Connais-toi toi-même - France Catholique
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Connais-toi toi-même

Traduit par Albérique

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Ainsi que le Pape Jean Paul II l’indique au début de son encyclique Fides et Ratio, « L’exhortation connais-toi toi-même était gravée sur le portique du temple à Delphes, comme témoignage d’une vérité de base devant être adoptée comme norme minimale par ceux qui cherchent à se poser à part du reste de la création en tant « qu’êtres humains », c’est-à-dire comme ceux qui « se connaissent eux-mêmes».

La lecture de ne serait-ce que peu de pages du merveilleux livre de Walter Percy Perdus dans le cosmos montre que la plupart d’entre nous ne nous connaissons pas réellement. Nous savons beaucoup de choses sur le monde, les étoiles dans la galaxie, et comment fabriquer des camions et faire des pizzas, mais très peu en ce qui nous concerne. On n’aurait pas besoin de lire beaucoup de la philosophie grecque pour arriver à la même conclusion. Nous connaître nous-mêmes n’est pas notre tendance naturelle par défaut. Cela nécessite effort, discipline et sagesse.

Et cependant, si la connaissance de soi est tellement importante – importante pour être de manière aussi distinctive des êtres humains – et si la plus part d’entre nous ne l’on pas, comment pouvons nous l’acquérir?

Un problème avec l’exhortation « connais toi toi-même » est que nous vivons déjà dans une société obsédée par soi-même. Beaucoup de jeunes gens, et d’adultes, passent un temps excessif à penser à eux-mêmes, s’inquiétant sans fin de quelle manière ils se présentent aux autres, à tel point qu’une chanson fameuse du compositeur Paul Simon est :

 
« Ce sont des jours de miracle et d’émerveillement

C’est l’appel à longue distance

La manière dont la caméra nous suit au ralenti

La manière dont nous paraissons à nous tous »

Je vois beaucoup de jeunes qui jouent dans la vie de tous les jours comme s’ils étaient filmés. Il prennent la pose comme s’ils étaient dans un film, se demandant quel sera le meilleur cliché, le meilleur angle. Voulons-nous plus encourager cette auto-absorption? Bien entendu, non. Mais le simple fait de s’observer n’est pas le moyen d’obtenir la vérité sur soi-même; c’est souvent simplement une autre stratégie pour se dérober.

Pendant de nombreuses années, j’ai demandé à mes étudiants de remplir un questionnaire sur « la connaissance de soi ». La plupart d’entre eux ne l’ont pas complété, et c’est là mon point. La question que je leur ai posé est, « pourquoi était-ce si difficile? » Ce n’était pas comme si je leur avais posé des questions sur le calcul intégral. C’était des questions à propos d’eux mêmes, et comme, je le présume, ils ont passé la totalité de leur vie avec eux-mêmes, la question aurait due être facile. Mais la plupart des étudiants ne l’ont pas trouvé facile, et c’était clair qu’ils désiraient éviter complètement de penser à ces questions.

Une fois, j’ai eu une étudiante qui m’a demandé si elle pouvait répondre aux questions sur sa soeur plutôt que sur elle-même: «  je pourrais le faire réellement bien pour elle, et pas vraiment pour moi ». Walter Percy demande aussi, «  Pourquoi au cours de votre vie entière, n’êtes vous pas capable de vous jauger vous-même, aussi bien que vous pouvez jauger quelqu’un d’autre – ou mesurer Saturne – par un regard de dix secondes? » Le poète écossais Robert Burns écrivit aussi: Oh! si quelque puissance pouvait nous donner le pouvoir de nous voir, comme les autres nous voient. » Est-ce que nous nous verrions mieux, plus honnêtement, si nous nous voyons avec les yeux d’autrui? de certaines manières, probablement, oui.

Et encore les jugements des autres sont souvent aussi superficiels que les nôtres. Et leur vision sur notre vie intérieure est fort limité. Mon étudiante pensait qu’elle connaissait sa soeur bien suffisamment pour pouvoir remplir le « questionnaire sur la connaissance de soi » à sa place, mais il n’est pas évident que sa soeur aurait accepté. Nombreux parmi nous se sentent « incompris » parce que nos meilleures intentions, accompagnées de nos pensées les plus profondes, de nos espoirs, et de nos rêves, restent souvent invisibles aux autres. D’ailleurs comment pourraient-ils savoir ce que je tiens tout au fond de mon coeur? Les autres ne pourront jamais réellement savoir le bien que je veux faire ou le mal qui me tourmente.

Mais où suis-je supposé trouver toute cette connaissance de moi-même qui est si importante? C’était une des questions majeures qui ont conduit non seulement la philosophie ancienne mais aussi , comme Jean Paul II le suggère dans Fides et Ratio, les cultures et les traditions de sagesse autour du monde à travers le temps.

Le Christianisme a toujours proposé sa propre réponse, distincte des autres : Nous pouvons seulement « nous connaître nous-mêmes » vraiment, quand nous pouvons nous voir de la même manière que Dieu nous voit. Il nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Il connaît non seulement qui nous sommes, mais aussi ce que nous devons être. Il voit clairement sans invention ni illusion, à la fois le bon et le mauvais, comme seulement peut le faire quelqu’un qui regarde avec les yeux de l’amour.

« Chaque homme reste pour lui-même un puzzle insoluble, bien que, obscurément, il puisse s’en rendre compte », écrivirent les auteurs, Jean Paul II parmi eux, de la Constitution Pastorale sur l’Eglise dans le monde, de Vatican II (Gaudium et Spes). Donc, comment progresser en sagesse? Les deux passages queJean Paul II mentionna dans chacune de ses encycliques étaient:

Gaudium et Spes, 22 : « La vérité est que seulement dans le mystère du Verbe Incarné, s’éclaire le mystère de l’homme. Car… le Christ, le véritable Adam, par la révélation du mystère du Père et Son Amour, révèle pleinement l’homme à l’homme lui-même et rend clair sa suprême vocation ».

Et Gaudium et Spes, 24 : « La ressemblance entre l’union des Personnes Divines, et l’unité des fils de Dieu dans la vérité et la charité… révèlent que l’homme, qui est la seule créature sur la terre que Dieu a voulu pour elle-même, ne peut se trouver pleinement qu’à travers un don sincère de lui-même ».

Nous pouvons nous connaître nous-mêmes, non en abandonnant nos obligations, et ceux que nous aimons, afin de nous « trouver nous-mêmes » sur quelque sommet de montagne au Tibet, mais en adorant, en recevant les Sacrements, et en nous aimant les uns les autres comme Dieu nous a aimé.

« Oh! si une certaine puissance pouvait nous donner le don de nous voir, comme Dieu nous voit ». Nous ne pouvons pas nous trouver pleinement nous-mêmes que par un don gratuit de nous-mêmes – à Dieu et aux autres. Ceci est la sagesse que le Christ a apporté; c’est la réponse chrétienne au défit de l’oracle de Delphes.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/24/know-thyself/

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Randall B. Smith est le scanlan Professor deTheology à l’University of St Thomas, à Houston. Son livre le plus récent , Reading the sermons of Thomas Aquinas: A Beginner’s Guide (http://amzn.to/2hX5R7E) est maintenant disponible sur Amazon et à la Emmaus Academic Press.