Neuf ans après la visite triomphale de François Hollande à Tombouctou, libéré des djihadistes par les soldats français de l’opération Serval, l’Élysée a annoncé le 17 février le retrait par la petite porte du dispositif tricolore au Mali, présent depuis 2013 et poussé dehors par la junte qui s’est emparée du pouvoir en août 2020. « Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés », a expliqué Emmanuel Macron pour justifier sa décision. Les éléments de langage officiels, partagés par 25 pays européens et africains, affirment désormais que l’heure est à l’extension « de leur soutien aux pays voisins du golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest ».
Il n’empêche que le démantèlement des forces au Mali sonne comme un grave revers pour Paris. « Le soin mis à donner à cette annonce une dimension multilatérale – africaine et européenne – n’y change rien : la France se voit contrainte de quitter le Mali après avoir perdu cinquante-trois soldats, poussée par l’hostilité croissante de la junte au pouvoir à Bamako, prompte à exploiter les colères de la population confrontée à l’incurie des anciennes autorités élues et à une insécurité sans fin », souligne Le Monde dans son éditorial (17/02). Un « échec éclatant ». C’est le terme qu’emploie Vincent Hervouët dans sa chronique sur Europe 1 (17/02) pour qualifier le bilan de « la plus longue opération extérieure que la France ait menée depuis la guerre d’Algérie ». L’État des lieux est accablant, estime l’éditorialiste : « La menace djihadiste s’est étendue, déborde les frontières, inquiète du Sénégal à la Côte d’Ivoire […]. La guerre aura coûté 10 milliards d’euros et la vie de cinquante-trois soldats sans jamais démontrer que ces sacrifices aient protégé en quoi que ce soit la France du terrorisme. »Retrouvez l’intégralité de la revue de presse dans le magazine
