Communiquer le mystère chrétien - France Catholique

Communiquer le mystère chrétien

Communiquer le mystère chrétien

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Hier, la célébration des Rameaux nous invitait à revenir à cette entrée dans la grande semaine de l’année, et nous étions confrontés sur le champ au paradoxe de Jésus revendiquant son droit royal mais aussitôt menacé. C’est le scandale de ce que les théologiens appellent la kénose, c’est-à-dire qu’en s’incarnant le Verbe de Dieu s’est voué à la plus extrême vulnérabilité. Aux yeux du monde, il s’est en quelque sorte dépouillé de sa divinité selon l’enseignement de l’épître aux Philippiens, qui revient comme un leitmotiv pendant les jours saints. Pour ma part, il m’est impossible de le remémorer sans le dissocier de son admirable mélodie grégorienne.

« Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort, la mort de la Croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom. » Nous sommes vraiment là au centre du mystère chrétien, que la liturgie nous permet de revivre avec une acuité saisissante. Mais est-il possible de communiquer au-delà de la communauté des croyants ce qu’il y a de central pour l’humanité entière dans ce mystère ? J’en suis persuadé pour ma part. Pour une raison essentielle, que l’immense théologien Hans Urs von Balthasar a développée avec une ampleur symphonique dans les cinq tomes de sa Dramatique divine. Le premier tome envisage la tragédie de la Croix du point de vue de la culture humaine la plus fondamentale, depuis la tragédie grecque jusqu’aux auteurs les plus modernes, depuis Sophocle jusqu’à Ionesco.

La culture la plus profonde constitue un prolégomène à l’entrée de ce que Balthasar appelle « la dramatique divine », parce que tous les éléments de notre condition y sont réunis de telle façon que la scène est ouverte pour que s’offre à nous l’énigme de notre destinée, notre confrontation au mal et notre espoir d’être tirés de l’abîme où nous nous enfonçons. Dans ce climat, l’événement de la Passion nous apparaît comme la clé de la question que nous sommes à nous-mêmes. Balthasar expliquait qu’ainsi devenait intelligible l’affirmation paulinienne : « Ma vie présente terrestre, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. »

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 mars 2015.