« Communier, c’est recevoir l’infini » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« Communier, c’est recevoir l’infini »

Pour entrer dans le mystère de l’eucharistie, l’abbé Guillaume de Tanouarn, auteur de Méditations sur la messe, invite à contempler son enjeu vital, en particulier pour notre monde moderne.

Méditation

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À quoi sert la messe ? Abbé Guillaume de Tanoüarn : La messe est la seule arme que nous ayons à dégainer contre la puissance du mal. Elle représente à la fois la puissance du sacrifice et de l’offrande, ainsi que la puissance de l’amour. Il existe un rapport étroit entre ces deux notions. Car ce sacrifice est fait par amour et le mal est à l’amour ce que le mystère est à l’intelligence : il le rend surnaturel, selon la formule de Simone Weil. S’inscrire dans cette perspective sacrificielle, c’est comprendre que le principal combat que nous ayons à mener sur la Terre est le combat contre le mal et que Dieu le veut de cette façon. Dieu veut que nous puissions mériter notre salut. C’est là où cette notion de sacrifice est extraordinaire : il s’agit d’offrir tout ce qu’il y a de négatif en nous pour le positiver. Cette dimension du sacrifice est la seule à pouvoir rendre la vie et ses épreuves vivables. Mais que faire de quelque chose d’aussi stupéfiant que ce sacrifice ? On sait par exemple que les premiers chrétiens avaient beaucoup de mal à représenter la Croix. S’est donc posée la question de la transmission aux générations suivantes. La réponse qui a été trouvée est une transmission non pas seulement par un simple récit, mais par un récit actualisateur, sacramentel, qui renouvelle ce qu’il signifie : la messe. Cela veut dire qu’à chaque messe, c’est la Croix qui se dresse à nouveau sur le Golgotha et nous qui sommes à son pied ? Oui : à chaque messe, la crucifixion ne se réalise pas à nouveau – elle ne s’est réalisée qu’une seule fois et il n’y a qu’un seul sacrifice de la Croix –, mais elle se transporte dans l’espace-temps, en quelque sorte, devant nous. C’est un mémorial, mais pas au sens d’un mémorial de la guerre de 14-18 qui consiste à évoquer le triste sort des Poilus, sans vivre leur sacrifice, leur calvaire. À la messe, nous sommes invités à vivre le sacrifice du Christ, plus encore qu’à le raconter. À le vivre parce qu’Il est « toujours vivant pour intercéder pour nous » (He 7, 25) selon saint Paul. Il ne s’agit donc pas d’un mémorial du passé, mais d’une mémoire vive, au présent. De toute éternité, le Fils offre un sacrifice à son Père, ce sacrifice est l’Esprit-Saint – l’amour vivant du Père et du Fils – et le sacrifice de la Croix est la matérialisation dans le temps de ce sacrifice éternel. Pourquoi dites-vous que la messe est le « secret » entre le Christ et ceux qui l’aiment ? Parce que la messe ne se donne pas à première audition. Celui qui assisterait à la messe pour essayer de savoir ce dont il s’agit serait vraisemblablement déçu et ne comprendrait pas cet ensemble de prières et son sens. Ce qui manque peut-être beaucoup aux chrétiens pratiquants, c’est de pouvoir se poser certaines questions à la messe : qu’est-ce que j’y fais, qu’est-ce qu’il s’y passe, pourquoi on me demande d’y être, pourquoi on rend obligatoire la messe du dimanche, quel est le sens de tout ça ? Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
—  Méditations sur la messe, Guillaume de Tanoüarn, Via Romana, 2021, 300 p., 12 €.