En 2004, Regnery, le grand-père des publications conservatrices aux USA lança une série intitulée Politically Incorrect Guide [« Guide Politiquement incorrect »], livres qui sont souvent drôles, parfois scandaleux et la plupart du temps savants. Ils ont surtout toujours été sujets à controverse, et pas seulement parce que les media libéraux ne les ont pas aimés. Quelques conservateurs ont fait la grimace devant ce qu’ils considèrent comme des libertés à l’égard des faits et des auteurs en dehors de leur domaine.
Bon, si on traite chaque livre seulement d’après ce qu’il mérite, lequel va échapper au feu ? Il y a toujours des villageois la torche à la main. Peut-être que cela n’aide non plus qu’on se réfère, et l’éditeur le premier, à la série en tant que PIG1. Il y a même un drôle de logo porcin, qui lance un clin d’œil complice au lecteur.
Effectivementt, certains livres de la série doivent être reçus cum grano salis, parce que l’humour est une clé caractéristique de la plupart d’entre eux – et surtout dans « Le Guide politiquement incorrect du catholicisme » de John Zmirak. Monsieur Zmirak est l’auteur d’une autre série chez un autre éditeur sous le titre général de « Guide du mauvais catholique », qui comprend des volumes consacrés au Bien vivre, aux Sept péchés mortels, au Catéchisme et aux Vin, Femmes et Chansons. Ainsi monsieur Zmirak sait sur quoi il plaisante ( pour tout dire : John a contribué à The Catholic Thing comme l’ont fait bien des gens qui ont présenté son livre).
Mais quand on en vient à l’Église de Rome, si vous ne pouvez pas rire, vous allez pleurer.
Maintenant il faut dire que Monsieur Zmirak possède un esprit acide. Du pape François il écrit que Sa Sainteté a utilisé sa chaire d’autorité…
« …pour déverser infatigablement son opinion personnelle dans des mises en garde générales, économie, immigration et une longue liste d’autres sujets sur lesquels il est moins bien informé que l’Américain moyen qui regarde les Fox News. »
D’accord. Mais c’est une question très sérieuse qui est soulevée ici comme la phrase qui suit immédiatement le souligne :
« Rien de cela n’a d’importance »
Ce sont des choses, quelle que soit la compétence du pape, qui ont en dehors de son autorité. Et puis avec plus d’acidité :
« Il n’a pas droit à plus d’égards sur ces sujets qu’un agent de la circulation qui vous arrête pour vous proposer ses services en gynécologie. »
Le chapitre 7 est intitulé « Le pape, les autres évêques : quand et pourquoi les catholiques doivent croire ce qu’ils disent – et quand et pourquoi nous ne n’avons pas à le faire. »
Tout évêque qui lit le livre fera bien d’avoir des sels à portée de main. Il m’arrive d’être d’accord avec beaucoup de ce qu’écrit John dans PIG catholicism, mais je dois dire que si on pense que ce pourrait être un bon livre à donner à quelqu’un qui s’intéresse à la foi, il y a probablement de meilleurs choix : pas nécessairement Catholicism for Dummies [« Catholicisme pour Pantins »] (bien que…bien que….) et pas nécessairement le Catéchisme mais à coup sûr le Catholicism de Mgr Barron.
PIG Catholicism est davantage pour ceux d’entre nous dans la foi qui désirent un rafraîchissement stimulant dans ce que nous croyons et pourquoi.
Et puis, si la personne qu’on espère évangéliser est cynique mais intelligente, Zmirak peut être le meilleur Virgile que vous pourriez conseiller. C’est parce que la plupart des gens qui regardent l’Église de l’extérieur commencent avec des objections à la va-vite sur la papauté, la transsubstantiation, le culte des saints, l’Immaculée Conception etc. et que Zmirak anticipe toujours ces objections et les explique et les réfute avec un charme désarmant.
Dans le chapitre 10 du livre, « l’Église est-elle contre la science ? », une section est intitulée « Galilée : le crétin qui se grandit lui-même ». Le grand savant italien, écrit Zmirak, avait un goût canin pour la publicité et ne se serait pas retrouvé en prison s’il n’avait pas, avant tout, traité le pape Urbain VIII d’idiot fini. Les catholiques, écrit-il, « n’ont pas bonne opinion des intellectuels emprisonnés pour s’être moqués des autorités ». C’est sûr. Mais ensuite suit une digression sur la persécution des catholiques dans l’Angleterre des Tudor, qui conclut que les martyrs britanniques « auraient volontiers accueilli la confortable assignation à domicile… subie par Galilée ».
Ce genre de choses est excusable surtout parce que le chapitre s’appuie beaucoup sur des citations de l’œuvre du grand savant et prêtre Stanley Jaki, OSS. Et Zmirak montre son érudition dans la section suivante (« Le Vatican va-t-il démarrer un Canal Météo infaillible ? ») en citant une conversation tirée du Brideshead revisited d’Evelyn Waugh, qui renvoie à Laudato Si (mal orthographié dans PIG Catholicism « Laudatio Si »), dans laquelle un prêtre demande à un converti s’il va pleuvoir le lendemain si le pape le dit :
– Oh, oui, mon père.
– Mais supposé qu’il ne pleuve pas, alors ?
– Bon… euh… je pense que ce serait, euh , une pluie spirituelle. Seulement…Nous sommes trop pécheurs pour la voir. »
Il devient clair, si on poursuit sa lecture, que PIG Catholicism est moins un outil d’évangélisation qu’une arme contre les absurdités du catholicisme libéral. C’est un manuel de combat pour des gens qui se battent contre les hérésies, doux et dur, en quoi il réussit admirablement.
Mais il n’ya pas toujours la guerre et pas de paix. Dans un auto-interview de Q&A2, l’auteur demande : « Alors, pourquoi choisir l’Église catholique ? » Sa réponse :
« Parce qu’elle a la vocation originelle d’être l’Église fondée par le Christ, en continuité avec Lui, un exposé intellectuel puissamment convainquant de ce que signifient les Évangiles et de ce qu’ils ne signifient pas et un compte rendu des croyances apostoliques fidèlement transmises – même si la culture environnante la trouve peu séduisante. Elle a aussi produit de loin le meilleur corpus d’art, de littérature, d’architecture et de musique. Je ne suis pas sûr que la beauté sauvera le monde, mais elle rend l’endroit bien plus vivable. »
Oui, c’est vrai, et même si le livre aurait pu être intitulé de meilleure façon
« Le guide politiquement incorrect du catholicisme post-Vatican II », il demeure un condensé, inestimable, qui explique pourquoi la barque de Pierre, tout en prenant l’eau, ne coulera jamais.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/12/catholic-and-correct-zmiraks-pig-catholicism/
