Avec Jésus « premier de cordée » - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

Avec Jésus « premier de cordée »

Copier le lien

Un silence saisissant embrasse la place Saint-Pierre pendant de longues secondes. L’un des trois diacres en dalmatique rouge qui cantilent l’Évangile de la Passion vient de proclamer la mort du Christ en croix. Des dizaines de milliers de croyants se recueillent autour du pape. C’est le dimanche de la Passion. Mais c’est aussi le dimanche des Rameaux dont la célébration s’est ouverte dans l’atmosphère joyeuse de l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Les palmes ondoient sur ce fond de ciel intense que Rome offre généreusement, et le vert bleuté de milliers de rameaux d’oliviers s’argente sous le soleil.

Et c’est aussi un anniversaire. Il y a vingt-cinq ans, le 31 mars 1985, Jean-Paul II lançait la première Journée mondiale de la jeunesse. Leur foule bariolée de quelque quatre cent mille jeunes avait envahi la via della Conciliazione jusqu’au Tibre. Qui s’était vu confier une grande palme dans la procession pour représenter son pays – le Liban – s’en souvient avec émotion.

Benoît XVI rappelle, à l’angélus, une génération plus tard, cette étonnante « première » et sa trajectoire inouïe : « Les Nations Unies avaient déclaré 1985 « Année de la Jeunesse ». Le vénérable Jean-Paul II a voulu saisir cette occasion et, en commémorant l’entrée du Christ à Jérusalem acclamé par ses jeunes disciples, il a lancé les Journées mondiales de la jeunesse ».
« Depuis lors, ajoute Benoît XVI, le Dimanche des Rameaux a acquis cette caractéristique qui, tous les deux ou trois ans, se manifeste aussi par de grands rassemblements mondiaux, traçant une sorte de pèlerinage des jeunes, à travers toute la planète, à la suite de Jésus. »

Benoît XVI lance aux jeunes le défi de témoigner du Christ avec force et douceur : « Il y a maintenant vingt-cinq ans, mon bien-aimé prédécesseur a invité les jeunes à professer leur foi dans le Christ qui « a pris sur lui la cause de l’homme ». Aujourd’hui, je renouvelle à la nouvelle génération cet appel à témoigner avec la force douce et lumineuse de la vérité, afin que les hommes et les femmes du troisième millénaire ne manquent pas du modèle le plus authentique : Jésus-Christ. »

En français, il les encourage à répondre à la voix du Christ qui les appelle : « N’ayez pas peur de répondre avec générosité, s’il vous invite à le suivre dans la vie sacerdotale ou dans la vie religieuse ». En 1985, Mgr Joseph Madec, alors évêque de Fréjus-Toulon, qui avait fait le voyage avec ses jeunes, disait à Sainte-Marie Majeure : « N’étouffez pas l’appel que vous commencez à entendre au fond de vous. Aidez-le à mûrir en vraie vocation ».

De nombreux jeunes ont entendu l’appel. Ils sont au­jourd’hui prêtres ou consacrés. Ou vivent leur mariage et leur travail à la suite du Christ. « De quoi les jeunes d’aujourd’hui ont-ils le plus besoin ? » demandait un micro place Saint-Pierre. « De Jésus-Christ » répondait un jeune Versaillais aujourd’hui avocat.

Héroïquement, le conseil pontifical des Laïcs les accueillait au Palazzo San Callisto, au cœur du Transtévère. De Paris, les cars avaient mis 22 heures. Les jeunes avaient ensuite installé, mal réveillés, leurs matelas en mousse et leurs sacs de couchage sur des étages entiers de couloirs, un à droite, un à gauche, laissant juste un passage au centre pour circuler. Mais entre catéchèses et célébrations, pendant trois jours, en fait, ils ont très peu dormi ! « C’est un pèlerinage, ce n’est pas du tourisme ! » s’était exclamé un organisateur.

Jean-Paul II avait choisi pour thème : « Le Christ notre Paix ». Le cardinal Roger Etchegaray exhortait les francophones de sa voix chaleureuse qui fait chanter les « e » muets : « Je ne peux pas être pacificateur si je ne suis pas moi-même pacifié. » Il présidait alors le conseil pontifical Justice et Paix.
Justement, aujourd’hui Benoît XVI parle de paix. La paix de Jérusalem. Et de la responsabilité des hommes : « Je suis profondément affligé par les récents heurts et pour les tensions qui ont eu lieu une nouvelle fois dans cette Ville qui est la patrie spirituelle des chrétiens, des juifs et des musulmans, prophétie et promesse de cette réconciliation universelle que Dieu désire pour toute la famille humaine. La paix est un don que Dieu confie à la responsabilité humaine, afin qu’elle la cultive par le dialogue et le respect des droits de tous, la réconciliation et le pardon. »
Il prie pour que « les responsables du sort de Jérusalem prennent avec courage le chemin de la paix et le suivent avec persévérance ! »
Dans son homélie, le Pape a évoqué son « pèlerinage » de « paix » en Terre Sainte, invitant chacun « à faire en ce lieu qui porte dans son nom le mot « paix » tout ce qui est possible pour qu’il devienne véritablement un lieu de paix ».

Telle est, dit-il, la vocation des chrétiens de Terre Sainte qu’il encourage « à rester dans le pays de leurs origines et à s’y engager intensément en faveur de la paix ».
Les journaux télévisés ont retenu que Benoît XVI avait conduit la procession en papamobile : pour la première fois, tous pouvaient l’apercevoir ! Mais Benoît XVI a proposé dans son homélie une autre image : celle de la « cordée ».

Mille mètres de dénivelé, de Jéricho à Jérusalem : une montée qui épouse le mouvement intérieur de la vie du chrétien, loin des chemins « commodes », ou pire, « bas » et vulgaires », chemins de « mensonge » ou de « malhonnêteté ».

Jésus « monte », entraînant qui a le courage de ne pas s’en laisser conter par les « opinions dominantes », accepte la « patience », se rend « disponible » au frère souffrant, avec une « bonté » invincible : Jésus « conduit à l’amour, il conduit à Dieu ». Il faut certes des « renoncements » et des « efforts » – comme cette ascétique audace des JMJistes de l’An de grâce 1985 – mais c’est pour goûter la « joie » des « grands résultats ».
La cordée dit aussi la communion, « l’humilité », souligne le Pape, « d’être-avec », c’est l’Église en marche vers le Père, en « communion » avec le Christ « qui est monté à la hauteur de Dieu par la croix ». La croix des JMJ ne cesse de le rappeler. Car suivre le Christ c’est « faire la volonté du Père ». Et lorsqu’elle se réalise ici-bas, la volonté du Père c’est déjà le ciel sur la terre : « La terre n’est pas le ciel tant que l’on n’y réalise pas la volonté de Dieu. » Chaque pas est balisé par les Dix commandements, qui assurent la marche de la cordée, autrement dit, « les règles fondamentales du vrai amour », amour « de Dieu » et amour « du prochain », et « tout ce qui en fait partie ».

Benoît XVI appelle chacun à intégrer la cordée qui conduit à ce « ciel » de « la gloire de Dieu » et de «la « paix des hommes ». Avec Jésus, premier de cordée.