« Il faut se réapproprier notre libre arbitre » - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

« Il faut se réapproprier
notre libre arbitre »

Les élections législatives de juin ont été marquées par une abstention devenue structurelle depuis vingt ans. Selon l’avocat et auteur Jean-Philippe Delsol, la perte du libre arbitre chez le citoyen nourrit ce phénomène préoccupant.
Copier le lien
Adam et Ève, monastère orthodoxe Saint-Antoine-le-Grand, Drôme.

Adam et Ève, monastère orthodoxe Saint-Antoine-le-Grand, Drôme.

© Pascal Deloche / GODONG

Que vous inspire la séquence électorale que nous venons de clore ?

Jean-Philippe Delsol : L’abstention témoigne d’un malaise démocratique. Tout est pourtant fait dans notre société pour que le citoyen prenne part à la vie politique et exerce son droit de vote. Or ce dernier refuse de s’engager, mais aussi d’user de son droit, qui s’apparente à un devoir ! À force d’éloigner les gens de l’exercice de leurs responsabilités, on leur a fait oublier l’idée même de libre arbitre, à savoir qu’ils sont dotés d’une volonté qui leur est propre, pour faire des choix et prendre en main leur destin.
Ce concept de libre arbitre fonde notre humanité. Or, à longueur de temps, le citoyen est bercé par les mots de l’État ou de certains politiques qui assurent qu’ils vont s’occuper de lui, le prendre en charge, l’assurer, le soigner… Par conséquent, il ne sait plus ce que signifie être maître de sa vie.

Les législatives ont aussi donné lieu à des propositions de la part de Jean-Luc Mélenchon qui fleurent bon la déraison ou l’utopie en marche. Paradoxalement, l’homme jouit aujourd’hui de bien plus de libertés, et de moyens pour les exercer, qu’auparavant, mais il ne dispose plus de l’éducation qui lui permettrait d’ordonner cette liberté. Il ne sait plus quoi en faire.

Comment sortir d’une telle impasse ?

La victoire de l’abstention et des extrêmes lors des dernières élections est le résultat de politiques qui n’ont plus le bien commun pour cap, quand le libre arbitre doit toujours y être ordonné. Il faut y revenir par un long apprentissage aux responsabilités, des enfants comme des adultes, pour qu’ils soient capables, dans l’usage de leur libre arbitre, de se réapproprier la vie politique comme la leur propre.

Comment naît la notion de libre arbitre, notion qui était inconnue des hommes de l’Antiquité ?

Les hommes des mondes antiques sont livrés à leur destin. « Il faut porter d’un cœur léger le sort qui vous est fait et comprendre qu’on ne lutte pas contre la force du destin », énonce Eschyle dans son Prométhée enchaîné. Mais comment porter son sort avec « un cœur léger » pour un Œdipe condamné par le destin à tuer son père et épouser sa mère ?

Le polythéisme favorise cette soumission à la « force du destin », parce que les panthéons [temple des dieux NDLR] sont alors imaginés comme des théâtres de marionnettistes, tirant les ficelles du monde des hommes. Le judaïsme a commencé à concevoir l’homme comme un être libre, avant que le christianisme ne fasse du libre arbitre une pierre angulaire de son anthropologie.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.