Les « Mémoires de guerre » du Général de Gaulle ne sont pas de la littérature. Ce sont des professeurs de lettres qui nous le disent, des professeurs révulsés à l’idée de voir ces mêmes « Mémoires » au programme du baccalauréat.
Ils ont raison, ces braves enseignants. Voici un militaire qui a eu l’outrecuidance de devenir un grand personnage historique, avant de fonder la Cinquième République, et l’on voudrait qu’il soit aussi un véritable écrivain ? Et peu importe que d’autres écrivains reconnus louent ses qualités de plume. Ces messieurs sont certainement des partisans honteux du coup d’Etat permanent justement fustigé par François Mitterrand, pire, des gens qui n’apprécient peut-être pas Roland Barthes (celui qui a dit que le langage était « fasciste ») ou Karl Marx, bref d’horribles réactionnaires. Comment peut-on être un véritable écrivain lorsqu’on écrit bien et surtout que l’on est lu ? Voilà déjà un grand paradoxe.
La cause est donc entendue, on ne peut pas être un grand homme et un grand écrivain. Une certaine critique aidant, il semble même que pour avoir droit à l’admiration des générations futures, il faille avoir cumulé un certain nombre de défauts doublés de l’absorption de substances illicites. Voici donc évacués César, Joinville (le chroniqueur de Saint Louis), Chateaubriand et quelques autres qui ont eu le malheur de raconter leurs rendez-vous avec l’histoire dans une belle langue.
Décidément, il est grand temps que les vacances arrivent.
