De la difficulté d’un gouvernement en Israël - France Catholique
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De la difficulté d’un gouvernement en Israël

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par Jean-Gabriel Delacour

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Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères et chef du parti Kadima, a renoncé à former une coalition en Israël et a donc demandé au président Shimon Pérès d’organiser des élections législatives anticipées — ce qu’il devra faire après une période de trois semaines au cours de laquelle tout député peut tenter de former une coalition. Les deux partis religieux du Shass et de la Liste de la Torah unifiée exigeaient une augmentation des allocations familiales et un engagement formel de ne pas négocier le statut de Jérusalem avec les Palestiniens ; or, digne héritière d’Ariel Sharon et d’Ehoud Olmert, elle ambitionne un accord avec les Palestiniens et les Syriens.
Cette situation proche des crises gouvernementales de la IIIe République française rappelle que, dans tout le Proche-Orient, Israël est, avec le Liban, la seule démocratie parlementaire. Elle met aussi en exergue le bouillonnement d’un petit pays dont le dynamisme se manifeste dans tous les domaines et où l’on ne peut parler ni d’atonie ni d’uniformité. Les Israéliens ne constituent pas un bloc compact, mais en réalité une juxtaposition beaucoup plus hétérogène qu’il n’y paraît.

Dans ce petit pays de 20 770 km2 — l’équivalent de la Gironde et des Landes — et de 7,2 millions d’habitants — un peu plus que la région Rhône-Alpes —, les différences demeurent importantes. Elles reflètent les origines des uns et des autres. À l’indépendance, on comptait quelque 650 000 Juifs. Jusqu’en 1952, 700 000 autres débarquèrent. Une seconde vague de 500 000 personnes arriva entre 1956 et 1966, constituée de gens quittant l’Europe de l’Est communiste et de Juifs orientaux fuyant de nouvelles persécutions après la guerre israélo-arabe de 1956. 250 000 Juifs nord-africains, environ la moitié de cette région, vinrent aussi du Maghreb français après l’indépendance de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie.

On sait qu’ont été intégrés des Éthiopiens et d’autres venus de plus ou moins loin. Tous sont accueillis en vertu de la Loi du retour de 1950. Cela aide à se souvenir que la notion de « Juif » est difficile à déterminer, non seulement parce que, selon la Loi juive, la judéité se transmet par la mère, mais aussi parce qu’il y a eu autrefois des conversions massives. Des historiens affirment que l’existence des diasporas de Méditerranée et d’Europe centrale en proviendrait directement, ce qui ferait de l’exil du peuple juif un mythe et de son unité une reconstruction. Ce serait notamment le cas, autrefois, de certains Berbères de l’Aurès, mais aussi d’autres tribus d’Afrique du Nord converties au judaïsme, à l’origine des séfarades ; certains Israéliens soutiennent aussi que les Turcs khazars convertis au VIIIe siècle auraient donné naissance aux communautés juives d’Europe de l’Est, les ashkénazes. Sans remonter aussi loin, il est évident qu’Israël comprend une population très diverse et donc difficile à gouverner.