Église persécutée - 2011 - France Catholique
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Église persécutée – 2011

Traduit par Pierre

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Président pour les États-Unis de « Aide à l’Église en Détresse » — organisme charitable d’aide aux Chrétiens persécutés ou dans la souffrance (« A.E.D. » en France) — je reçois nombre de documents traitant de violences faites aux Catholiques de par le monde. Puisque les grands médias n’en font pas grand cas, je vous propose un rapide tour d’horizon sur des événements anti-chrétiens qui ont pu échapper aux lecteurs en 2011.

Égypte

Au cours du « Printemps arabe », l’évêque catholique égyptien Mgr Antonios Aziz Mina, de Gizeh, a fustigé les forces de sécurité pour leur inaction lors d’attaques de deux de ses églises par un groupe de musulmans extrémistes. Douze personnes furent assassinées, et plus de deux cents blessées. Furieux, l’évêque déclara: « L’armée ne s’opposera pas aux gens qui commettent ce genre d’action. Elle veut rester neutre. La police n’intervient qu’avec lenteur. Tous ont peur. »

En octobre, l’Église catholique d’Égypte a mis en cause le régime pour la mort de vingt-cinq Coptes. Le gouvernement a encouragé une meute attaquant un groupe de Chrétiens se dirigeant vers le siège de la télévision d’état et faisant appel à une protection. Le Père Rafic Grieche explique: « Nous accusons l’armée et la police d’avoir fait appel à des vagabonds, à des émeutiers, pour attaquer les manifestants. » Du temps de Moubarak il était plus facile de manifester mais « le nouveau régime avec le Premier Ministre Essam Sharaf s’oppose à de telles formes de liberté d’expression.»

Les entrepreneurs chrétiens sont aussi agressés. Les égyptiens ont été incités à boycotter leurs commerces, les chrétiens se font rejeter lors de demandes d’emploi. Exemple d’annonce d’offre d’emploi : « employée portant le voile (islamique). » Au cours du seul mois de décembre, en province, trente boutiques possédées par des chrétiens ont été réduites en cendres.

Les évêques catholiques et orthodoxes se sont plaints que les treize millions de chrétiens d’Égypte vivent les pires épreuves connues depuis des siècles.

Irak

En janvier 2011 le coordinateur pour l’aide humanitaire aux familles chrétiennes en Irak a prié le gouvernement de « dire la vérité, de reconnaître que les chrétiens sont systématiquement agressés afin de les pousser hors d’Irak.» Soixante-dix pour cent des chrétiens du pays ont fui, il n’en reste qu’environ 300.000.

La constitution irakienne traite à part les chrétiens; on entend dans les mosquées des sermons chargés de haine contre les chrétiens. Craignant d’être agressées dans la rue, les chrétiennes portent le voile en public. Le maire d’un village majoritairement chrétien a déclaré à « A.E.D. » : « nous avons de bonnes raisons de croire que des hommes politiques rémunèrent des tueurs visant les chrétiens pour les assassiner ou les chasser.»
Suite à une série d’attentats à la voiture piégée contre des églises au cours de l’été et de l’automne, tuant ou blessant des vingtaines de chrétiens, l’Archevêque catholique syriaque Mgr Yohanna Petros Mouche a lancé un appel aux dirigeants politiques et religieux d’Irak, leur demandant de prendre une position ferme contre la violence: « ils doivent dénoncer vigoureusement ces crimes révoltants qui portent gravement atteinte à la réputation de l’Islam et à la dignité de l’Irak.»

République Démocratique du Congo

La Mère Prieure des Filles de la Résurrection décrivait ainsi à « A.E.D. » la situation au Congo oriental en 2011 : « la guerre continue, les rebelles nous menacent toujours. Les rebelles agressent sans cesse les nonnes, détruisent leurs logements et les forcent à fuir. Les catholiques ne sont plus tolérés à Ciherano.»

Au Nord-Ouest du Congo, l’évêque Mgr. Julien Andavo Mbia expliquait: « l’armée du « seigneur de la résistance » continue à terrorriser la population. Les gens ont peur. » Cette organisation terrorriste, chassée d’Ouganda dans les années 1980, s’est installée au Congo et attaque régulièrement les villages chrétiens. Les autorités gouvernementales ne réagissent guère.

Nigeria

En 2011 cinq églises catholiques ont été détruites, et des centaines de fidèles ont été tués ou blessés. Les évêques se plaignent des politiciens rénégats qui ont suscité la haine religieuse, et sont responsables de flots de sang, tandis que la police a manqué à son devoir de protection de la population. Mgr. John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, a dénoncé le projet terrorriste de scission du pays en zone d’Islam au Nord, et zone chrétienne au Sud: « on ne peut brutalement déporter tous les musulmans au Nord et tous les chrétiens au Sud et couper le pays en deux. — et il poursuit en dénonçant: les terrorristes qui posent problème à quiconque se met en travers de leur action… Ils prétendent agir au nom de l’Islam, mais tuer des innocents est contraire à l’Islam. »

Inde

Les extrémistes politiques continuent à harceler les catholiques dans l’État Indien d’Orissa. Depuis 2008, plus de 170 églises ont été saccagées, 4.000 maisons ont été brulées, plus de 18.000 personnes ont été blessées, 500 tuées, et 40.000 expulsées de leurs maisons. La police locale est accusée de soutenir le parti radical « Hindutva, Rashtriya Swayamsevak Sangh » qui cherche à éliminer les dirigeants chrétiens. L’archevêque Mgr. John Barwa s’est adressé aux autorités locales, et a demandé une enquête, et la reconstruction des communautés catholiques: « mon message est cleir; nous avons besoin de paix et de tranquillité — plus de violences, plus de meurtres. »

Indonésie

Le principal pacifiste catholique du pays, Theophilus Bela, a accusé le président de l’Indonésie et son gouvernement d’avoir failli à leur devoir de bloquer la violence islamiste anti-chrétienne. Les vingt-huit millions et demi de chrétiens en Indonésie forment le groupe religieux le plus persécuté du pays. Mgr. Hubertus Leteng, évêque de Ruteng a constaté qu’une islamisation radicale est menée en grande partie par des militants venus du Moyen-Orient.

Pakistan

L’archevêque Mgr Lawrence Saldanha, President de la conférence épiscopale du Pakistan, a déclaré en 2011 que les perspectives dans le pays sont affligeantes pour les chrétiens. Les catholiques (un million deux-cent mille) sont traités en citoyens de deuxième zone: « nous n’avons pas le droit de nous exprimer. Nous nous sentons opprimés, réprimés, déprimés.» Des douzaines d’écoles catholiques ont été détruites. Les jeunes filles catholiques cherchant à s’instruire sont particulièrement visées. Les chrétiens sont traités comme s’ils n’étaient pas pakistanais, et ont de la peine à trouver du travail. Des extrémistes ont déposé un projet de loi bannissant la Bible. Une pétition a été officiellement déposée à la Cour Suprême du Pakistan pour citer certains passages de la Bible comme blasphématoires.

Le tableau n’est pas bien réjouissant. Et on pourrait ajouter la Chine, le Viet-Nam, Cuba, et bien d’autres pays à ce bref exposé. C’est pourquoi S.S. Benoît XVI, dans son allocution annuelle au corps diplomatique, le 9 janvier, a insisté sur les persécutions dont sont victimes les chrétiens de par le monde. Le monde n’y prête guère attention, et les chrétiens des pays libres devraient faire du bruit et demander à leurs dirigeants d’empêcher les extrémistes anti-chrétiens meurtriers d’en faire à leur guise.


Illustration :

Fresque de Jésus couverte de sang – Église Copte d’Alexandrie, 1er janvier 2011.