Comment les notes de bas de page sauveront l’Eglise - France Catholique

Comment les notes de bas de page sauveront l’Eglise

Comment les notes de bas de page sauveront l’Eglise

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Les notes de bas de page sont d’humbles choses et font leur travail de leur mieux dans une relative obscurité. Quand celles-ci méritent d’être publiées, et font l’actualité pendant des mois – comme Amoris Laetitia *351 – il semble évident que la note a raté sa vocation. Les affirmations importantes appartiennent au texte, et ont elles-mêmes besoin d’être clarifiées par des notes en bas de page.

Ces notes sont essentielles pour démontrer la fiabilité de la recherche, l’intégrité d’une dissertation, l’honnêteté d’un reportage, et la logique de nombreux arguments. Les quatre évangiles sont soutenus par des notes en bas de page, d’une certaine façon, pour démontrer combien la raison humaine est essentielle pour une foi orthodoxe. Et le fait de découvrir des notes en bas de page pertinentes, importantes et irréfutables peut être émouvant, et même consolant.

On peut trouver la référence de la « note de bas de page » la plus commune dans l’évangile dans les variations de la phrase « pour que les Ecritures soient accomplies ». Dans les récits de la Passion du Christ, il y a de nombreuses références reliant Sa Passion aux psaumes et aux prophètes :

Dans le Jardin (cf Marc XIV, 49)

Au pied de la Croix (cf Jean XIX, 24)

La mort de Jésus (cf Jean XIX, 28)

L’idée et l’effet sont de relier les paroles et les actes du Christ à l’Ancien Testament, et d’établir une unité de projet dans le ministère du Christ et l’entière histoire du salut.

Après la résurrection, le récit des évènements sur la route d’Emmaüs représente une autre note en bas de page significative – cette fois, avec un point d’exclamation – fournissant le contexte exact des paroles et des actes puissants du Christ : « Et en commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur expliqua ce qui était écrit à son sujet dans toutes les Ecritures ». (Luc XXIV 25) Tous les doutes sur le fait que la Passion du Christ n’était pas incluse dans les anciennes prophéties sont mis de côté par cette note en bas de page, bouquet final.

Une « note en bas de page » significative dans les Evangiles peut se déduire des évènements. Pendant la transfiguration, nous lisons : « Alors Elie leur apparut (à Jésus, Pierre, Jacques et Jean) ainsi que Moïse, et ils parlaient avec Jésus. » (Marc IX 2) Non seulement ce passage révèle la promesse de la gloire céleste du Christ ; l’évènement remonte dans l’histoire, et élève Moïse (La loi) et Elie (les prophètes) comme les figures clé du ministère et du message de Jésus.

Quel est le sens premier de ces « notes en bas de page »  de l’Evangile ? L’unité de la foi et la confiance qui vient avec la stabilité et la fiabilité constante de la révélation de Dieu : « Ne croyez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » (Mt V 17)

Le Christ n’est pas un révolutionnaire à la manière du monde. Il n’est pas le fils militant du monde que nous avons tendance à choisir plutôt que le Christ, comme les foules ont choisi Barrabas (Bar : « fils de » Abbas « le père » de ce monde). Mais Son Royaume n’est pas de ce monde. (cf Jean XVIII 36) Le Christ est le Fils du Père, le Dieu de l’Ancien et du Nouveau testament et de toute l’histoire. Il est La Parole faite chair, Le Sauveur du monde.

Ces « notes en bas de page » de l’Evangile devraient avoir un effet profond sur la façon dont nous voyons le Christ et son Eglise. L’enseignement de l’Eglise n’est pas révolutionnaire (sauf dans la mesure où en Jésus Christ, nous sommes transformés). L’auto- révélation progressive de Dieu accomplie dans le Christ fournit le roc de notre foi.

Les trois « sources de la révélation » – les écritures, la tradition et le magistère – protègent le dépôt de la foi telle qu’elle a été portée avec intégrité à travers l’histoire. Et ces trois sources sont reliées par des notes en bas de page.

Quoi qu’il en soit, chaque génération voit des demandes pour que l’Evangile soit accommodé à la culture. «  Car un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine, mais, au gré de leurs désirs, se donneront une foule de maîtres, l’oreille les démangeant. » (2 Timothée IV 3)
Dans l’Eglise, les révolutionnaires ne peuvent être que destructeurs, ils ne peuvent pas durer. La « Théologie de la Libération » léniniste de la génération précédente – où les prêtres attachaient autour de leur chasuble des ceintures d’explosifs, et transportaient AK-47s – est épuisée intellectuellement, bien qu’ils aient laissé une trace de destruction.

L’infâme « Bible Nazie » est un objet déplaisant fabriqué par l’histoire. Les révolutions – ou « changements fondamentaux » comme on les appelle maintenant,- font une rupture avec le passé, et sont dépourvues de ces glorieuses notes en bas de page qui remontent au Christ pour leur donner une légitimité logique.

Aussi, même si un homme d’église proclame solennellement un changement dans l’Eglise, et essaye de vous enseigner par exemple, que le divorce et le remariage ou les unions de personnes de même sexe devraient être reconnues comme saintes par l’Eglise, il faudrait qu’il détourne notre attention des notes en bas de page d’innombrables documents ecclésiastiques. Même un grand autodafé serait incapable d’éliminer ces notes en bas de page, (maintenant que nous avons Internet).

En effet, lors de sa disparition, ces mêmes notes en bas de page des documents ecclésiastiques qu’il a citées – ou refusé de citer – demeureraient pour l’inculper d’infidélité. Et ces érudits fidèles et travailleurs avec leurs visières vertes qui vérifient les notes en bas de page, démasqueraient sa fraude – s’il partait d’un enseignement reçu de l’Eglise pour chatouiller les oreilles.

Le solide roc de la foi en Jésus Christ et en Ses enseignements est affirmé dans les nombreuses notes en bas de page qui retracent l’enseignement de l’Eglise à travers les documents historiques jusqu’au Christ. Aussi, avec la grâce de Dieu et à travers un examen minutieux des notes en bas de page, nous pouvons surmonter les doutes nuisibles à notre foi.

Et nous pouvons nous reposer joyeusement sur l’enseignement de l’Eglise, tel qu’il nous a été transmis, parce que les notes en bas de page sont les instruments de la raison humaine qui servent l’intégrité de notre foi, reliant toute l’histoire à Jésus lui-même. Toutes ces notes – à condition qu’elles montrent les faits, sans prétention, – peuvent sauver notre foi et l’Eglise.

Saint Paul le dit de façon plus élégante : « Ainsi, mes frères, tenez-vous fermes et gardez les traditions que nous vous avons enseignées, soit par nos paroles soit par nos lettres. » (2 Thessaloniciens II 15) En même temps, Jésus demande, « Quand le Fils de L’Homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Luc XVIII 8) Si la réponse est décevante, ne blâmons pas ces humbles notes qui attendent patiemment qu’on les redécouvre.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/03/18/how-footnotes-will-save-the-church/