Notre république laïque s’obstine à ne considérer les religions que du point de vue de leur aspect extérieur, sans chercher à comprendre le contenu de la foi des croyants. Or comment comprendre ce que vivent les personnes sans entrer dans l’intelligence de leur croyance ? Et l’irruption de plus en plus fréquente de la religion dans l’actualité n’a rien changé à ce comportement. C’est ainsi que de nombreuses personnes persistent à ne pas accepter que des catholiques s’engagent en politique, sans ne plus, alors que cela a été longtemps le cas, mettre leur foi sous le boisseau.
Les autres religions ne sont pas non plus exemptes de ce traitement. C’est pourquoi le livre de Charles Enderlin – correspondant de France 2 à Jérusalem depuis 1981 – Au nom du Temple, est à lire par ceux qui veulent aujourd’hui comprendre la vraie nature du conflit Israélo-palestinien.
Ce gros livre, qui se lit comme un roman, reprend toute l’histoire du tout jeune Etat d’Israël, et démontre comment le fondamentalisme religieux, a pris son essor en juin 1967 avec la conquête de Jérusalem Est, et du Haram Al-Scharif, 3e lieu saint de l’Islam pour imprégner peu à peu la société israélienne. Or impossible de décrypter ce qui motive ces intégristes, sans plonger dans la Bible et ses interprétations religieuses. On y apprend aussi au passage l’importance pour les musulmans de l’Esplanade des Mosquées et les raisons de ce combat à mort, émaillé des assassinats de Sadate et Rabin. L’analyse est pessimiste mais son intérêt va pour une fois au-delà du politique.
Charles Enderlin, Au nom du Temple, Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif. Le Seuil
