La mystique du Président - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La mystique du Président

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Hier, j’ai brièvement évoqué les affinités d’Emmanuel Macron avec la philosophie. Mais on me suggère d’aller plus loin en m’interrogeant sur ses affinités avec le christianisme. N’a-t-on pas parlé des accents mystiques de sa campagne ? Dans La Croix, Béatrice Bouniol en a fait tout un article, où elle rappelle les mots mêmes du candidat durant sa campagne : « La politique, c’est mystique. » Sans complexe, il assumait même « une dimension christique » et une relation à la transcendance. Y a-t-il dans l’histoire de nos Républiques beaucoup de responsables à avoir osé dire aux citoyens qu’il les « servirait avec amour » ? C’était aller beaucoup plus loin que nos documents épiscopaux qui se sont surtout concentrés sur la notion de bien commun. Faut-il donc s’étonner de ce passage de frontière, qui ne me semble pas avoir été contesté par les concurrents ?

Sans doute, y a-t-il des précédents dans l’histoire de la pensée. On évoque à juste titre Charles Péguy, avec ses célèbres formules sur la mystique qu’il met au-dessus de tout, alors que la politique risque d’en être la trahison. Il est vrai que le poète et le penseur mettait au-dessus de tout les convictions profondes qui doivent inspirer les hommes libres et qu’il avait en souveraine horreur les compromis, pour ce qu’ils étaient comme manquement à la foi qui doit nous animer. « Ne pas croire en ce que l’on croit », ou en ce que l’on prétend croire, c’était pour lui le péché capital d’une certaine modernité.

Il est d’autres approches d’une doctrine de l’amour en politique. La notion d’amitié est au cœur de la pensée d’Aristote, comme fondement du lien social. Et préalablement à tout contrat, la société est construite sur l’immense réciprocité de service qui la constitue. Dans cette acception, l’amour n’est pas une effusion purement sentimentale, il est le principe effervescent de l’entente et de l’entraide entre tous, quels qu’ils soient, forts ou humbles, riches ou pauvres. Dans une apparition, le Christ disait à sainte Catherine de Sienne : « J’ai voulu qu’ils aient besoin les uns des autres. » Il y a ainsi une sorte de base matérielle à l’échange et aux services qui nous renvoie assez loin du cynisme d’une conception de l’économie où les vices privés font l’affaire de la prospérité générale. Puisse ce genre de réflexions subsister au-delà de nos campagnes électorales.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mai 2017.