Ginger et Rosa ou les désastres de la révolution sexuelle - France Catholique
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Ginger et Rosa ou les désastres de la révolution sexuelle

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Dire publiquement qu’un divorce, une rupture — peu importe le nom qu’on lui donne — n’est pas anodin est depuis longtemps très politiquement incorrect. Il est encore plus inconvenant d’affirmer qu’il détruit non seulement au moins un des adultes abandonné, souvent trompé, humilié dans son être le plus intime mais également les enfants, surtout lorsqu’ils traversent la mue qu’est l’adolescence ; d’autant que les deux événements coïncident régulièrement : la crise de l’adolescence en mettant violemment en cause les parents est un facteur de fragilisation du couple parental.

Ce que le discours public a abandonné, le cinéma, la littérature s’en empare pour notre plus grand bonheur ; c’est le cas de l’excellent film Ginger et Rosa en salle depuis le 29 mai : Ginger et Rosa sont deux ados de 17 ans, anglaises nées en 1945, l’année d’Hirohsima. Amies depuis le berceau, elles partagent tout. Les parents de Rosa ont divorcé, le père de Ginger, Roland est un prof séducteur, libre penseur, anarchiste, objecteur de conscience pendant la guerre et qui trompe sa femme Nathalie avec ses étudiantes, tout en ne levant pas le petit doigt pour l’aider matériellement du fait de ses principes anti bourgeois.

Ginger est une jeune fille coquette mais qui écrit des poèmes et s’engage pour le désarmement nucléaire, encouragé par son père, ravi de la voir s’engager à fond pour ce qu’elle croit ; parce qu’elles sont des filles, toutes les deux entrent en conflit avec leur mère, à qui elles ne veulent à aucun prix ressembler.

La réalisatrice Sally Potter dresse le portrait d’adolescentes emblématiques, c’est-à-dire entières et cohérentes jusqu’à la rigidité ; Rosa, moins intello, rêve d’amour mais est surtout amoureuse de l’amour, comme on l’est à cet âge ; cela commence dans la comédie et se termine dans le drame. Le film dépeint avec beaucoup de finesse la fragile frontière qui sépare l’adolescence de l’enfance : Ginger et Rosa ont beau jouer aux grandes personnes, elles sont encore des enfants qui ont besoin qu’on prenne soin d’elles, qu’on les ménage et qu’on respecte leur besoin d’absolu. Il analyse aussi la confrontation inévitable des générations, quand les adultes se conduisent comme des enfants individualistes ne respectant que leur propre désir.

Il plaide enfin à sa manière pour la famille nucléaire traditionnelle, en comparant les effets de la désagrégation d’une famille à celui d’une explosion nucléaire. Ce parti pris audacieux — à une époque, où il est de bon ton de vanter l’émergence de nouveaux modèles familiaux et de le considérer comme un progrès social- explique-t-il le petit nombre de salles où il est diffusé ? J’espère que non.