Bateaux fantômes en Méditerranée - France Catholique

Bateaux fantômes en Méditerranée

Bateaux fantômes en Méditerranée

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Comment ne pas être saisi par les récits de sauvetage des bateaux qui voguent à la dérive en Méditerranée ? Honneur à la Marine italienne, toujours à la manœuvre pour sauver ces malheureux ! Pourtant, si l’on examine la question de cette grande migration, qui, en ce moment, nous provient pour l’essentiel de Syrie, on est frappé par sa complexité. Tout le malheur est venu d’une effroyable guerre civile, dont on ne voit pas le terme, d’autant qu’elle génère des conséquences à l’origine imprévues, qui amplifient la catastrophe. C’est un exil considérable qui résulte des combats, avec un afflux de réfugiés qui se sont dirigés en priorité, vers la Turquie, le Liban et la Jordanie. Il est hallucinant de mesurer l’effort accompli par ces pays, car si la Turquie a les ressources d’une grande puissance, le Liban et la Jordanie sont de petits pays, submergés par des centaines de milliers de réfugiés.

Il faut aussi comprendre que l’action perverse de ceux qu’on appelle pudiquement des passeurs s’exerce à l’intérieur de cette masse en situation ultra précaire, pour arracher aux plus fortunés le prix d’une traversée, qui, au total, est exorbitant. Il semble bien que ce sont, en effet, les plus fortunés qui tentent l’aventure d’un possible transfert en Europe. Mais les malheureux ne sont pas conscients de l’incroyable cynisme de ceux qui les exploitent. Nous l’avons vu, ces derniers jours, avec un bateau empli de 900 réfugiés, un autre de 400, abandonnés en pleine mer sans carburant, l’équipage ayant disparu.

Pour les pays d’Europe, il n’est pas pensable de ne pas aller au secours de tous ces infortunés. L’aide humanitaire, a encore rappelé le pape François à Noël, est un impératif absolu. Mais au-delà du secours immédiat, il y a la qualité du réfugié à reconnaître, l’accueil à répartir, peut-être dans l’espoir d’un avenir meilleur. François n’évoque-t-il pas aussi la perspective d’un retour au pays, pour que les exilés y retrouvent leur dignité.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 6 janvier 2015.