De la peine de mort à la vie éternelle - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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De la peine de mort à la vie éternelle

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Dans une douzaine de pays, la peine de mort subsiste pour l’adultère et dans plusieurs autres la justice populaire l’inflige hors cadre judiciaire.

La plupart des gens des pays « civilisés » trouvent cela choquant. Que quelqu’un doive souffrir de conséquences, pour ne pas parler d’une punition impitoyable, pour avoir eu une activité sexuelle vraisemblablement consensuelle – impliquant une action « privée » qui prétendument ne blesse ni n’affecte personne d’autre – semble éthiquement monstrueux.

La même condamnation par les sensibilités modernes accompagne normalement la découverte de l’impératif du Lévitique : « si un homme commet l’adultère avec la femme de son voisin, tous deux seront mis à mort » (Lévitique 20:10). Les gens demandent : « comment un Dieu miséricordieux pourrait-il avoir permis cela ? » – même pour un temps limité, pour ne pas parler de l’avoir commandé.

Une telle question, cependant, trahit souvent un manque de sérieux quant au mal causé par le péché en général et les dégâts causés par l’adultère en particulier. Comment peut-on être indulgent à l’égard de ce qui a conduit à la crucifixion de Jésus ? Comment peut-on être conciliant à l’égard de l’infidélité qui rompt un contrat d’amour avec son conjoint et avec Dieu et qui déchire tant de familles ?

A ce jour, 22% des Américains et 14% des Américaines avouent avoir eu des relations extramaritales durant leur mariage, des pourcentages probablement minorés par la honte et la peur. D’autres, plus nombreux, qui n’ont pas commis l’adultère dans la chair, commettent régulièrement ce que Jésus nomme « l’adultère du cœur » (Matthieu 5:28) via la pornographie, fréquemment avec des résultats aussi cataclysmiques pour leur mariage et leur famille.

C’est pourquoi il est important pour nous de lever le pied et de réfléchir pourquoi certaines sociétés ont gardé la peine capitale pour l’adultère et, plus important encore, pourquoi Dieu l’aurait commandé : afin que les gens puissent apprendre la gravité du péché par la sévérité de la punition.

Cette gravité n’a pas changé. Pas plus, en réalité, que le châtiment : il y a toujours une peine de mort, une peine éternelle, associée au péché d’adultère, c’est poruquoi nous appelons « péché mortel » un tel péché. En commettant ce péché et toute connaissance et de propos délibéré, les adultères expérimentent la mort dans leur âme en choisissant de se couper du Seigneur de la vie.

Et comme Dieu nous l’a révélé par les prophètes Jérémie, Isaïe, Osée et Ezéchiel, tout péché grave est analogue à l’adultère puisqu’il brise l’alliance d’amour que nous avons conclue avec Dieu.

Ce qui rend très personnel pour chacun d’entre nous la rencontre de Jésus avec la femme prise en flagrant délit d’adultère. C’est une illustration dans la vraie vie de la parabole du fils prodigue, avec dans les rôles principaux quelqu’un menant une vie dissolue, plusieurs « frères aînés » prompts à jeter la pierre et Dieu – qui plutôt que condamner, réconcilie et restaure.

Même si aucun d’entre nous, Dieu merci, n’a eu ses péchés révélés de façon humiliante devant la foule, comme une moderne Hester Prynne, chacun d’entre nous a vraiment « gravement péché… par sa propre faute » comme on le confesse publiquement à la messe. Nous sommes pris en flagrant délit de péché contre l’amour de Dieu et nous nous trouvons exposés devant Lui.

Pourtant, même si, avec Sa mère immaculée, Il était le seul qui méritait pleinement de jeter une pierre, Il a au contraire pris les pierres, les clous et la punition que nous méritions et Il a subi la peine de mort pour que nous n’ayons pas à le faire.

La femme prise en flagrant délit d’adultère, sans en avoir conscience, a finalement été traînée, non pas devant un arbitre sympathique que ses accusateurs essayaient également de piéger, ou devant un rabbin galant qui lui sauverait judicieusement la vie, mais devant l’époux aimant de son âme, que son partenaire et elle venaient de tromper.

Et Il a répondu, non par une colère justifiée ou une justice froide, mais de la façon qu’Il avait promise par le prophète Osée : en ne la condamnant pas, en ne permettant pas qu’elle meure comme ses péchés le méritaient mais en restaurant le lien marital.

« Moi non plus je ne te condamne pas » lui dit-Il. « Va et ne pèche plus. »

Ailleurs dans l’Evangile de Jean, Jésus souligne qu’il est venu non pour condamner mais afin que le monde puisse être sauvé par Lui (Jean 3:17). Il est venu pour pardonner et fortifier, pour protéger et délivrer, pour payer la rançon et réunir. Par amour, Il va s’offrir à la mort pour Sa jeune épouse, pour la sanctifier et la purifier, afin qu’elle ne se vautre plus dans le luxe mais vive saintement et sans tache dans un amour fidèle (Ephésiens 5:26-27).

Et c’est ce que Jésus cherche à faire pour chacun des pécheurs que nous sommes, qui nous traînons devant Lui dans la zone du temple.

Prêchant sur cette scène il y a neuf ans, le premier dimanche de son pontificat, le pape François a déclaré : « Dieu ne se lasse jamais de pardonner. C’est nous qui nous lassons de demander pardon. » Et il a prié : « puissions-nous ne jamais nous lasser de demander ce qu’Il ne se lasse jamais de nous donner. »

Le Divin Epoux ne cesse en effet jamais d’aimer Son épouse avec une miséricorde purificatrice qu’Il dispense généreusement dans le dialogue individuel le plus précieux de la vie. Il espère que nous ne cesserons jamais de faire confiance à cet amour conjugal et à son pouvoir réparateur.

Au milieu d’un monde dur qui cherche à accuser, condamner sans ménagement et tuer, Il veut pardonner, sauver et donner la vie. En réponse à la peine de mort éternelle méritée par l’adultère, Il cherche par la miséricorde à nous donner la vie éternelle et à nous amener au banquet de noce éternel.

Ce qui fait de son congédiement « va et ne pèche plus », non pas rien qu’une convocation à un amour reconnaissant mais également une motivation à essayer de « traînasser » auprès de Lui aussi souvent que nous le pouvons pour recevoir le même nouveau départ vivifiant.