Gare aux analogies historiques ! - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Gare aux analogies historiques !

Y a-t-il un danger de recrispation à l’égard du domaine religieux dans le projet de loi contre le séparatisme. C’est la crainte de certains. Va-t-on au contraire vers un processus d’apaisement semblable à ce qui s’est passé autour de 1905. Mais l’analogie entre christianisme et islam est-elle pertinente ?
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1904 Séparation de l'Église et de l'État en France - Manifestation devant Notre-Dame des Champs

1904 Séparation de l'Église et de l'État en France - Manifestation devant Notre-Dame des Champs

Décidément, je n’échapperai pas, cette semaine, à la discussion sur la loi contre le séparatisme, ou plutôt la loi « confirmant les principes républicains », pour reprendre les termes employés par le gouvernement. Cet infléchissement sémantique permettra-t-il d’apaiser les esprits, en clarifiant l’objet poursuivi ? Je n’en suis pas sûr. Dans un entretien au Monde, le premier ministre se défend avec force de stigmatiser les musulmans. Il semble que cela ne suffise pas à rassurer notre confrère La Croix, dont le directeur Guillaume Goubert, ne cache pas sa crainte « que les esprits antireligieux ne voient dans cette nouvelle loi l’occasion d’une revanche sur le principe de liberté religieuse qui a fini par prévaloir lors des débats de 1905 ».

Voilà qui m’a rappelé des débats anciens, notamment une conversation avec le professeur René Rémond, figure éminente de l’intellectuel catholique, qui exprimait une inquiétude analogue. On peut voir dans ce type de position un front commun des religions dénoncé autrefois par Alain Finkielkraut. Mon sentiment est qu’au sein même du catholicisme, voire de la hiérarchie, les opinions sur le sujet, et l’islam en particulier, sont très loin de coïncider. Tout d’abord, parce qu’il est périlleux de mettre toutes les religions sur une sorte de pied d’égalité, alors que leurs structures intimes diffèrent considérablement.

Aussi suis-je, personnellement, très circonspect à propos de l’analogie que l’on tient à faire entre ce qui s’est passé entre l’Église catholique et la République française autour de la loi de 1905 et les problèmes d’intégration actuels de l’islam. Certes, on doit souhaiter un apaisement. Mais celui-ci n’interviendra pas dans la méconnaissance d’un tout autre contexte religieux, historique et civilisationnel.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 décembre 2020.