Français, si vous saviez… - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Français, si vous saviez…

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La querelle des chiffres ne peut rien au fait que le rassemblement qui s’est produit, ce dimanche 24 mars, est un des plus imposants qu’ait connu la capitale. Il est significatif d’une mobilisation des esprits, qui surprend et désarçonne quelque peu tous ceux qui avaient annoncé que la réforme du mariage passerait sans aucune difficulté et que de toute façon elle était inéluctable, puisqu’inscrite dans l’évolution des mœurs et la marche de la société. D’ailleurs, certains ne désarment pas face au déferlement de cette nouvelle résistance à laquelle ils ne prédisent aucun avenir. Dans six mois, expliquent-ils, tout sera « plié » et même les opposants au projet de loi Taubira se seront résignés à l’inéluctable. Eh bien, ce qui se passe en ce moment s’inscrit en faux contre cette arrogance et viendrait plutôt confirmer ce qu’un Péguy et un Bernanos écrivaient de la vocation spirituelle de la France.

Français, ô Français, si vous saviez ce que le monde attend de vous ! L’espérance bernanosienne se trouve aujourd’hui confirmée, au-delà des optimismes superficiels et des pessimismes délétères. Car elle se fonde sur un réveil des consciences, qui est d’abord celui d’une certaine France chrétienne, que l’on avait pu croire assoupie, mais qui s’affirme de plus en plus comme une force en marche. Ce n’est un secret pour personne que l’essentiel des troupes et des militants du grand mouvement, qui s’est levé depuis l’automne dernier, provient des diocèses, des paroisses, des mouvements catholiques. Les pasteurs ont été les premiers à s’engager, en payant de leur personne, comme cela ne s’était pas produit depuis longtemps. Les timidités, les pudeurs, voire les peurs semblent comme oubliées, dès lors que le courage spirituel s’allie avec la lucidité intellectuelle, voire politique.

Des hommes et des femmes de bonne volonté venus d’autres horizons, issus d’autres appartenances, font spontanément alliance avec les chrétiens. Lorsqu’un Jean-Claude Michéa, au nom d’une certaine tradition syndicale et ouvrière, dénonce une gauche qui ne trouve plus « ses marqueurs symboliques que dans le “mariage pour tous”, la légalisation du cannabis et la construction d’une Europe essentiellement marchande », il fait appel à un autre secteur du peuple français, qui pourrait bien se trouver solidaire d’une révolte de fond à l’encontre d’une déshumanisation de la société. Le libéralisme moral est le pendant de cet individualisme rapace que dénonçait un Christopher Lasch. C’est pourquoi, Frigide Barjot avait bien raison d’affirmer aux manifestants de dimanche que le monde entier les regardait. C’était toujours l’écho de Bernanos : « Français, des millions d’hommes à travers le monde ne croient déjà plus à cette civilisation, en attendant de la haïr. » Haïr, bien sûr, par amour de ce qui fait vivre !