Europe : La citrouille ou le crucifix ? Raison ou déraison ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Europe : La citrouille ou le crucifix ? Raison ou déraison ?

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Pour celui qui croit et celui qui ne croit pas…

Les citrouilles de Halloween ne sont pas bien loin. Et, ce 3 novembre, on s’en prend aux crucifix. Les crucifix doivent disparaître des salles de classe des écoles publiques italiennes : c’est la cour des Droits de l’Homme de Strasbourg qui le dit. Peu importe, semble-t-il, la loi italienne et que le Conseil d’Etat italien ait tranché en sens inverse, devant la plainte d’une maman d’Albano Terme, dans le Nord de l’Italie, près de Padoue. Mais cet avis n’est pas contraignant, rappelons-le !

Retrouver la raison ?

Si le bon saint Antoine pouvait aider à raison retrouver ?!

Le geste a mauvaise presse. En Bavière, c’est Hitler qui a ordonné de supprimer les crucifix. Un juif, roi d’amour, en croix, partout, insupportable !

Le gouvernement italien projette de déposer un recours contre la Cour européenne. La mairie de Rome a protesté devant une telle salve contre son patrimoine.

Les luthériens italiens se demandent comment on peut arriver à ces situations sans dialogue entre qui croit et qui ne croit pas, et où l’on s’imagine remplacer le manque de dialogue interne par une sentence extérieure.

L’Europe se sabote

D’aucuns estiment que l’image de l’Europe va être sabotée par ce type d’ingérence.

Une ingérence ressentie comme indue dans un pays à la culture enrichie à jamais par les valeurs judéo-chrétiennes. Et dont la « laïcité » est vécue, à l’italienne, et pas dictée par une cour quasi étrangère à cette culture qui attire des millions d’immigrés, de pèlerins, de touristes.

L’arrêt a été rendu dans par une chambre de la Cour des Droits de l’Homme composée de sept juges : Françoise Tulkens (Belgique), présidente, Ireneu Cabral Barreto (Portugal), Vladimiro Zagrebelsky (Italie), Danutė  Jočienė (Lituanie), Dragoljub Popović (Serbie), András Sajó  (Hongrie), Işıl Karakaş  (Turquie), juges, ainsi que de Sally Dollé, greffière. 

Or, le crucifix, n’est-ce pas aussi une protestation éloquente et millénaire contre le mépris des droits humains (justement !!!) bafoués par un peuple qui en occupait un autre en réprimant toute opposition, y compris spirituelle, dans le sang ? !

Les crucifix sont prévus dans le « mobilier » scolaire par une loi de 1859, en plein Risorgimento, pourtant hostile à l’Eglise. On avait déjà conscience que le symbole embrassait toute la nation, par-delà les frontières visibles de l’Eglise catholique où l’on voudrait le confiner aujourd’hui.

Hoc signo vinces 

Or, il est impossible d’évoquer la culture italienne (les deux tiers du patrimoine artistique mondial) sans l’immense fécondité artistique de l’Evangile et de la vie des saints. Impensable, l’Italie, sans saint François d’Assise et le crucifix de saint Damien (chrétien, bouddhiste, musulman ou non croyant, on vient du monde entier vénérer François, artisan de paix !) ou sans Notre-Dame de Lorette, les mosaïques de Montréal et la Pietà de Michel-Ange.

Impensable, une promenade dans Rome, sans les oratoires ornant les angles des « palais » : Vierge à l’Enfant, saint patron, ange, croix. La croix y est perçue comme le symbole de l’amour, un amour qui ne lâche jamais l’homme seul dans ses épreuves. Loin de les chasser de l’espace public on les restaure soigneusement.

Histoire, quand tu nous tiens ! Impossible de passer le Tibre au pont Milvius sans entendre le « Hoc signo vinces » et s’entendre raconter la vision, tant de fois représentée dans l’art, d’une croix de feu apparue dans le ciel entourée de cette inscription, au moment où Constantin allait marcher contre Maxence. On sait que Constantin fit orner son étendard de ce signe mystérieux, et qu’il le fit peindre sur les boucliers, les casques et les armes de ses soldats.

De toutes nos forces !

Le cardinal Bertone ne mâche pas ses mots, toujours très imagés : « Cette Europe du troisième millénaire ne nous laisse que les citrouilles » d’Halloween et « nous enlève les symboles les plus chers ».

Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, a réagi, dans L’Osservatore Romano, du 5 novembre, à la sentence de Strasbourg en allant droit au but : « Nous devons chercher de toutes nos forces à conserver les signes de notre foi pour celui qui croit et celui qui ne croit pas. »

La croix « est un symbole d’amour universel, non pas d’exclusion mais d’accueil », déclare l’archevêque italien qui s’interroge: « Je me demande si cette sentence est un signe de raison ou non. »

NB