Écologie et christianisme - France Catholique

Écologie et christianisme

Écologie et christianisme

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Le 12 septembre dernier, accueillant le Pape Benoît XVI à Paris à l’occasion de sa première visite pastorale en France, Nicolas Sarkozy, Président de la République, déclarait au Palais de l’Elysée devant son hôte: « Les religions, et notamment la religion chrétienne, avec laquelle nous partageons une longue histoire, sont des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, non seulement sur Dieu, mais aussi sur l’homme, sur la société, et même sur cette préoccupation aujourd’hui centrale qu’est la nature et la défense de l’environnement ».

Cette dernière affirmation est une nouvelle illustration du débat sur la relation entre le christianisme et l’écologie entendue dans le sens de la défense de l’environnement.

Relation longtemps tumultueuse et qui le reste pour partie aujourd’hui encore car des fondements philosophiques et idéologiques semblaient les condamner à s’opposer.

C’est peut-être le christianisme qui a déclenché le premier les hostilités par sa crainte de voir dans l’exaltation de la nature l’instauration d’un panthéisme, d’une religion de la terre sans Dieu. Il est vrai que les écologistes adorateurs de Gaïa, la déesse mère de la Terre, peuvent lui donner raison a posteriori, mais déjà, dès le début du XXème siècle, l’Eglise regardait avec suspicion la naissance du mouvement scout dans lequel elle voyait un naturalisme déplacé, jusqu’à ce que le Père Sevin, fondateur su scoutisme catholique, ne vienne démontrer la valeur de cette nouvelle pédagogie en plein air.

Mais la critique la plus forte est venue du côté des écologistes, dénonçant dans le christianisme une religion anthropocentrique, s’appuyant en cela sur les premiers textes de la Bible, lorsque Dieu, s’adressant aux hommes, leur donne cet ordre: «Croissez et multipliez, emplissez la terre et soumettez là » (Genèse 1, 28). Ils reprochent ainsi au christianisme d’avoir apporté une rupture dans l’ordre du monde et de persister dans cette voie en appelant au développement là où certains d’entre eux plaident pour une croissance zéro. Le Pape Paul VI ne déclarait-il pas en effet dans l’encyclique Populorum progressio en 1967: « Le développement est le nouveau nom de la paix »?

Mais depuis quelques années, les points de vue semblent se rapprocher.
D’un côté est apparu une écologie humaniste qui ne voit plus dans l’homme un prédateur. De l’autre, le christianisme se préoccupe de plus en plus de l’environnement et des atteintes dont il est l’objet et dont les hommes sont de fait les premières victimes. Sans rien renier de son message, l’Eglise en appelle au respect de la Création, nom du texte publié en 2000 par la Commission sociale des évêques de France qui déclarent: « Les chrétiens sont invités à revisiter leur théologie de la Création. Il ne s’agit pas d’abord d’exploiter la terre ni de la dominer sans retenue, mais de la gérer avec sagesse, d’en prendre soin, de la rendre habitable pour tous ». Ainsi est apparue depuis quelques années une « écologie chrétienne » pour reprendre le titre d’un livre publié par Hélène et Jean Bastaire en 2004.

Désormais, ce souci de la protection de l’environnement, inséparable du bien être de l’homme, est devenu constant de la part des responsable de l’Eglise. S’exprimant le 27 juin 2006 à l’occasion de la 1ère Journée de la sauvegarde de la création en Italie (l’initiative est déjà en soi tout un programme), le Pape Benoît XVI déclarait: « En dialogue avec les chrétiens des différentes confessions; il faut s’engager à prendre soin de la Création, sans en dilapider les services et en les partageant de façon solidaire ».
N’est-ce pas déjà, à sa manière, ce que proclamait Saint-François d’Assise quand il parlait aux oiseaux?

Fabrice de CHANCEUIL