Géorgie, Crimée, Moldavie, « dominos » pour l’empire de Poutine ? - France Catholique

Géorgie, Crimée, Moldavie, « dominos » pour l’empire de Poutine ?

Géorgie, Crimée, Moldavie, « dominos » pour l’empire de Poutine ?

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En 2008, c’était l’entrée des chars russes en Géorgie, déjà officiellement pour protéger des civils russes prétendument menacés dans deux régions, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, mais concrètement pour couper les voies possibles d’approvisionnement de l’Europe occidentale en gaz et en pétrole venus d’Azerbaïdjan, de façon à défendre le monopole russe de « Gazprom », arme économique primordiale propre à tétaniser l’Europe occidentale située au bout des tuyaux…

Aujourd’hui, sur la base, historiquement fondée mais exploitée au pas de charge, de l’appartenance majoritairement russe de sa population, c’est la Crimée qui, enlevée à l’Ukraine révoltée de Kiev, revient à son tour dans le sein de la « Mère-Patrie » de Moscou : cela fait suite à un référendum précipité, organisé avec l’appui d’une armée débarquée en force depuis la Russie voisine et épaulée par des miliciens musclés… Et cela donne lieu à des pressions violentes à l’encontre des soldats ukrainiens coincés dans cette nasse, avec hélas déjà quelques affrontements sanglants, comme dans l’Est du territoire ukrainien. Désormais, les Russes interdisent l’entrée de la presqu’île aux officiels ukrainiens désireux de discuter, et occupent de force les bases militaires ukrainiennes qui y étaient installées… ! Après Poutine, faudra-t-il parler d’une diplomatie du fait accompli en ex-URSS ?

Et dès maintenant, comme si les choses n’allaient pas assez vite, voilà que les hommes de Moscou utilisent leur camp retranché de la « Transnistrie » : il s’agit d’un petit Etat-tampon sécessionniste créé de toutes pièces en 1992 au-delà du Dniestr pour séparer l’ancienne République soviétique (ex-roumaine) de Moldavie de l’Ukraine ayant proclamé son indépendance en 1991 comme la Biélorussie d’alors, cinq ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et quelques mois après l’échec du putsch kaguébiste contre Gorbatchev… Ce mardi 18 mars 2014, le président du « Soviet suprême de Transnistrie », un certain Mikhaïl Burla, a soudain demandé lui aussi… son rattachement à la Russie avec des trémolos néo-soviétiques dans la voix… Selon un journal quotidien russe, il vient de rappeler qu’un referendum organisé en 2006 avait annoncé 97% de suffrages en faveur de ce rattachement, exactement comme le résultat final de celui de la Crimée de dimanche dernier…

Problème : sur les 550.000 habitants enclavés dans cette poche néosoviétique ultramilitarisée de Transnistrie, on ne compte qu’un tiers de russophones pour un tiers de roumanophones et le reste est composé… d’Ukrainiens, de Gagaouzes (Turcs convertis au christianisme) et autres groupes ethniques… Cependant, le vice-premier ministre russe Rogozine vient d’annoncer pour ce 20 mars une réunion à Moscou pour manifester la « solidarité » russe avec la Transnistrie, ajoutant froidement que « si la Moldavie signe un accord avec l’Union européenne, alors la situation s’aggravera »… Serait-ce un chantage ? En ce 19 mars, le président moldave devait rencontrer le président de la Roumanie Traian Basescu. Celui-ci a déclaré : « L’objectif du président Poutine est de rétablir les frontières de l’URSS. Quand il ne peut pas y parvenir par la voie pacifique, il fait appel aux tanks ». Voilà une parole claire. Mais inquiétante. C’est celle d’un homme averti.
Denis LENSEL