De la misère en milieu étudiant - France Catholique

De la misère en milieu étudiant

De la misère en milieu étudiant

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Brochure éditée par des membres de l'internationale situationniste et des étudiants de Strasbourg en 1967

Brochure éditée par des membres de l'internationale situationniste et des étudiants de Strasbourg en 1967

© François Goglins

Qu’un étudiant s’immole par le feu, comme cela vient de se passer à Lyon, voilà qui glace le cœur et provoque la compassion. Il s’agit d’une tragédie personnelle, de l’acte de désespoir d’un jeune homme en situation d’échec ? Sans aucun doute ! Convient-il de donner une signification sociale à ce désespoir ? C’est ce à quoi prétendent un certain nombre d’associations dites d’extrême gauche. Et sans doute convient-il de considérer avec soin ce que les situationnistes appelaient déjà en 1968 « la misère en milieu étudiant ». De là à penser à une sorte de geste prophétique, analogue au sacrifice de Jan Palach, ce jeune homme de 21 ans qui s’était immolé par le feu le 19 janvier 1969 sur la place Wenceslas à Prague afin de protester contre l’invasion de son pays par l’armée soviétique, il y a une sérieuse marge.

Quelles que soient les graves difficultés de notre pays, la France de 2019 n’est pas la Tchécoslovaquie de 1969. Et il y a danger à inviter la jeunesse à des positions extrémistes qui, pour le coup, ont une saveur totalitaire et non pas libératrice. Sans doute, la mouvance d’extrême gauche, qui prétend combattre la menace fasciste contemporaine est ultra-minoritaire, mais on peut craindre une sorte de contagion plus pathologique qu’idéologique. Empêcher Sylviane Agacinski de s’exprimer à Bordeaux sur la procréation médicalement assistée en la traitant d’homophobe, déchirer à Lille les livres de François Hollande qualifié de fasciste, tenter de brûler un bâtiment à Caen, autant de signaux alarmants d’une mentalité à propos de laquelle il est permis de s’interroger.

Au-delà de l’explication d’ordre psychologique, n’est-ce pas la situation actuelle de l’université qui est à mettre en cause ? Marcel Gauchet, en tout cas, prend l’affaire très au sérieux. Oui, l’université tend à devenir une ZAD, semblable à Notre-Dame des Landes, une réserve pour militants extrémistes. Ainsi « une minorité militante, explique le philosophe à Élisabeth Lévy de Causeur, y évolue comme un poisson dans l’eau et arrive rapidement à rafler tous les leviers de commande ». Un tel constat ne peut manquer d’impressionner, car il s’ajoute au malaise général, générateur des violences auxquelles on a assisté samedi.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 novembre 2019.