Ce que saint Pierre nous dit

Que comprend-on de saint Pierre lorsqu’on se plonge, comme vous le faites, dans le contexte historique et social de l’époque ? Christophe Dickès  : Avec ce livre, j’ai voulu montrer que Pierre était un homme de chair. Et, ainsi, répondre aussi bien à ceux qui estiment que les Évangiles ne sont qu’un « message » désincarné, ou bien un monde mythologique qui ne correspond à aucune réalité. Car la réalité historique est là, devant nous. Plonger dans le quotidien de saint Pierre, c’est se plonger dans le nord de la Galilée du premier siècle, dans une terre occupée, la terre sacrée d’Israël. Celui qui s’appelle alors Simon est un homme qui constate que la loi mosaïque ne suffit plus et qui est dans une recherche spirituelle et politique. Il est un pêcheur qui possède au moins un bateau, plutôt grand car il peut accueillir environ quinze personnes. Il travaille en association avec son frère André, mais aussi avec Jacques et Jean, les fils de Zébédée. En prenant tout cela en compte, on réalise que Jésus, qui vient leur annoncer qu’ils seront « pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 19), s’adresse à des gens simples, mais qui ne sont pas pauvres pour autant. L’iconographie chrétienne a eu tendance à représenter saint Pierre soit comme un pauvre pêcheur, soit comme une figure hiératique. Alors qu’il était simplement un homme robuste, composition nécessaire à ceux qui exerçaient un tel métier ! Pourquoi le Christ a-t-il choisi Pierre plutôt qu’un autre disciple ? Il faudrait demander au Christ lui-même ! Pierre a une place particulière dans les Évangiles, centrale même : il est l’apôtre qui est le plus cité. Pourquoi ? Tout simplement car il nous ressemble. Il est comme vous et moi : un homme de doute et de peur, animé par des élans de foi. Si le Christ a choisi cet homme pour être à la tête de l’Église, c’est à la fois pour ses qualités et pour ses défauts. Le choix d’un chef de guerre aurait peut-être été trop mythologique, d’une femme peut-être trop décalé et d’un grand-prêtre sans doute trop religieux. Saint Pierre résume à lui seul toute l’histoire de l’Église avec ses pages de gloire et ses pages obscures. Il est à la croisée de ce que nous sommes. Il n’est pas un super-héros… À l’image des papes, il est un homme comme nous, mais sa fonction est sacrée. À quoi ressemblait son pontificat ? Il faut d’abord rappeler que la forme des pontificats a évolué avec le temps et que le pontificat d’alors ne ressemble pas exactement aux pontificats contemporains. Saint Pierre a une place importante lors du concile de Jérusalem, dont il est l’une des colonnes, un des acteurs principaux. On peut imaginer qu’il a baptisé, enseigné, rompu le pain comme on le faisait dans les premières communautés chrétiennes après le repas. Saint Pierre a également dicté l’évangile de Marc, ce qui souligne qu’il y a chez lui l’idée qu’il est nécessaire de transmettre le message de l’Évangile. Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
—  Saint Pierre. Le mystère et l’évidence, Christophe Dickès, éd. Perrin, 379 pages, 24 €.

 

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