Hiroshima - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Hiroshima

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Hier, lundi 11 avril, John Kerry, Secrétaire d’État américain, a rendu hommage aux 140 000 victimes directes ou indirectes de l’explosion d’une bombe atomique, américaine en l’occurrence, à Hiroshima. Jamais un responsable américain de ce niveau n’avait accompli un tel geste. Devant le mémorial de la paix dans la ville martyre japonaise, John Kerry s’est montré ému : « Cela nous rappelle avec force et dureté que nous avons non seulement l’obligation de mettre un terme à la menace des armes nucléaires, mais aussi que nous devons tout faire pour éviter la guerre. » Si les autorités japonaises ont apprécié ce geste, il ne semble pas qu’elles attendaient plus encore des États-Unis, des excuses par exemple. La guerre entre Américains et Japonais avait été déclenchée à l’initiative de ces derniers, avec l’agression de Pearl Harbour. Des Japonais qui étaient les alliés de l’Allemagne hitlérienne.

Furent-ils tellement nombreux ceux qui, ayant quelque autorité morale à l’époque, condamnèrent les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki ? Je n’en ai pas l’impression. En France il y eut, me semble-t-il, au moins Albert Camus et Georges Bernanos. Camus dans le quotidien Combat, le 8 août 1945, écrivait : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. » Et Bernanos frémissait de colère, mettant en procès une civilisation sans âme et sans cœur, rendue folle par le vertige de sa propre puissance. Une autre grande voix, celle de Günther Anders, depuis les États-Unis mêmes, ne cessera d’alerter la conscience de ses contemporains. L’auteur de L’obsolescence de l’homme avait été en correspondance avec un des pilotes de l’avion qui avait lancé la bombe sur Hiroshima et ne s’en était jamais, psychologiquement et moralement, remis.

Ce n’est pas seulement la question de la guerre moderne qui était posée, mais celle de la puissance de la technique confrontée au destin de l’humanité. Aujourd’hui, le défi du transhumanisme concerne également le génie faustien d’une humanité sans boussole et sans nord magnétique.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 avril 2016.