Contre le déclinisme ecclésial - France Catholique

Contre le déclinisme ecclésial

Contre le déclinisme ecclésial

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Nous n’avons pas caché, dans ce journal, la crise que vit actuellement l’Église, à la suite des scandales d’abus sexuels qui ont été révélés ces derniers temps. La France, elle-même, est touchée, sans doute dans une moindre importance que les États-Unis, mais les dommages qui résultent des défaillances de l’autorité dans la gestion des affaires qui ont affecté les diocèses, ont produit des dégâts psychologiques aux effets durables. Que l’Église universelle et notre Église particulière soient déstabilisées par un pareil drame n’est pas douteux. La prise de conscience qu’entraîne un tel séisme moral affectera très longtemps les esprits et les cœurs, d’autant que les dommages causés sont inestimables.

Cependant, le découragement serait la pire des réponses, il aggraverait le mal plus qu’il ne le guérirait. Ce qui s’impose d’abord à notre Église, c’est une cure de lucidité. Nous avons souffert moins de ce qu’on appelle la culture du secret que du désarroi profond d’une hiérarchie confrontée dans les années 90 à une réalité qu’elle avait peine à identifier et qu’elle ne savait pas traiter. Effrayée par le scandale possible, elle croyait qu’il fallait faire silence. Non informée de la nature de la pathologie, elle ne savait que faire des coupables qu’il aurait fallu retirer du ministère. La plainte des victimes n’était pas alors perçue, d’autant que la plupart ne pouvait parler. Il nous est facile, aujourd’hui, avec la distance, de condamner les évêques dont nous déplorons l’incapacité et les fautes de gouvernement. Nous bénéficions d’une connaissance du dossier qu’ils n’avaient pas alors. Des mesures sérieuses peuvent être prises dorénavant, et il faut souhaiter que la rencontre à Rome de tous les présidents des Conférences épiscopales, décidée par le pape François, débouche sur des conclusions nettes et impératives.

Toute épreuve doit trouver en elle-même les ressources d’un sursaut. C’est spécialement vrai dans l’Église, où la conscience de la faute doit déboucher sur le pardon et la guérison. La méditation de l’Écriture indique que même la primitive Église n’a pas été indemne de chutes graves, suivies de rebondissements. De l’Église d’Éphèse, il est dit dans l’Apocalypse qu’elle a abandonné sa ferveur première et qu’elle doit se repentir et revenir à ses œuvres d’autrefois. C’est toujours à l’arbre de la vie que nous devons de guérir nos blessures. Cependant, il convient d’ajouter qu’il serait coupable d’associer à la faute d’une minorité l’ensemble du corps sacerdotal, qu’il convient au contraire d’accompagner dans la prière et l’affection. Il est exemplaire et demeure le gage de la continuité et de la fécondité accomplies dans la dynamique inextinguible de l’Esprit.