Don de soi, ascèse et sacrements - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Don de soi, ascèse et sacrements

L’abbé Gaultier de Chaillé, prêtre du diocèse de Versailles et cofondateur du Padreblog, intervient régulièrement auprès du public sur la pornographie. Il livre ici son analyse du fléau. Et ouvre des pistes concrètes pour y échapper.

Face à la tentation

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« La confession est curative », affirme l’abbé Gaultier de Chaillé.

« La confession est curative », affirme l’abbé Gaultier de Chaillé.

© Philippe Lissac / Godong

Que dit votre expérience pastorale sur le profil des consommateurs de pornographie ?

Abbé Gaultier de Chaillé : Tout le monde est touché, même si l’on constate une nette prévalence masculine. Les jeunes d’aujourd’hui sont nés avec l’accès gratuit et sans barrière à la pornographie. 100 % des garçons âgés de 15 ans ont déjà été confrontés à de la pornographie. Mais, de manière assez contre-intuitive, il faut savoir que ce n’est pas le public le plus enfermé dans des addictions.

Les plus concernés sont les hommes qui ne sont pas nés avec la pornographie et qui se précipitent sur ces contenus autrefois interdits et tabous. On ne saurait enfin penser que les femmes sont préservées. Certes, le phénomène est bien moindre chez elles, mais quand il existe, il est très secret, très solitaire et très culpabilisant. Certaines d’entre elles s’enferment dans le visionnage d’images de plus en plus violentes, comme si, par un mécanisme autodestructeur, elles voulaient confirmer ainsi qu’elles sont irrécupérables, possédées par le vice…

Que nous apprend l’étymologie du mot pornographie ?

Issu du grec porneia, il désigne la prostitution et, dans la Bible, par extension, la sexualité dans sa dimension bestiale, transgressive, débridée ou ignoble. Il est notamment utilisé à propos de pratiques comme les orgies ou l’inceste. Saint Paul utilise ce mot dans ce passage de l’épître aux Galates : « On sait bien tout ce que produit la chair : impudicité (porneia), impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables… » (Ga 5, 19).

Au XIXe siècle, on a introduit une différence entre l’érotisme, qui aurait une dimension esthétique, et la pornographie qui donne à voir une vision dégradante de la sexualité. Cette distinction prévaut toujours pour classifier les programmes télévisés, entre ceux qui montrent les organes sexuels, interdits aux moins de 18 ans – pornographiques –, et ceux qui montrent des scènes sexuelles sans révéler les organes, interdits aux moins de 16 ans – érotiques.

Le phénomène n’a donc rien de nouveau : la Bible s’en est emparée très tôt…

En effet, dès le Lévitique, on fixe des normes à la sexualité afin d’éviter les écueils du paganisme et des phénomènes comme la prostitution sacrée. On cite aussi souvent l’épisode de Sodome et Gomorrhe, dont le lien avec la question de l’homosexualité est moins évident qu’on le dit, mais qui indique clairement que la transgression sexuelle est punie par Dieu. Ce qui est ciblé, c’est un rapport à l’autre qui n’est pas juste.

Quand connaître l’autre – dans le sens biblique – devient une emprise, quand c’est une façon de survenir dans l’intimité de l’autre, alors on est dans ce type de rapport.

Le Nouveau Testament opère-t-il une rupture dans la façon de traiter le sujet ?

Les évangélistes laissent en effet la place à beaucoup de pudeur et de délicatesse. Ils adoptent le regard du Christ sur le pécheur, un regard qui dénonce le péché mais relève le pécheur. Saint Paul, en revanche, adopte un langage plus clair et plus dur qui n’est pas sans rappeler les écrits vétérotestamentaires.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et du Grand Angle dans le magazine.