Pascal Lamy, ex directeur de l’Organisation mondiale du Commerce, a déclaré être favorable à l’instauration de petits jobs qui soient payés plus bas que le SMIC ; l’intérêt de cette position est qu’elle provient d’un homme socialiste, mais formé et nourri par la pensée de Jacques Delors. Il est très important, aujourd’hui, alors que la désespérance sociale grandit, que les chrétiens s’emparent de ces questions difficiles et montent au créneau pour ouvrir un débat public. Ils détiennent, en effet, grâce à la doctrine sociale, tous les éléments qui permettent de réfléchir, en se dégageant de tout carcan idéologique, au bien-fondé d’une telle idée. Car dès cette déclaration connue, les commentaires à l’emporte -pièce, pour ne pas dire les injures ont été proférées : « faute », « ordure sociale »…
Or ce sujet mérite mieux que cela. Quel est le mieux, en effet, pour tous ceux qui se trouvent privés du droit à travailler ? Travailler un peu et ne pas gagner sa vie au sens propre du terme ? Ou continuer à rester sur le bord de la route dans une société, où l’on identifié d’abord par sa qualité de travailleur ? Pas simple de trancher si on prend également en compte le droit à une juste rémunération et le droit au travail. Le problème n’est pas nouveau car Léon XIII avait déjà mis, au cœur de son encyclique, la question du juste salaire. Depuis la réflexion chrétienne s’est considérablement enrichie ; il appartient donc aux chrétiens d’abord de ramener les esprits à la raison et d’ouvrir le débat. Ils en ont tous les moyens, il leur manque juste l’espace de la scène médiatique. Et ce n’est pas rien.
