Crise financière : Réponse européenne ? - France Catholique
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Crise financière : Réponse européenne ?

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Toute la semaine boursière, du lundi 6 au vendredi 10 octobre, fut catastrophique : chutes abyssales, vent de panique. Pourtant, toutes les organisations internationales, européennes et mondiales, sont mobilisées et les réunions se sont multipliées pendant la première quinzaine de ce mois. Or l’addition des séances de concertation et de déclarations solennelles crée une impression de confusion qui ne porte pas à l’optimisme.

On y verra plus clair si l’on observe la répartition du « travail » qui s’est faite entre les organisations internationales et les gouvernements nationaux. Les premières ont pour objectif de rassurer les places financières et les épargnants : par divers signes et messages il faut tenter d’éviter que les déposants ne retirent massivement leur argent des banques. Les États nationaux et leur Banque centrale ont, quant à eux, des mesures immédiates et concrètes à prendre pour sauver les banques menacées de faillite et garantir hic et nunc la circulation de la monnaie et la distribution du crédit.

Sur le plan international, nous avons ainsi assisté à trois réunions de première importance :
– Le 4 octobre à Paris, réunion du G4, c’est-à-dire des quatre pays européens qui sont membres du club mondial – le G8 – qui réunit les pays les plus puissants de la planète. Cette réunion a été décevante : la nécessité de la concertation a été proclamée haut et fort mais la chancelière allemande a pris dès le lendemain des mesures spécifiques destinées à garantir les épargnants allemands et les Espagnols, furieux de ne pas avoir été invités, ont déclaré que cette réunion parisienne avait été un « fiasco ». Les apparences ont été cependant sauvées car la France a accepté de ne pas lancer l’idée d’un plan de sauvetage européen qui était récusé dans son principe par Angela Merkel.

– Le 10 octobre à Washington, la réunion des ministres des finances et des banques centrales du G7 (les Russes membres du G8 n’étaient pas invités) a abouti à des résolutions de principe qui entérinent des actions en cours : injections de liquidités par les banques centrales, protection des banques, garantie de la sécurité des dépôts et surtout nationalisation des établissements financiers en difficulté. La veille, les principales banques centrales à l’exception du Japon (États-Unis, Grande-Bretagne, Suisse, Banque centrale européenne…) avaient abaissé leurs taux directeurs d’un commun accord – sans calmer la tempête boursière.

– le 12 octobre à Paris, la réunion de l’Eurogroupe – au­tre­ment dit les pays-membres de la zone euro. La déclaration finale a réaffirmé la nécessité de se concerter, d’assurer le fonctionnement normal des banques – au besoin en les recapitalisant -, d’assouplir les règles comptables et surtout de créer une sorte de cellule de crise pour « renforcer les procédures permettant l’échange d’informations entre nos gouvernements ». Cette nouvelle structure provisoire réunira « le Président en exercice du Conseil européen, le Président de la Commission, le Président de la Banque cen­trale européenne et le Président de l’Eurogroupe» si le Conseil européen entérine cette proposition.

Ces réunions ont leur im­portance mais elles créent un processus de concertation complexe et insatisfaisant : par exemple, la Grande-Bretagne est membre du G7 mais pas de l’Eurogroupe ; l’Espagne ne fait pas partie du G7 mais participe à l’Eurogoupe.

Il faut surtout souligner que ce sont les banques cen­trales nationales (et la Banque centrale européenne) et les États nationaux qui prennent les décisions les plus concrètes et les plus rapides sans concertation avec l’ensemble de leurs partenaires : les Anglais ont nationalisé la banque Bradford and Bingley, les Belges et les Néerlandais la banque Fortis, l’État fédéral allemand nationalise la banque privée Hypo Real Estate, les Belges et les Français se sont entendus pour sauver Dexia, les Américains sont également engagés dans une politique de nationalisations.

Dans le chaos de la crise, on commence à percevoir une logique…

Alice TULLE


http://www.brunor.fr/PAGES/pages-QuestionInterdite/questionInterdite-page01.htm