Est-ce que “Dawa” fait partie de votre vocabulaire ? - France Catholique
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Est-ce que “Dawa” fait partie de votre vocabulaire ?

Traduit par Vincent de L.

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Alors, que savez-vous à propos de “dawa” ? Vous savez ce qu’est le djihad et ce qu’est la charia. C’est du vocabulaire islamique de base.

A la fin d’un lexique plus complet se trouvent des termes comme taqiya (une forme de mensonge spécifiquement autorisé pour faire avancer la cause de l’islam). Ou le terme taharrush, qui fut obscur et peut sembler désormais familier dans la mesure où – il s’agit de la pratique par un groupe d’hommes de l’encerclement et de l’agression sexuelle de femmes en public – cela fut matérialisé de manière grossière récemment dans plusieurs cités européennes. Qu’il y ait un nom pour cela suggère que l’occurrence est assez fréquente. Charmant.

Voilà autant de termes que nous ignorions avec bonheur jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Mais combien d’entre vous sont familiers avec dawa ? C’est la question qu’Ayaan Hirsi Ali a posée l’année dernière à une foule d’admirateurs qui étaient venus lui rendre hommage pour des contributions à la culture et la civilisation. Même dans cette assistance très instruite et engagée, peu purent répondre.

Alors elle les a mis au travail. D’une façon qui ne peut évidemment être utilisée qu’entre amis :

« Vous me rendez hommage et j’en suis reconnaissante, mais je voudrais presque dire à tous ceux d’entre vous qui ne savent pas ce qu’est dawa : « Honte à vous ! » »

Ce n’est pas ce à quoi on s’attend dans un banquet de ce genre, ce qui est un moyen des plus efficaces de capter l’attention de l’assistance. Ce n’est pas une mauvaise idée. Mais elle voulait l’attention d’un public plus large et elle a élaboré le concept dans un nouveau rapport accessible via la Hoover Institution.

Dawa peut être assimilé à du prosélytisme mais c’est beaucoup plus que cela. Cela peut être résumé comme le projet insidieux d’islamiser le monde – comme un impérialisme culturel consistant à corroder les libertés occidentales et finissant par imposer la charia. C’est un précurseur global au djihad, un moyen de conquérir sans violence, qui utilise toutes sortes de mécanismes pour parvenir à ce but.

Certains – trop nombreux – diront : c’est de la paranoïa. Le pape François peut pleurer sur l’impérialisme culturel de l’Occident dégénéré d’aujourd’hui. Mais dans la mesure où l’exportation d’idées étouffantes, déshumanisantes est, de manière grave, pas du tout reconnue dans l’Occident « progressif », ce ne peut être que dirigé vers soi-même et concerner le passé.

Dawa n’est rien d’autre que la tentative de subvertir de l’intérieur. C’est « pour les islamistes d’aujourd’hui ce que la Longue Marche à travers les institutions fut pour les marxistes du vingtième siècle. » Nous avons du mal à imaginer les conceptions immuables de l’islam, bien que les dirigeants islamiques eux-mêmes disent sans détour qu’ils conquerront l’Europe et l’Amérique par dawa, pas par l’épée.

Ce serait difficile de trouver cela plus explicitement détaillé que dans le Plan stratégique de la Fraternité musulmane d’Amérique du Nord, pays qu’elle voit comme un territoire à conquérir.

La [Fraternité musulmane] doit comprendre que sa tâche en Amérique est une sorte de grand djihad consistant à éliminer et détruire la civilisation occidentale de l’intérieur et en « sabotant » sa misérable maison de ses main et des mains des croyants, de telle façon qu’elle soit éliminée et que la religion de Dieu soit victorieuse de toutes les autres religions.

Pour parvenir à ce résultat, hélas, ils doivent devenir maîtres dans l’art de bâtir la coopération et des coalitions. Les autorités qui sont tombées par hasard sur ce document en 2004, ont établi le « dialogue » avec leurs partenaires – pour autant qu’ils cherchent à trouver un terrain d’entente – et sont d’autant plus délibérément crédules aujourd’hui.

Sur le sujet, les acteurs islamiques ont leurs « partenaires » (fréquemment catholiques) exactement où ils veulent qu’ils soient, pour l’instant. Hirsi Ali prône que nous devrions être capables de voir – dans notre prétendu « âge de l’information » – où conduit la route de dawa : à l’assujettissement.

Même si la plupart de ses aspects se manifestent de manière informelle, dawa a pourtant systématiquement une infrastructure idéologique. Hirsi Ali nous y introduit dans le détail, en décrivant comment opèrent leurs propres « œuvres caritatives » et leurs réseaux bien pourvus en financements, et comment nos media, notre système éducatif et notre gouvernement sont ciblés. Tout est dans la recherche d’un accord politique conforme aux vues religieuses suprématistes gravées dans l’ADN de l’islam – suprématie qui est supposée être verboten en tant que catégorie dans notre milieu culturel.

Ce qui nous conduit à quelque chose que dawa comporte et qui est particulièrement pertinent dans l’affaire qui nous occupe : « L’abus de la liberté religieuse pour saper cette liberté même. »

Bien que l’Europe soir au bord du précipice de l’islamisation – bien sûr, d’aucuns disent qu’il est trop tard, compte tenu du seul déficit démographique – Hirsi Ali considère que l’Amérique est vraiment plus vulnérable aux tactiques de dawa. La raison ? Notre Premier Amendement.

Ce n’est pas seulement l’interprétation juridique récente : plusieurs voix éminentes, dans leur impartialité et leurs préoccupations à propos des efforts en cours pour rendre le christianisme indésirable en public, affirment que cette liberté doit englober l’islam sur ses propres termes aussi.

Il n’est pas difficile d’apprécier ce point dans l’abstrait. Et pourtant, on nous laisse toujours avec le truisme que transmet Hirsi Ali : la fin du jeu de dawa doit annuler la liberté. La liberté n’est pas la valeur. L’islam est la valeur.

Des concepts de base (par exemple la liberté) qui paraissent assez simples, peuvent prendre des connotations entièrement différentes dans la conception islamique du monde. La paix est un autre point en question ; comme la charité, la paix ne peut être étendue qu’aux seuls frères musulmans, de même, l’harmonie doit être considérée comme ne pouvant advenir que lorsque chacun se soumet – devient musulman. La paix n’est pas la valeur. L’islam est la valeur.

Les propositions pratiques qu’elle émet – différents arbitrages pour équilibrer la tension entre la liberté et la sécurité – sont raisonnables. Cependant, même si ses propositions sont parfaitement mises en œuvre – un grand « si » – et que les populations musulmanes continuent de croître, il semble peu probable que dawa ne suivra pas. Le poids du nombre a ses conséquences.

Hirsi Ali en surpasse beaucoup en défendant les valeurs de cette terre qu’elle appelle maintenant son pays. Ce qui semble pourtant manquer est de souligner que les valeurs qu’elle soutient – les droits, la liberté, le respect pour les personnes- proviennent de quelque part. Elles ne sont pas le fruit du laïcisme. Il est difficile d’entrevoir une solution qui ne fasse pas appel aux racines les plus profondes et les plus vigoureuses de nos valeurs.

31 mai 2017

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Photo : Ayaan Hirsi Ali

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/31/is-dawa-in-your-vocabulary/

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Matthew Hanley est agrégé supérieur au Centre national catholique de bioéthique (NCBC). Avec Jokin de Irala, docteur en médecine, il est l’auteur de Affirming Love, Avoiding AIDS: What Africa Can Teach the West (« Affirmer l’amour, éviter le SIDA: ce que l’Afrique peut enseigner à l’Ouest ») qui a reçu récemment le prix du meilleur livre de la Catholic Press Association.

Les opinions exprimées ici sont celles de M. Hanley et n’engagent pas le NCBC.