Enquête de 2015 sur la persécution des chrétiens au Moyen-Orient - France Catholique
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Enquête de 2015 sur la persécution des chrétiens au Moyen-Orient

Traduit par Antonia

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En 2015 la persécution a touché un bien plus grand nombre de chrétiens que de fidèles de tous les autres mouvements religieux. La persécution a également été la principale cause de l’augmentation mondiale des déplacements forcés de population. Selon l’ONU, le nombre de personnes déplacées dans leurs propres pays et de réfugiés a atteint l’an dernier les 60 millions, du jamais vu.

L’impact de cette spirale de persécutions a été à l’origine de l’exode le plus important de fidèles chrétiens de toute l’histoire du Moyen-Orient.
Par suite de ces déplacements de populations sans précédent, les chrétiens disparaissent rapidement de régions entières – et pas seulement au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique où plusieurs diocèses se sont complètement vidés.

Dans une large mesure, ces migrations sont le résultat d’un nettoyage ethnique fondé sur une haine d’ordre religieux. Cette violence systématique et cette intimidation sont surtout l’œuvre de groupes de terroristes islamistes, Daech en particulier.

L’application impitoyable par Daech de ce nettoyage religieux et territorial correspond nettement à la définition du génocide établie par l’ONU :
« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtre de membres du groupe et atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe… » (article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du génocide de 1948).

Les actes génocidaires de Daech sont surtout dirigés contre les chrétiens. Leur publication en ligne Dabiq proclame : « Nous allons conquérir votre Rome, briser vos croix et réduire vos femmes en esclavage, avec l’aide d’Allah ».
Daech est dirigé par des idéologues fanatiques adhérant aveuglément à une forme extrême de salafisme qui affirme que ses fidèles sont les seuls vrais musulmans. Cette secte exige que le califat débarrasse l’islam du chiisme et des infidèles. Selon Abu Bake Naji, un éminent théoricien de Daech, cela signifie que les terroristes doivent recourir au djihad qui n’est que « violence, rudesse, terrorisme, frayeur et massacre ». [Gestion de la sauvagerie, sic]
En Syrie, cette politique de Daech et la guerre civile sont responsables de la mort de plus de 250 000 personnes et de l’émigration de 11, 6 millions – soit la moitié de la population de la nation. Au moins 3,9 millions de réfugiés syriens sont bloqués au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Turquie. Les réfugiés syriens représentent à l’heure actuelle 25 pour cent de la population libanaise, un pourcentage astronomique.

Et pourtant, la plupart des chrétiens exilés refusent de s’installer dans des camps de réfugiés ou de s’inscrire auprès d’organismes d’aide, de peur d’être lésés ou kidnappés par des musulmans. Au lieu de cela, ils font appel à l’aide d’organisations catholiques internationales de secours, comme Aide à l’Eglise en détresse, et aux autres chrétiens pour se nourrir, se vêtir et éduquer leurs enfants.

Daech espère abolir le passé, le présent et l’avenir du christianisme. En 2015, des églises ont été démantelées, d’anciens manuscrits et sites détruits et un riche patrimoine (plus ancien que l’islam de plusieurs siècles) mis en danger.
Plus de 150 églises, centres pastoraux et monastères ont été endommagés ou détruits en Syrie, notamment l’église historique Saint Georges de Qaber Shamiya, qui a été d’abord pillée puis incendiée. L’église apostolique arménienne des Quarante martyrs d’Alep a été détruite en réaction aux événements organisés par les chrétiens pour commémorer le centième anniversaire du génocide arménien.

Les quarante-cinq églises chrétiennes de Mossoul ont été soit détruites soit transformées en installations militaires ou en mosquées. En janvier 2016, des photos prises par satellite ont confirmé que Saint-Elie, le plus ancien monastère d’Iraq, datant de 590 après J.C. et situé à proximité de Mossoul, avait été réduit en un monceau de ruines par Daech.

Il y a également eu d’intenses persécutions des chrétiens dans d’autres pays du Moyen-Orient : en voici un aperçu général :

Iran : Les chrétiens ont subi davantage de rafles et d’arrestations. Le nombre de chrétiens emprisonnés a doublé en 2015, en dépit de la promesse du gouvernement de promouvoir la tolérance religieuse.

Arabie saoudite : Cette nation qui interdit totalement la construction d’églises chrétiennes continue à détenir le record en ce qui concerne les atteintes à la liberté religieuse, et le nouveau roi a inauguré une approche encore plus dure.

Soudan : Le président Omar el-Béchir a encore durci son programme islamiste ultra. Le nombre de chrétiens au Soudan continue à décliner rapidement.

Turquie : En dépit des réformes annoncées par le gouvernement, les chrétiens sont toujours traités comme des citoyens de deuxième classe. Ils redoutent également la montée de l’islamisme radical en Turquie.

Egypte : Les attentats contre les églises ont diminué depuis que le président Morsi a été démis de ses fonctions, mais les agressions et les meurtres des chrétiens se poursuivent. Le 7 janvier 2015, le président al-Sissi a effectué un acte à forte portée symbolique en assistant à l’office de Noël aux côtés du patriarche copte orthodoxe Tawadros II dans la cathédrale Saint Marc du Caire. Il a également condamné la violence de Daech et d’autres groupes radicaux lors de la célébration de l’anniversaire de Mohammed. « Il est inconcevable », a déclaré al-Sissi, « que la doctrine que nous considérons comme absolument sacrée fasse que le monde musulman tout entier devienne une source d’angoisse, de danger, de meurtres et de destructions pour le reste du monde ». Le poids des paroles et des actes du président était considérable. Malheureusement, le gouvernement égyptien n’y a guère donné suite en accordant leurs droits fondamentaux aux chrétiens.

En ce qui concerne les gouvernements occidentaux, si nombre d’entre eux ont condamné les crimes contre l’humanité des radicaux islamistes, ils n’ont pas mis en œuvre de plans efficaces pour arrêter la violence ou faire en sorte que les chrétiens et d’autres minorités bénéficient d’un protection ou d’un asile sûr. Mais, tout récemment, le Parlement européen a solennellement déclaré que Daech commet un génocide et a prié ses Etats membres d’apporter, conformément au droit international « une protection et une assistance, y compris militaires » à tous ceux qui sont ciblés [par le soi-disant groupe EIIL/Daech].

Mais, tandis que la plupart des pays occidentaux restent passifs, de nombreux chrétiens du Moyen-Orient continuent à tenir bon en dépit des difficultés. C’est l’archevêque melkite d’Alep, monseigneur Jean-Clément Jeanbart, qui a le mieux défini l’attitude de ces chrétiens décidés à résister :

« Nous affrontons l’un des plus importants défis de notre histoire vieille de deux millénaires. Nous allons lutter avec toute notre force et agir par tous les moyens disponibles pour donner à notre peuple des raisons de rester et de ne pas partir ; nous savons que la route qui nous attend sera très dure ; néanmoins, nous sommes convaincus que notre bien-aimé Seigneur Jésus est présent dans Son Eglise et qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons que rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ et qu’à travers toutes ces épreuves nous triompherons grâce au pouvoir de Celui qui nous aime.

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Photographie : Mai 2015 : réfugiés fuyant Daech à Ramadi (Iraq)

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/02/06/2015-survey-persecuted-christians-in-the-middle-east/


George J. Marlin, président du conseil d’administration d’Aid to the Church in Need USA, est un des rédacteurs du Quotable Fulton Sheen et l’auteur des ouvrages suivants : The American Catholic Voter, Narcissist Nation: Reflexions of a Blue State Conservative, et tout récemment Christian Persecution in the Middle East : a 21st Century Tragedy.