Au temps des politiques exceptionnels - France Catholique
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Au temps des politiques exceptionnels

Les mémoires de Pompidou

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Il y a 40 ans, le 2 avril 1974, disparaissait Georges Pompidou emporté par un cancer. A l’initiative de son fils Alain, il y a deux ans, sa correspondance et ses notes réunies de 1928 à sa mort, étaient publiées. Ce livre passionnant vient de paraître en poche : passionnant car les lettres écrites par Georges Pompidou à son ami de jeunesse , Robert Pujol, d’une part révèle la personnalité de ce jeune Rastignac, qui eut très tôt la conscience de son intelligence exceptionnelle et de son ambition et d’autre part raconte de l’ intérieur tout un pan de l’ histoire de France et notamment de celle du Gaullisme.

Il dessine aussi un portrait intéressant car dénué de courtisanerie du Général.

Pompidou n’ était pas un politique et encore moins un politicien: il est l’archétype précurseur d’un homme issu de la société civile qui a su saisir sa chance pour mettre ses compétences au service de son pays incarné, pour lui, par de Gaulle. A ce dernier, les intuitions, les envolées et à Pompidou la mise en œuvre d’une politique qui a rendu la France plus riche dans tous les sens du terme et l’a fait accéder à la modernité.

Pompidou est entré en politique par obéissance et presque à contre cœur tant il savait que cette vie n’était pas celle que voulait son épouse tendrement aimée. On découvre aussi un couple exceptionnel qui partage les mêmes intérêts intellectuels et artistiques, des amitiés fortes, un même sens de la famille et une fidélité sans faille ; un couple qui se suffit à lui-même tout en étant ouvert au monde et aux autres. Les années récentes ont montré qu’il n’existe peu pu plus de ménage qui soit capable de résister à la vie politique. On découvre sa passion pour la littérature, la peinture, le cinéma, toutes choses qu’il sacrifia à contrecœur à la tâche harassante qu’il avait choisie, en accédant à la présidence.
Mais si ses choix répondaient à une ambition, ils ont été aussi faits dans un réel esprit de service.

On lit avec bonheur les portraits parfois cruels, toujours lucides de ses contemporains politiques ou autres ; des croquis qui déboulonnent au passage quelques icônes : un Badinter venu demander la grâce de Bontemps, qu’il décrit «  intelligent, mondain, lèvres méchantes », mais dénué de l’humanisme dont on le drape aujourd’hui. Il concède au contraire à Mitterrand sa capacité à occuper les grands postes, ce dont il est écarté depuis 1958, et en même temps perçoit la profondeur machiavélique de l’ homme.

Le plus intéressant demeure évidement le portrait dessiné au fil des pages de De Gaulle, dont se devine l’immense intelligence, le sens du devoir mais aussi l’orgueil, la dureté et le mépris des autres. Georges Pompidou n’était pas sans doute un religieux, mais il s’interrogeait sur Dieu la destinée humaine et dialoguait volontiers avec les religieux. Quel aurait été le destin de la France s’il n était pas mort si rapidement ? Nul ne le sait mais avec ce livre, on mesure d’ autant plus la médiocrité de la classe politique actuelle, dépourvue de vision, de religion et d’interrogations, qui ne cherche qu’à se protéger, d’élections en élections pour conserver ses privilèges et un pouvoir devenu illusoire.