’encontre d’un roman lui-même très provocateur de Jean Raspail intitulé Le camp des saints. Le roman qui eut d’ailleurs un grand succès et fascina même, paraît-il, le président américain Ronald Reagan, dénonçait le péril d’une invasion de l’Europe par une immense flotte de navires remplis de misérables résolus à atteindre l’eldorado de leurs rêves. Le romancier, de grand talent au demeurant, ne cachait pas son dessein qui était de faire peur, de jeter un cri d’alarme à une Europe qui risquait d’être submergée par ladite invasion. La pleutrerie de ses dirigeants et de ses intellectuels était dénoncée. Tous capituleraient, faute du courage nécessaire pour stopper les envahisseurs.

J’avais très mal réagi à l’époque, car le livre nous enfermait dans une impasse totale. C’était d’avance la thématique du choc des civilisations qui nous était assénée et dont il était impossible de se libérer. D’ailleurs, il paraît que Samuel Huntington avait été lui-même lecteur passionné du Camp des saints qui confortait son intuition fondamentale du caractère inéluctable d’un conflit sans remède entre pays nantis et populations misérables. Certains ont ramené le roman à la surface, ces derniers temps, pour justifier une réponse musclée à l’arrivée des bateaux de réfugiés à Lampedusa. Les mêmes accusent le pape François de désarmer la résistance de l’Occident.

Pour ma part, je n’ai pas changé d’avis. Je ne prétends nullement que l’immigration ne pose pas de problèmes extrêmement graves. Mais je conteste que nous soyons condamnés à une guerre inexpiable. Il faut absolument trouver les moyens d’éviter cette guerre, au travers d’un dialogue entre les États et les peuples.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 octobre 2013.