Cinéma : regarder la mort pour mieux aimer la vie - France Catholique

Cinéma : regarder la mort pour mieux aimer la vie

Cinéma : regarder la mort pour mieux aimer la vie

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C’est une lapalissade de dire que la mort est soigneusement occultée de nos vies ; un étrange comportement pour un évènement qu’aucune personne ne pourra éviter. C’est ce déni qui est à l’origine des acharnements thérapeutiques et paradoxalement des campagnes d’euthanasie, renommée pour les besoins de la cause, mort dans la dignité. Ce petit constat n’est évidemment valable que pour nos pays occidentaux riches et vieux où la course à la jeunesse pousse les femmes comme les hommes à se teindre les cheveux et à user, quitte à en abuser et à se défigurer, de la chirurgie esthétique, et à exiler nos morts dans les morgues ou les funérariums. C’est par la porte du cinéma, fin septembre, que la mort a tenté une percée ; 3 films très différents qui révèlent chacun à leur manière que la mort ne peut pas être évacuée de notre imaginaire, et qu’elle adviendra de toutes les façons. 3 films aussi différents que Miele, Rush, et Ne m’oublie pas. Miele est une jeune femme qui se cache sous ce pseudo pour répondre aux demandes illégales d’euthanasie en Italie. Un film très dur mais qui a le mérite d’aborder le sujet de front. Miele.jpg Miele tue, moyennant finances, des malades en phase terminale et on la voit à l’œuvre, du Mexique où elle achète les barbituriques — en fait des produits vétérinaires pour euthanasier les animaux ! — interdits à la vente en Europe jusque chez les personnes à qui elle remet elle-même la dose mortelle. Tout fonctionne bien pour elle, à condition de mettre de côté sa façon mécanique d’agir pour éviter de se laisser envahir par l’émotion. Mais un jour, son client, un homme d’un certain âge, se révèle être en parfaite santé mais décidé à mettre fin à ses jours en utilisant les services de Miele. Les questions qu’elle enfouissait soigneusement tout au fond d’elle-même vont alors lui exploser en pleine figure. Le film pose des questions sans prendre parti -alors que la réalisatrice est elle-même pour l’euthanasie — mais sans y apporter de réponse, et laisse ainsi au spectateur la liberté d’interpréter l’histoire de Miele. Rush.jpg A côté de ce film fort et dérangeant, Rush peut passer pour le gentil film d’action réservé aux hommes en quête d’une bonne détente sans prise de tête ; Le film retrace l’histoire vraie de la rivalité des pilotes Nicky Lauda et James Hunt dans les années 70 et nous fait plonger dans l’univers de la formule 1. Mais au-delà de l’intérêt sportif, il dresse le portrait de deux personnalités hors normes- on n’est pas champion du monde sans raison- dont une des particularités est qu’ils mettent leur vie en jeu par passion pour la compétition et pour un sport où la moindre erreur peut conduire à l’accident et à la mort ; à l’époque le risque était réel car entre 1967 et 1975, 13 pilotes de F1 sont morts sur les circuits. Ce film léger et bien mené, montre que la vie prend son vrai sens quand on accepte de prendre des risques et au final la mort. Faut-il préciser que Lauda et Hunt n’étaient en rien suicidaires, mais manifestaient au contraire une vraie soif de vivre…. une soif partagée normalement par les chrétiens qui ont cette chance de croire que ce n’est pas cette mort-là qui est à craindre parce et que chaque jour est à vivre comme le dernier. Oublie.jpg Le troisième film, Ne m’oublie pas, ne porte pas tout à fait sur la mort mais s’en approche de très près en abordant la maladie d’Alzheimer : cette fois, il ne s’agit pas d’une fiction, mais d’un documentaire très personnel car le jeune cinéaste allemand a choisi de filmer sa propre mère victime de la maladie pour justement se souvenir d’elle ; le résultat est un très joli film qui montre comment un vieux couple, dépouillé de tout artifice, et réduit à l’essentiel, peut enfin se dire je t’aime tout simplement. Et là aussi c’est un regard apaisé sur la mort qui permet de voir et de dire que la vie est belle.