Contemplation et communion - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Contemplation et communion

Traduit par Antonina

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Tout commence par les dessins animés pour enfants (omniprésents à la maison et à l’école) : la culture nous encourage à vivre nos rêves. Ce qui semble, à première vue, une attitude très ouverte, progressive et libératrice. Mais malgré tous nos efforts et notre audace, l’expérience nous enseigne que le bonheur est fugitif- même si notre désir de bonheur est constant. Et certains types de bonheur s’excluent mutuellement. Après tout, la raison d’être des organes chargés d’appliquer la loi est précisément de nous protéger de ceux qui poursuivent des rêves illégaux.

Dans la parabole du banquet de noce (Mt 22, 1-14), le roi veut partager la joie du mariage de son fils, mais se heurte à de la résistance. Le bonheur qu’il offre est extrêmement différent de celui que recherchent les gens. Ceux qui refusent la joie proposée par le roi sont chassés de sa présence et jetés dans les ténèbres où il y a des pleurs et des grincements de dents. La punition est lourde pour un péché qui semble si véniel – et relever de goûts personnels. Mais la parabole constitue le cadre de toute la vie chrétienne.

Le banquet de noce représente notre destinée, rien moins que la gloire du paradis, si nous en faisons le choix avec la grâce de Dieu. Dieu seul est la source du vrai bonheur et la recherche du bonheur en dehors de Lui comporte de terribles risques. Le bonheur sans Dieu est illusoire. La damnation éternelle n’est pas une perspective réjouissante.

Vivre nos rêves sans les évaluer en fonction de la volonté de Dieu est juste une autre manière de dire que nous suivons nos mauvais penchants. Quand nos rêves semblent nous offrir un meilleur avenir, nous risquons de manquer de nombreuses occasions de pénétrer dans la salle du banquet de noce de Dieu.

Ce banquet sur terre, c’est évidemment la messe. Dans le meilleur des cas, la plupart d’entre nous apprécient la messe « de temps à autre ». La plupart d’entre nous, admettons-le, ressentent parfois le désir inavoué de trouver une excuse pour ne pas y assister. Nous préférerions jouer au football, nous relaxer en lisant le journal du dimanche ou faire la grasse matinée, c’est-à-dire littéralement poursuivre nos rêves. Le banquet de noce de Dieu n’est pas distrayant, tout au moins comparé à nos divertissements favoris.

J’ai lu un jour le charmant essai d’un jeune homme qui avait besoin pour terminer son dernier semestre du premier cycle d’un cours donnant deux crédits. Cherchant la facilité, il s’inscrivit à un cours en science de la nature. Ce fut un cauchemar. Chaque samedi matin, il devait se lever à l’aube pour aller sur le terrain repérer et nommer la flore et la faune locales.

Après qu’il eut survécu à ce cours et obtenu son diplôme, le souvenir de ce supplice devint une source d’amusement. Mais une fois marié et père de famille, quand ses enfants commencèrent à lui poser des questions sur les plantes et les animaux de leur jardin, les leçons qu’il avait apprises réjouirent beaucoup sa famille. Il en vint à apprécier ce que lui avaient apporté ces deux unités de valeur chèrement gagnées. Le vrai bonheur exige une profonde réflexion et les fruits de la contemplation mûrissent lentement.

Les ados rechignent souvent à aller à la messe. La réaction raisonnable (mais peu populaire) est de cet ordre : « Tant que tu vivras sous mon toit et que tu mangeras à ma table, tu iras à la messe le dimanche, jeune homme ! » Il faut des décennies pour commencer à aimer la messe et à inclure la messe dans nos vies, et une petite contrainte allant dans le sens biblique peut contribuer à révéler l’urgence de la loi de Dieu.

C’est pourquoi la tentation d’ « animer » la messe pour attirer les jeunes est si dangereuse. Elle remplace la discipline qu’implique le véritable amour par les attraits des plaisirs superficiels de notre civilisation de consommation. (Aidez donc les parents et tenez-vous en aux textes et aux éléments liturgiques, mon père).

La liturgie de la messe, bien sûr, comprend deux grandes composantes, la célébration de la Parole et celle de l’eucharistie. Pendant la célébration de la Parole, nous méditons le Verbe de Dieu. Pendant la célébration eucharistique, nous entrons dans le mystère salvateur du Christ et recevons la sainte communion, le Corps, le Sang, l’âme et la divinité de Jésus. La célébration eucharistique – la représentation en un sacrifice non sanglant de la Croix et de la Résurrection – complète la messe et constitue le sommet du culte. La messe, avec ses périodes de contemplation et de communion, est participation au royaume du ciel.

Cet enchaînement de la contemplation et de la communion est parfaitement compatible avec la nature humaine. Avant qu’un homme et une femme échangent leurs vœux de mariage, ils apprennent à se connaître, passent du temps ensemble et s’écoutent. C’est un écho de la contemplation que constitue la liturgie de la Parole.

L’amour de l’époux et de l’épouse qui suit le mariage est une image de la Communion, la célébration eucharistique. Le sacrement de mariage est, en fait, une participation à la Nouvelle et Eternelle Alliance, l’union du Christ glorifié avec son Corps mystique, l’Eglise.

Le rituel de la pénitence est essentiel dans ce processus. Ressasser nos péchés nous aide à constamment examiner – et rejeter – les obstacles qui s’opposent à notre amour de Dieu et de notre prochain. L’acte de contrition nous apprend à répéter le même geste en dehors de la messe pour demander pardon et obtenir la grâce de la réconciliation. La messe nous apprend à mener nos vies selon les voies de Dieu, pas les nôtres. En chemin vers la gloire céleste.

La messe – la contemplation de la Parole suivie par la joie de la communion avec le Christ – nous apporte la grâce du Sauveur. Mais, de plus, la structure même de la messe et le respect de l’obligation dominicale peuvent être le cadre de toute relation humaine saine et aimante. L’amour de Dieu et celui du prochain sont inséparables. Son bonheur est notre bonheur dans l’union de l’humain et du divin.

De manière très pratique, nous pouvons évaluer nos aspirations – et notre bonheur – chaque fois que nous assistons à la messe, le céleste banquet des noces. Mais y parvenir suppose un engagement sérieux tout au long de la vie avec, s’il plaît à Dieu, beaucoup d’aide de la part d’un fidèle clergé.

Dimanche 5 novembre 2017

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/11/05/contemplation-and-communion/

Illustration : Les noces de Cana, Le Tintoret, 1561 [Santa Maria della Salute, Venise]

Le père Jerry J. Pokorsky est un prêtre du diocèse d’Arlington. Il est le curé de la paroisse sainte Catherine de Sienne de Great Falls (Virginie).